Kronos Quartet : Dans l'air du temps
Musique

Kronos Quartet : Dans l’air du temps

Il y a plus de 45 ans qu’a été fondé le célèbre quatuor à cordes et ça fait trop longtemps qu’il est passé par chez nous. Incontournable.

Je rejoins le violoniste David Harrington chez lui, à San Francisco, quelques jours après que le Kronos Quartet ait remporté le Grammy pour la Meilleure performance – musique de chambre, grâce à l’album Landfall, réalisé en collaboration avec Laurie Anderson. Le directeur artistique du Kronos est évidemment très heureux de ce prix. «Ça faisait plus de 25 ans que je demandais à Laurie de faire quelque chose pour nous! Elle venait à nos concerts avec Lou [Reed] lorsque nous étions basés à New York et nous en parlions. Finalement, le projet s’est développé autour de séances d’improvisation sur une période de plusieurs mois. Bref, ça a été un long processus et c’est très bien que le projet reçoive cette reconnaissance parce que c’est un bel exemple du travail que le Kronos fait avec les compositeurs».

Depuis sa fondation en 1973, c’est plus de 1000 pièces qui ont été composées pour le Kronos Quartet, et l’éclectisme de Landfall, qui mêle le quatuor à cordes à l’électronique et au spoken word d’Anderson, n’a d’égal que celui de l’extraordinaire catalogue qu’a assemblé la formation. Leurs programmes mêlant le rock à la musique contemporaine ont souvent fait grincer des dents les critiques conservateurs. Harrington s’amuse: «Oh, vous savez, on a vécu assez longtemps pour laisser ces gens-là loin derrière! Mais on dirait que notre public est toujours de plus en plus jeune! Avec notre projet Fifty for the Future, dans lequel nous commandons des pièces destinées à de jeunes musiciens, nous avons pu en voir qui jouaient du Nicole Lizée ou du Tanya Tagaq!»

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Les pièces de ces compositrices canadiennes sont justement au programme du concert auquel nous assisterons à Montréal. Le menu sera copieux, et on y trouvera aussi le jazz de John Coltrane ou de Charles Mingus, les triturations technoïdes de Jlin ou le rock de Pete Townshend. «Il ne faut pas oublier N. Rajam! Je ne sais pas comment j’ai pu ne pas la connaître durant tant d’années… Je ne l’ai découverte qu’il y a cinq ans. Quelle extraordinaire violoniste! Personne ne joue comme elle. J’ai appris qu’elle a étudié surtout auprès de chanteurs, alors je crois bien que je vais m’y mettre aussi!»

C’est peut-être cette grande diversité qui est le secret de la longévité du Kronos Quartet, et aussi celui de son succès. David Harrington explique: «En fait, je suis mes oreilles là où elles me conduisent. Quand j’ai entendu Jimi Hendrix jouer The Star Spangled Banner à Woodstock, j’ai été renversé par la puissance de cet hymne antimilitariste et je me suis dit: «un jour, nous jouerons cela!» C’est la même émotion que je cherche à retrouver chaque fois. Peut-être que nous continuons tout simplement parce que c’est amusant! Je me prépare à me rendre à une répétition dans quelques minutes, et j’ai hâte!»

Après plus de 20 ans sans les avoir vus par ici, nous aussi, on a hâte!

Kronos Quartet en concert
Le 16 mars à la Maison Symphonique