Caro Dupont : L’héroïne de l’ombre du rap jeu
Elle a ajouté son grain de sel aux albums de King Abid et Robert Nelson en plus d’officier à titre de conseillère particulière et choriste pour KNLO depuis des années. Mais que savons-nous vraiment de la discrète Caro Dupont?
L’été 2019 aura commencé au son de Je suis là, la chanson des élèves de Saint-Malo que Caro Dupont aidera à mettre un monde à l’invitation de l’enseignante Nancy Fall. À ses côtés pour ce projet bien spécial: les collègues KNLO, King Abid, Guillaume Tondreau et Ludovic Dubé. «Je suis musicothérapeute de formation. Je suis en train, tranquillement, de travailler pour avoir tous mes papiers en ordre. C’est pour ça que Nancy m’a appelée.» Férocement en voix et forte de nombreuses années d’études en flûte traversière, la Limouloise d’adoption a su forger un métier à sa mesure, un emploi qui lui permettrait d’unir ses deux passions: la relation d’aide et la musique. Toute son oeuvre, sa vie, est pour ainsi dire dédiée au rayonnement des autres.
Originaire du 514, la multi-instrumentiste a d’abord fait ses classes à l’école Joseph-François Perreault dans le quartier Saint-Michel. «Dans le fond, j’ai commencé la musique à quatre ans. Je faisais du piano à l’époque, puis j’ai délaissé ça pour la concentration musique au secondaire en flûte traversière et j’ai commencé à jouer du piccolo en secondaire 3. […] C’est super contingenté, c’est super tough, c’est une des écoles de renom, en fait, dans le réseau public à Montréal, pour le programme musique. »
Le bal de finissants passé, la créative jeune dame s’essaie à la création littéraire pendant un an avant de revenir à ses premières amours, d’obtenir un DEC puis un baccalauréat en jazz, un parcours qui sera finalement couronné par un diplôme universitaire en musicothérapie. Parallèlement à ses cours, Caro Dupont s’enrôle comme accompagnatrice dans un nombre considérable de groupes: Nul si découvert et Sola y las Lolas, notamment, mais ce n’est qu’un maigre échantillon. «Je jouais beaucoup de musiques du monde, de musiques latines et afros. J’ai joué pendant des années avec un band qui s’appelle Syncop et qui faisait du raï reggae. Je gigais à gauche, à droite. […] Mon premier band, à proprement dit, je veux dire, c’était du blackmetal! C’est drôle. Avant, j’étais beaucoup dans la scène hardcore. La majorité des rappeurs que je connais, je les ai rencontrés parce qu’on faisait des shows pour le collectif opposé à la brutalité policière ou en lien avec des causes humanitaires quelconques, dans le milieu militant antifasciste de Montréal.»
Son entrée à Alaclair High
Appartenant dorénavant au vaste clan Toutnou, la famille («tout c’qui compte, yeah!») tricotée serrée autour d’Alaclair Ensemble, Caro Dupont est aujourd’hui reconnue pour le raffinement de son style à la frontière du hip hop, du jazz et de la soul. Multifruits, à cet égard, demeure son fait d’armes le plus probant. C’est aussi un long-jeu qu’elle a bricolé auprès d’un certain Akena Okoko, le père de ses enfants, un créateur lui aussi, un type que le public connaît surtout sous le nom de KNLO.
Ensemble, les deux musiciens cultivent un goût pour les rythmes à contretemps, le deux contre trois, les inspirations afro-brésiliennes. C’en est presque devenu leur marque de commerce! «On est beaucoup là-dedans. C’est sûr qu’on est très broken beat. Y’a cette notion-là [qui définit notre signature], mais aussi le fait que la majorité des tracks sont des one take.
Après ça on les replace, on les retravaille, on les fignole. C’est sûr! Mais tout ce que t’entends en termes de solo de flûte, c’est des one take. Je l’ai fait une fois. On a toujours travaillé comme ça Aken et moi, de façon très on the fly, très impro, très one take. C’est raw. »
Spontanée et intuitive, la flûtiste et chanteuse envisage un jour se lancer sans filet, sortir un projet en solo et sous son propre nom. « Ça fait longtemps que je l’ai en tête. J’en ai plusieurs en tête, mais je sais pas… Je stack mes idées. »
Attablée devant son clavier, à la maison et tandis que sa progéniture s’amuse au terrain de jeu, Caro Dupont en est à jeter les bases d’un possible disque qui sera forcément très bon. Date de sortie? Inconnue. Sauf qu’une chose est sûre: on répondra, en date et heure, à son invitation.