FIMAV : De drôles de sons dans le voisinage
Musique

FIMAV : De drôles de sons dans le voisinage

Le FIMAV en est à sa 35e édition et il présente pour la 10e fois un parcours d’installations sonores dans l’espace public. Quand l’art sort des cadres.

Je rencontre Érick d’Orion dans «son bureau», au chic Cheval blanc, pour parler de son travail de commissaire des installations sonores au Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV). Celui qui se définit comme un «artiste interdisciplinaire du son» participait à la toute première édition du parcours organisé par le festival il y a 10 ans. «En fait, en 2010, je participais au festival dans un concert en trio [BOLD, avec Alexis Bellavance et Nicolas Bernier] et j’avais aussi été invité à présenter une installation.» Son œuvre s’intitulait Solo de musique concrète pour 6 pianos sans pianiste. «Après le festival, poursuit d’Orion, Michel Levasseur m’a contacté pour me proposer de prendre en charge ce volet du FIMAV, lui-même étant déjà assez occupé avec la programmation des concerts. J’ai accepté avec plaisir et la deuxième année, il y avait cinq installations, puis sept, et ça continue.»

Une soixantaine d’installations plus tard, le parcours est devenu un événement annuel attendu des gens de Victo. «Ça a carrément été pensé pour que les gens du coin, qui ne fréquentent pas forcément les concerts, soient tout de même partie prenante du festival et puissent vivre à son rythme.» Durant la semaine du festival, il y a une quarantaine de groupes scolaires qui font le parcours et découvrent de nouvelles manières de faire de l’art avec des sons; l’air de rien, ça développe les oreilles, et ce qu’il y a entre elles. «Le parcours débute quelques jours avant le festival, précise d’Orion, et l’année passée, c’est 12 000 visites qui ont été comptabilisées.»

Cette année, pour marquer la 10e édition, cinq des œuvres sont présentées en création, les deux autres ayant été créées en Europe par le couple d’artistes français Scenocosme. «Ces deux-là sont très actifs dans le domaine et je suis heureux que l’on ait pu les faire venir pour présenter deux œuvres interactives», explique d’Orion. Les autres participants sont Xavier Ménard et Camille St-Amand, un compositeur et une designer industrielle qui présentent Telharmonium 2.0 ; l’artiste multidisciplinaire Émilie Payeur, qui installe sa création dans une tente-roulotte; l’ineffable Orchestre d’hommes-orchestres, avec un vieux camion de laitier transformé; Ludovic Boney, un spécialiste des œuvres d’art public, présentera une fontaine monumentale (et, nous dit-on, très sonore); enfin, Georges Azzaria, un autre inventeur très original, et qui était relativement disparu de nos radars ces dernières années, présentera une «nouvelle lutherie loufoque mécanisée» (dixit d’Orion).

Victoriaville est l’un des seuls endroits au Canada, sinon le seul, où il est possible de vivre l’expérience d’un parcours d’installations sonores dans l’espace public, et la ville reste aussi, bien sûr, le berceau d’un festival de musique actuelle qui mérite amplement son qualificatif d’international par sa programmation, mais qui fait aussi parler de lui partout où s’inventent les musiques d’aujourd’hui. «L’aménagement du parcours demande pas mal de travail à l’équipe du festival, précise d’Orion, en personnel ou en budget, et ça montre bien la volonté du FIMAV de tracer un portrait fidèle de la création actuelle.» Si on ajoute le volet cinéma, dont le commissaire est le cinéaste Karl Lemieux, on peut dire que le FIMAV est bel et bien pendant une semaine le centre du monde de la création musicale.

35e édition du FIMAV
Du 16 au 19 mai
fimav.qc.ca
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À surveiller au FIMAV

Bang on a Can All-Stars
Avec entre autres la pianiste Vicky Chow et le guitariste Mark Stewart, l’ensemble new-yorkais présentera des œuvres de Christian Marclay, Caroline Shaw, Steve Reich, Nicole Lizée, René Lussier, etc. (16 mai, 22h)

Political Ritual
Le premier passage au FIMAV du duo montréalais que forment les bidouilleurs a/v Maxime Corbeil-Perron et Félix-Antoine Morin. (16 mai, minuit)

Moor Mother/Roscoe Mitchell
La poésie bruitiste de l’artiste interdisciplinaire de Philadelphie Camae Ayewa s’allie au saxophone en liberté du vénérable cofondateur du Art Ensemble of Chicago. Ça va chauffer! (18 mai, 20h)

Senyawa/Keiji Haino + The Ex @ 40
Une finale explosive avec un programme double présentant le rock tribal sur instrument inventé du duo indonésien Senyawa mêlé au noise du Japonais Keiji Haino et suivi d’une prestation des vieux punks hollandais de The Ex, encore capables de casser la baraque! (19 mai, 22h)