Fouki : Être productif, peu importe
Roi incontesté du Plato Hess (Plateau Est), FouKi ne semble pas vouloir s’arrêter. Seulement un an après Zay, premier album officiel qui lui a valu les vivats de l’industrie et du public, voilà que le rappeur de 22 ans arrive en plus grande forme que jamais et largue un album de 18 chansons. À la veille de la sortie de ZayZay, on lui a lâché un petit coup de fil pour discuter du nouvel album et faire un retour sur son année chargée qui l’a amené à se trimbaler un peu partout.
Après tout le succès critique et commercial de Zay et de ton EP La Zayté, est-ce que tu as ressenti de la pression supplémentaire pour créer ce nouvel album?
Non, en fait, on a juste trop créé alors j’avais besoin de sortir de quoi!
ZayZay comporte 18 chansons. Décidément, tu produis à un rythme effréné. Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir sortir un album aussi étoffé? Tu aurais pu réserver certaines pièces pour un autre album!
Pour vrai, il y en a tellement qui ont pas passé! On a fait peut-être 30 à 40 maquettes en tout. C’est pas tout qui passe, mais on était vraiment down pour les 18 chansons. On est allés de l’avant pour un gros projet.
Tu avais admis à mon collègue Olivier Boisvert-Magnen que QuietMike et toi auriez voulu avoir plus de temps pour composer Zay, mais que 7ième Ciel voulait que ça sorte avant le début de l’été 2018. Pour ZayZay, est-ce que tu sens que tu as eu tout le temps nécessaire pour livre un projet complet et peaufiné?
Ah oui, à fond! C’est ça qui était cool. On a tellement eu de temps. On a eu le temps de travailler tout ce qu’on voulait. Pour vrai, c’est vraiment entre les shows qu’on a créé, vu qu’on est souvent sur la route. QuietMike fait des beats dans le char, ensuite j’écris des trucs à partir de ça. C’est assez spontané. Quand on fait des spectacles, on est vraiment inspirés et on fait de la musique un peu partout. Pour Tjrs Raison, on a enregistré le refrain dans une chambre d’hôtel à Québec. Après ça, on a pris deux mois off pour finaliser l’album […] dans ma cave, que j’ai transformée en petit studio.
Tu es parti en tournée en Europe au mois d’octobre pour donner quelques spectacles, notamment en première partie d’Alaclair Ensemble. Est-ce que cette visite a teinté la production du nouvel album?
Pas nécessairement plus que ça. Il y a des prods, des verses et des hooks qu’on a faits en Europe. Mais je ne voulais pas faire un album pour les Européens. C’était vraiment pas ça le but.
As-tu constaté une différence entre le Québec et l’Europe dans la réception de ta musique?
C’est sûr qu’au Québec, les gens connaissent plus les paroles et sont plus dedans, mais en France, j’ai eu des belles foules et les gens ont bien réagi, tout dépendamment des spectacles.
À l’instar de Zay, ZayZay est très lumineux dans sa sonorité. Comment QuietMike et toi avez approché ces nouvelles chansons en studio?
Il y a quelques productions que Michel faisait chez lui et il m’envoyait ça par la suite. Des fois, c’est moi qui écris un beat, Mike repasse dessus et fait ses trucs. Sinon, on est allés chez RuffSound pour faire des ajouts sur trois chansons. Au final, il y a seulement une chanson où QuietMike n’est pas et c’est Papillon. C’est Ruffsound et Kevin Figs qui l’ont produite.
J’ai l’impression que tu montres encore une fois toute l’étendue de ton talent sur cet album-là. Tu es vraiment capable de t’adapter à tous les styles: trap, pop, reggae, dancehall… Selon toi, ta polyvalence est-elle responsable de ton succès?
Legit, oui! C’est ça que j’aime faire. J’aime pas faire tout le temps le même beat. J’aime varier et toucher à plusieurs styles. Je pense que c’est important de faire ça. De cette façon, l’album est le fun à écouter de A à Z.
D’un point de vue personnel, comment as-tu vécu ta transition au cours de la dernière année de rappeur plus ou moins connu de la scène locale à l’un des visages les plus populaires du rap québ?
Ça a pas tant changé. Ça va faire «beau parler», mais l’important c’est de rester vrai au final, de pas s’enfler la tête et de pas se prendre pour un autre. Je suis encore le même qu’avant… c’est juste qu’on a plus de fun à faire des gros spectacles, plus de moyens pour faire des beaux vidéoclips. C’est vraiment cool.
Il y a ce sample vraiment étrange d’un monsieur fâché qui revient régulièrement sur le titre Woosh avec Koriass. Qui est-ce?
C’est dans le film Les Boys! C’est Méo, lui qui fume tout le temps, quand il dit: «C’est chien, c’est chien!»
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Parle-moi un peu de la chanson S.P. A.L.A avec Vendou. Pourquoi cet hymne au spaghetti et au pain à l’ail?
À un moment donné, quand on était en tournée, on a vu un Normandin et on a badtrippé. On arrêtait pas de crier «Spaghetti, pain à l’ail! Spaghetti, pain à l’ail!». Finalement, le restaurant était fermé, donc on a pas pu manger du spaghetti et du pain à l’ail… Quelque temps plus part, je chillais chez Vendou et on faisait des beats. J’ai juste eu l’idée de chanter «Spaghetti, pain à l’ail!» et on est partis sur un délire. On a vraiment eu du fun à créer cette chanson-là.
A priori, la chanson Papillon semble très joyeuse et positive en raison de son rythme pop. Pourtant, tu y parles de trucs très personnels, dont tes difficultés à l’école et ton ascension comme rappeur. Est-ce que tu trouves ça important de montrer un côté plus introspectif dans tes textes?
Je pense que l’important c’est de faire de la bonne musique, peu importe. C’est sûr que lorsque tu fais des trucs introspectifs, les gens ont tendance à se reconnaître dans ta musique. J’aime faire des niaiseries comme Tjrs Raison ou S.A.L.A. Je trouve que c’est bien de toucher à des trucs drôles, comme aux trucs introspectifs. Les gens peuvent relate à tout ça, je crois.
LaF a sorti un EP en août dernier et L’Amalgame vient tout juste de sortir Aux frontières du concret. Je me demandais: où en êtes-vous rendus avec La Fourmilière, ce collectif que tu formes avec les membres de LaF et de L’Amalgame?
On a beaucoup de chansons enregistrées, mais on a rien de vraiment mixé. Éventuellement, on aimerait sortir un album. C’est dans les plans. On veut continuer à faire du beat. Ça serait le fun de sortir un album de La Fourmilière. Ce qui est bien, c’est que tout le monde dans le groupe est vraiment actif.
Maintenant que l’album est lancé et que tu as mis un pied en Europe, quelles sont tes visées pour la prochaine année?
Pour vrai, c’est go with the flow. Si je veux faire des chansons, je vais en faire. On a quelques spectacles qui s’en viennent et on doit se concentrer là-dessus. On va voir, je me mets pas de pression. Le prochain album va venir quand il va venir. Je suis vraiment pas stressé avec ça.
ZayZay
(Disques 7ième ciel)
Sortie le 3 mai
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En concert :
Le 11 mai
Au Club Soda (Montréal)
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Le 17 mai
À l’Impérial Bell (Québec)
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