FEQ : Divin alt-J
Les ténors de l’indie britannique n’ont certainement pas déçu. Galvanisant la foule avec son éclectisme musical et une scénographie digne des grands, alt-J a à la fois fait scintiller les yeux et apaisés les oreilles en marge de cette deuxième soirée du FEQ.
Sans être l’archétype de la grosse tête d’affiche (du moins, au FEQ), le trio britannique en a mis de toutes les couleurs en proposant sa musique au croisement du folktronica et du rock alternatif, appuyée par de sublimes harmonies vocales. Petit bémol toutefois lors de l’entrée en matière : le micro du chanteur Jon Newman ne fonctionnait pas durant la première moitié de Something Good. Un moment inconfortable, mais qui sera vite oublié avec l’hymnique Every Other Freckle et la trépidante 3WW, lancés quelques instants après. Progressivement, on voit défiler devant nous un groupe au sommet de son art (et de son style).
Newman et ses acolytes Gus Unger-Hamilton (claviers) et Thom Sonny Green (percussions) n’avaient pas l’air perdus sur cette vaste scène. Offrant une présentation scénique relevant presque de la divinité, où chaque fraction de lumière et de couleur est synchronisée aux pulsions sonores, le trio a repoussé le concept d’immersion haut la main. Si les RELAXER et An Awesome Wave ont chacun eu leur heure de gloire, on avoue avoir eu un léger penchant pour les Nara et Hunger of the Pine (tous deux tirés de l’album This is All Yours), dont la dernière hypnotise par la voix somptueuse de Newman entrecoupée du loop «I’m a female rebel» de Miley Cyrus.
Dans une finale survoltée (que certains qualifieraient d’un peu prévisible), alt-J nous a amené vers ses succès commerciaux avec la bombe country-pop Left Hand Free et la toujours aussi énergique Breezeblocks, dont le «please don’t go, I love you so» du refrain résonne toujours et encore dans nos têtes, sept ans après sa sortie. Une grande soirée indie, diablement planante, qui nous rappelle que les choix audacieux et moins grand public sur la grande scène peuvent s’avérer très payants.
CHVRCHES : à oublier
Le dernier album de la formation écossaise, Love is Dead (2018), nous avait laissé sur notre faim. voire totalement déplut. Et, malheureusement, on peut en dire de même de leur performance, hier soir, sur la scène Bell. Sans renier les qualités vocales et la présence scénique de Lauren Mayberry, difficile de s’immiscer dans cet univers pop-synthé rose bonbon aux refrains rassembleurs, mais éminemment génériques et formatés. Pour tout dire, on avait l’impression d’assister à un avant-goût du spectacle d’Imagine Dragons de samedi prochain, ce qui, en soi, n’est pas un compliment.
C’est donc les yeux ornés d’un maquillage excentrique et accompagné de ses trois musiciens que Mayberry s’est affairé à défendre les Get Out, Graffiti et Miracle, morceaux dont les lignes de synthétiseurs fortement appuyés rappelaient la pop des années 80 ou – dans une perspective plus actuelle – la musique de The Chainsmokers. Devant une foule sans doute en mode découverte, quoiqu’enthousiaste, CHVRCHES a pigé dans ses succès notables de ses premières années avec The Mother We Share et Leave a Trace. Même en nous balançant ses succès, on reste de marbre vis-à-vis une proposition musicale surannée et aseptisée, qui résonne peut-être davantage avec un public adolescent tourmenté, finalement.