Milk & Bone : plonger vers le succès
Avec DIVE, le duo électropop nous dévoile un maxi vaporeux qui nous replonge tout droit aux confins des années 1980 à coups de synthétiseurs analogiques et de beats retrowave. On est allé les rencontrer au cocktail-bar Idole jeudi dernier, tout juste avant leur soirée de lancement sous le thème fruité du nouvel EP.
DIVE, c’est un peu comme le dernier enfant d’une grande famille: il n’était pas prévu, mais on est tout de même très heureux de l’avoir mis au monde. Après une année 2018 effrénée où KROY (Camille Poliquin) et LÉLÉ (Laurence Lafond-Beaulne) ont lancé Deception Bay avant de partir en tournée, elles étaient loin de se douter qu’elles partageraient du nouveau contenu aussi rapidement.
«Rien de ça était prévu. C’est arrivé tout seul et ça s’est imposé naturellement donc on s’est dit “alright, let’s do it”!», nous avoue d’emblée Laurence.
Avec les deux premiers simples du EP, le duo montréalais a voulu nous lancer sur une piste empreinte de nostalgie et de naïveté, avant de nous surprendre avec Vision. Colour. et Blue Dream. Beaucoup plus sombres, mais toujours avec cette touche d’espoir, ces deux derniers extraits se retrouvent à mi-chemin entre l’introspection et la légèreté.
«Ride or Die et Peaches, c’est comme les tounes-thème du EP, les deux chansons qui disent “voici notre EP summer, love, nostalgique”. Mais les deux autres viennent complexifier un peu les choses», ajoute Camille.
Ce qui fut loin d’être complexe cependant, c’est la collaboration fructueuse entre Milk & Bone et le producer belge Alex Lustig, qui a déjà travaillé avec Machine Gun Kelly, Young Thug et Hoodie Allen pour ne nommer que ceux-là. Le trio a passé un peu de temps ensemble à Paris l’an dernier et s’est rapidement lié d’amitié.
«Il est tellement fin que c’est devenu un ami, nous confie Camille. Il était à Montréal pendant 10 jours et il a proposé qu’on aille en studio voir ce qu’on pouvait faire ensemble. On se disait: «à la limite, c’est de la marde pis on fait juste hang out». On devait travailler trois jours. Finalement, on en a fait cinq.»
De ces journées en studio ont émergé pas moins de huit chansons, malgré le fait que seulement quatre d’entre elles se retrouvent finalement sur DIVE. Pourquoi ne pas dévoiler tout ce nouveau matériel, donc?
«Parce que, justement, ce qui était super le fun là-dedans c’est que personne nous attendait avec ça. On s’est demandé quelles chansons on avait envie de sortir avant de réaliser que ces quatre tounes-là allaient ensemble. On a envie de donner ça aux gens cet été» ajoute Camille.
Une session de travail entre amis se sera finalement soldée par la réalisation d’un EP et d’un vidéoclip pour le simple Peaches.
[youtube]K-Op0cNadU0[/youtube]
Pas mal du tout pour des filles qui n’ont pris pratiquement aucune pause au courant des 12 derniers mois, comme se le remémore Camille.
«Avec Deception Bay, j’avais pas réalisé à quel point on avait fait de la tournée. On me l’a dit pis j’étais comme «Holy shit! I’ve been gone for the entire fucking year». On s’en rend pas compte, ça devient normal.»
Et ce rythme, il vous va?
«Non, s’exclament-elles à l’unisson. Je pense qu’on va mieux doser maintenant, poursuit Laurence. On a besoin de revenir pour éviter d’être complètement déconnectées de tout. C’est physiquement drainant et tout le temps challengeant parce que c’est un mode de vie particulier avec des gros highs pis des gros lows.»
Une année faste (and furious)
Leur travail acharné en 2018 a d’ailleurs été récompensé, alors qu’elles se sont vu remettre le JUNO de l’album électro de l’année en mars dernier. Lorsqu’interrogées à savoir si la pression augmentait quand on commence à accumuler les statuettes, les filles sont catégoriques: ça ne change absolument rien.
«C’est touchant, la reconnaissance des pairs, dit Camille. Mais au final, ça ne nous ajoute pas de stress parce que c’est en restant authentique par rapport à notre travail qu’on reçoit des prix. Si on gagnait avec du phoney work…»
«Je serais moins fière», complète instinctivement Laurence.
En fait, la pression n’a augmenté qu’une seule fois cette année pour Milk & Bone. Ça s’est produit sur les plaines d’Abraham, en plein Festival d’été de Québec, aux côtés de la légendaire Cyndi Lauper en première partie de Lorde.
«C’est vraiment rare que je sois stressée avant un show, mais là j’étais pas gérable», lance Camille. «Je pense que c’était le show où on a eu le plus de fun à vie. On était libres, c’était malade. On n’a jamais rien vécu de tel», de rétorquer Laurence.
Comme quoi les filles continuent de prioriser le plaisir, à l’image du méga succès Girls Just Want to Have Fun qu’elles ont entonné ce jour-là auprès de Lauper.
En rafale
Ça vous arrive de vous taper sur les nerfs?
«Depuis qu’on a commencé à assumer notre statut de «work wives» et à dire qu’on est comme un couple, on dirait qu’on accepte vraiment plus tous les moments de tension et c’est normal qu’il y en ait.»
Une collaboration de rêve?
«Men I Trust et Charli XCX»
Un prochain album?
«C’est sûr que oui, mais pas dans l’année. C’est énormément de travail un album et on s’investit tellement émotionnellement dans nos textes que ça peut nous prendre un an.»
Et à l’éternelle question, chanterez-vous un jour en français, vous répondez quoi?
«Si ça arrive, ça va être organique, mais c’est pas dans les plans. Quand on écrit, ça sort en anglais. Si un jour ça sort en français, ce sera ça.»
DIVE est disponible depuis le 24 mai
sur étiquette Bonsound.