Le pouls de Québec #2 : Sunderloom
Chaque mois, on pose notre loupe sur un projet tout neuf, enthousiasmant et issu de la vibrante scène musicale de Québec.
Nom du projet : Sunderloom
Porte-parole du groupe : Alinoë Schneider
Quartier : Limoilou
Style : Indie dream rock
Membres : Charles Bélanger (batterie), Mathieu Michaud (basse), François-Gabriel Marcotte (claviers et guitare) et Alinoë Schneider (voix, guitare et clavier)
Maison de disque : indépendant
Je sais que le groupe existe formellement depuis 2017. Comment vous êtes-vous rencontrés tous les quatre?
J’ai rencontré Charles au cégep de Sainte-Foy. On était tous les deux au double DEC en musique et sciences de la nature. On jouait souvent avec toute la cohorte dans les locaux de pratique au sous-sol du Casault, ceux qu’on appelle affectueusement «les fridges», et à un moment donné, j’ai eu envie de concrétiser les choses. Charles et moi avions des goûts musicaux communs et on désirait aller plus loin que ces jams entre deux cours. À la fin du cégep, un répertoire d’au moins 10 pièces était fait, mais bien qu’elles soient écrites, il nous manquait des boyos pour la basse électrique, un synth et une autre guitare pour pouvoir les jouer sur scène. Toujours au cégep, on a alors approché Mathieu en lui présentant le projet et en lui disant qu’il nous manquait une guitare et un synth. Coup de chance, il connaissait justement une personne qui jouait des deux et c’est ainsi que François-Gabriel Marcotte a rejoint le groupe. Jusqu’à cette année, les pratiques se passaient encore au Casault, mais on s’est fait choper en train de jouer autre chose que du jazz et on a dû changer de lieu. Depuis cet hiver, on réside au Pantoum (much love d’ailleurs!) pour les répètes.
Votre musique amalgame un paquet de styles. Les guitares me font penser au renouveau récent du cold wave tandis que la voix sonne grunge, que la basse s’avère assez funky par moment et que les claviers sont dignes d’une chanson électropop de Passion Pit! Êtes-vous des maîtres du compromis ou juste des gars vraiment éclectiques?
Éclectique me semble approprié comme terme. Pour l’écriture tout comme pour le live, ce serait barbant de tout le temps faire la même chose. De plus, l’exploration musicale est nécessaire au développement d’un style.
Pour la voix, je ne sais pas, je n’ai jamais vraiment écouté de grunge. Le son et les accords des guitares sont un mélange de toute la matière vue en classique et en jazz, ainsi que toute l’influence de la musique indie, à défaut de pouvoir utiliser un autre terme, plus contemporaine. Un riff de basse bien funk est une chose qui, je trouve, procure une immense satisfaction, ajoutons à cela un bon beat de drum avec des harmonies bien colorées au synth et boum! on tient un bon début. Même en live, le fait d’empiler une à une les parties musicales est vraiment plaisant: Mat commence le riff de basse avec Charles au drum puis je me rajoute avec la guitare et Frag finalise l’ordre en rentrant avec des accords plaqués au synth.
For Days, votre troisième simple téléversé sur Bandcamp, aborde le syndrome de la page blanche et la paresse. À moins que tu évoques la fatigue… Chose certaine: ces thèmes-là sont inhabituels. Est-ce que cette chanson-là est précisément née d’une panne d’inspiration?
Plutôt d’un manque de motivation générale. Dans les deux dernières sessions du cégep (moment où la pièce a été écrite), j’étais dans une période très floue et je pensais énormément à tout sans arrêt. Je visualisais toutes les possibilités qui pouvaient avoir lieu et tous les événements qui s’étaient déjà passés. Cette masse d’anticipations et de regrets faisait en sorte que je n’étais jamais dans le présent, toujours ailleurs, éparpillé. Face à ce monstre, au lieu de régler peu à peu ces pensées déformées, je détournais l’attention et passais mon temps à ne rien faire dans mon lit ou à jouer à Dark Souls et Bloodborne. Ces jeux vidéo là m’ont quand même aidé à reprendre un certain focus, mais ça pouvait vite devenir une échappatoire facile. J’ai écrit For Days en me rendant compte de ça.
Les textes sont sombres et introspectifs, c’est sûr, mais aussi follement énigmatiques. En tout cas, je n’ai jamais l’impression que tu fais part de tes tourments amoureux. Un sujet si souvent abordé en musique! Pourquoi n’écris-tu pas sur ce thème-là comme 95% de tes semblables?
Il faut savoir qu’il y a des pièces qui ne sont pas encore sorties et sur lesquelles le sujet des «tourments amoureux» est abordé. Bien que j’écrive sur la chose, mon expérience la concernant de manière tangible est assez récente. Le fantasme est un thème qui, pour l’instant, me rejoint beaucoup plus et qui, à sa manière, touche à considérablement plus d’idées que l’amour. L’amour qui, dans la plupart des cas, reste un schéma assez prévisible et redondant. Toutefois, je ne nie pas sa vraisemblance et son impact émotionnel, loin de là.
Jusqu’ici, vous avez joué à la Ninkasi, à la Fête de la musique et au Knock Out à deux reprises en plus d’avoir été repérés par le OFF. Les choses se passent. Est-ce qu’un premier album complet est dans vos cartons pour 2020 ou même pour la rentrée?
Oui. En décembre, j’avais fait l’annonce d’un album qui aurait dû sortir en avril-mai, mais hé! un album c’est plus long à faire que j’avais initialement pensé.
Après avoir demandé conseil à Jean-Étienne Marcoux et Émilie Tremblay, mes mates du Pantoum, et après en avoir discuté avec Charles, on a décidé de repousser la date afin de s’y consacrer plus sérieusement, de pouvoir produire un album de meilleure qualité. Ça nous permet aussi de faire plus de shows pendant l’été et donc, par le fait même, de nous faire connaître par plus de personnes. Un album de 10 pièces devrait donc sortir en août ou en septembre 2019. La production et le mixage avancent d’un bon pas et on aura d’autres annonces à faire durant la saison estivale!
En concert :
Jeudi le 4 juillet à 19h
au Parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste
(Dans le cadre du Festival OFF)
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