Mac DeMarco : Le cowboy tranquille
Musique

Mac DeMarco : Le cowboy tranquille

Sur Here Comes the Cowboy, Mac DeMarco semble assumer et réaffirmer la nouvelle direction entamée avec son offre précédente This Old Dog. Résolument plus zen et minimaliste dans son approche de la composition et des arrangements, l’Angelin d’adoption nous explique comment il a raffiné son processus créatif dans les deux dernières années.

Bien campé dans son garage de Los Angeles, renommé «Jizz Jazz Studios» depuis qu’il y a emménagé, Mac DeMarco poursuit une démarche artistique amorcée il y a quelques années déjà. Composant, jouant et mixant tout le matériel ou presque sur Here Comes the Cowboy, le musicien, déjà reconnu pour son œuvre très champ gauche, donne l’impression de s’être libéré encore plus des requêtes et attentes extérieures: il en fait plus que jamais à sa tête, et force est d’admettre qu’il sait où il s’en va.

Coupant dans le gras de l’instrumentation, DeMarco révèle au monde une facette beaucoup plus minimaliste: «À mesure que je vais plus loin dans ce que je veux faire, on dirait que tout naturellement, je me mets à utiliser de moins en moins d’instruments. Quand j’étais plus jeune, je sentais toujours le besoin d’ajouter plus d’équipement pour réaliser ce que j’avais en tête, mais je pense qu’avec le temps qui passe, je me mets inconsciemment à faire dans la simplicité.» Si les arrangements sont plus simples, les paroles demeurent parfois éclatées et un peu difficiles à déchiffrer. C’est que DeMarco ne puise pas son inspiration, comme nombre d’auteurs-compositeurs-interprètes, dans des moments marquants de sa vie ou des petits moments du quotidien. «Quand je compose un album, je suis un peu reclus, je vis seul, je traîne à gauche ou à droite… il n’y a pas nécessairement de fil conducteur. Sur ce disque, il y a des paroles vraiment bizarres. J’aurais bien de la difficulté à dire d’où elles me viennent. C’est un peu ce qui me flotte dans la tête au moment où j’ai un crayon et une feuille de papier devant moi.»

Cette méthode qui peut s’apparenter à une écriture automatique, presque écervelée, est influencée par l’environnement de l’artiste. Passé du très cool Brooklyn à l’également prisée Los Angeles dans les dernières années, DeMarco cite leurs vibes différentes comme moteur de changement dans son univers musical. «Vivre à New York, c’était vraiment agréable, mais j’ai l’impression qu’ici, avec tout l’espace qu’on a, l’ambiance est très différente. Tout le monde a son local de jam, on est moins tassés. Je crois que ça donne un côté étrangement plus collaboratif, parce que tu peux te pointer dans différents endroits et jammer de nouvelles idées avec de nouvelles personnes. Ça a assurément teinté la manière dont je compose, parce qu’à New York, je n’avais pas ça. Peut-être que c’est juste parce que je ne connaissais pas le bon monde, mais c’est très rafraîchissant d’avoir accès à ça désormais!»

En plein contrôle

Sur le plan du son de l’album lui-même, le multi-instrumentiste a pris une solide coche derrière la console. Bien qu’il ait également enregistré et mixé This Old Dog, c’est vraiment sur ce nouvel opus que Mac DeMarco prend son aise du côté technique. Il a accumulé quelques belles machines à tape et autres préamplis de qualité depuis le déménagement de son studio, mais c’est surtout en assurance qu’il a gagné. «L’expérience, c’est vraiment la clé selon moi. C’est après avoir utilisé mes machines à fond pendant deux ans que je peux maintenant me permettre d’essayer différentes techniques de prise de son et de mixage. Pas besoin d’en mettre trop, une erreur qu’on fait souvent quand on commence… Je me suis calmé et j’ai plus le contrôle sur mon équipement.» Enregistrant à bas volume, très près des sources sonores, DeMarco est parvenu à donner des places extrêmement précises aux différents instruments dans sa balance sonore, particulièrement les guitares et les caisses claires, cristallines au possible.

Première offre lancée sur sa propre étiquette, nommée avec justesse «Mac’s Record Label», Here Comes the Cowboy solidifie la nouvelle position encore plus indépendante de Mac DeMarco. Bien que l’idée derrière ce nouveau label était d’être complètement maître de tous les aspects de sa carrière, il n’écarte pas l’idée d’y signer de nouveaux projets: «Je n’ai pas quitté mon ancien label pour des raisons négatives, et on est toujours en super bons termes. J’avais juste envie de tout faire moi-même, à 100%. C’est l’extension “business” de l’idée de tout enregistrer et mixer de mon côté. Maintenant, j’ai le plein contrôle, alors je peux me permettre encore plus de conneries! […] Pour l’instant, ce sera juste pour mes projets personnels, mais on verra où ça ira. C’est un nouveau truc qu’on essaie, je n’ai pas vraiment de vision finale pour le label. Je ne ferme pas trop de portes en général dans ce que j’entreprends, alors je vais sûrement être moi-même surpris d’où je serai rendu avec ça dans quelques années!»