Trail of Dead à Distorsion : Et tu te souviendras du nom de ce groupe
And You Will Know Us By The Trail Of Dead s’invite au festival psychédélique Distorsion pour célébrer les 20 ans de l’album Madonna.
Du 8 au 11 mai, le Distorsion Psych Fest investira à nouveau la grande salle de l’église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End pour une 4e édition lysergique, toujours à un prix fort sympathique. Les doux dingues ne sont pas toujours les plus riches et, ça, les membres de l’équipe de Distorsion ne le savent que trop.
Entre le vernissage de l’expo éphémère d’arts visuels et numériques psychédéliques Chromaesthesia en début de festival et le fameux marché psychédélique printanier, on pourra se plonger dans les univers déstabilisants, tordus, cinglés, colorés et bruyants des nombreux groupes, DJ et VJ à l’affiche. La programmation éclectique du petit événement montréalais propose un large éventail de sons et d’images, capable de plaire à toute une panoplie de tripeux et de curieux à l’esprit ouvert. Des quelques 25 artistes à l’affiche, on retiendra entre autres la pop psyché et exotique d’Elephant Stone, le prog déjanté d’Atsuko Chiba, les drag-punks d’Atlanta Material Girls, un rare concert de Suuns à Montréal ainsi que les retours des Breastfeeders et du groupe au nom le plus improbable, And You Will Know Us By The Trail of Dead (Trail of Dead pour les amis), qui vient souligner les 20 ans de son album Madonna.
Divine Madonne du bruit
Paru en octobre 1999, cinq ans après les débuts du groupe, Madonna est le deuxième disque de la formation texane menée par Jason Reece et Conrad Keely, et sans doute le plus populaire de Trail of Dead avec Source Tags & Codes (l’album suivant, paru en 2002). «C’est clairement celui qui nous a fait connaître à travers le monde et nous a permis de tourner pas mal partout, souligne Jason Reece, rejoint chez lui à Austin. «Avec le recul, je pense que cet album reflète bien ce que nous étions à l’époque et comment on se débrouillait avec nos instruments. Il est aussi un peu à l’image de ce qui nous alimentait musicalement, de Sonic Youth à Unwound en passant par Genesis, Pink Floyd, Fugazi, les Who et tant d’autres. Nous ne voulions surtout pas être trop faciles à catégoriser ou trop proches de nos influences. Nous avions une vision plus avant-gardiste que la plupart des groupes post-punk et grunge de l’époque», précise ce natif de Californie qui a joué dans de nombreux groupes punk avant de former les Trail of Dead. «Bien que nous sommes aujourd’hui plus matures et beaucoup plus à l’aise avec nos instruments et dans notre façon de composer, je n’ai tout de même pas honte de ce disque. Je ne me suis jamais dit «mais comment ai-je pu composer un truc pareil?!» en me replongeant dans Madonna. Si cela avait été le cas, je ne crois pas que nous nous serions lancés dans cette tournée anniversaire. Ce que je chantais à l’époque, je suis toujours aussi à l’aise de le chanter aujourd’hui, et Conrad pourrait affirmer la même chose. Si je le compare avec ce qu’on a fait après, je dirais que Madonna est possiblement plus brut et plus spontané que nos autres efforts. Je pense que ce disque a très bien passé le test du temps, ça nous ramène à une belle période de nos vies».
Chaise électrique musicale
Madonna, le groupe l’assume toujours, 20 ans plus tard. Par contre, avant cette tournée anniversaire, il n’avait jamais joué le disque dans son intégralité, du début à la fin. Il y a même certains morceaux que Trail of Dead n’avait carrément jamais interprété sur scène. «On n’avait jamais fait en concert deux ou trois morceaux de l’album, je pense, surtout la dernière, Sigh Your Children. Je trouve ça stimulant de redécouvrir des morceaux comme ça après toutes ces années», fait remarquer Jason Reece. «C’est un peu étrange de jouer l’album du début à la fin, ce n’est pas nécessairement la progression idéale pour un show mais l’exercice est plutôt stimulant et nous sort du format d’un concert typique. La seule différence notable, c’est que nous ne jouons pas ces chansons exactement comme nous les jouions à l’époque. Nous sommes plus fluides et nous aimons aussi improviser un peu autour des morceaux», insiste le batteur, guitariste et chanteur, fonctions qu’il partage avec son complice Conrad Keely car, sur scène, les Trail of Dead sont connus pour passer constamment d’un instrument à l’autre. «Nous ne nous posons pas trop la question à savoir qui sera à la batterie ou à la guitare pour telle ou telle chanson. En général, nous chantons les chansons que nous composons», détaille Reece. «Je me vois mal chanter à la batterie. Je ne sais pas, je n’ai jamais compris pourquoi on ferait ça alors que c’est beaucoup mieux debout derrière un micro. Tu me diras que plusieurs le font ou l’ont déjà fait, comme Phil Collins», lance le multi-instrumentiste, sourire en coin. «Quand j’ai commencé à jouer de la musique dans des groupes punk, c’était à la batterie, puis comme je composais pas mal de morceaux, je me suis dit que je gagnerais à les chanter au-devant de la scène et non caché derrière mes fûts. C’est là que j’ai commencé à apprendre à jouer de la guitare. C’est aussi plus simple pour composer. Au final, je ne me considère ni batteur ni guitariste, mais un peu de tout ça. Ceci dit, on songe à revenir à deux batteurs pour notre prochain album. Je trouve que c’est beaucoup plus puissant comme son».
Donc en attendant le dixième album du groupe, prévu à priori pour 2020, c’est à un véritable flashback que les Trail of Dead nous convient, un retour sonique fulgurant, avec une puissance de feu décuplée, sans une once de nostalgie… et avec quelques morceaux supplémentaires, si on leur en donne le temps.