Le pouls de Québec #6 – L'Aurore
Musique

Le pouls de Québec #6 – L’Aurore

Chaque mois, on pose notre loupe sur un projet tout neuf, enthousiasmant et issu de la vibrante scène musicale de Québec.

Nom du projet: L’Aurore
Porte-parole du groupe: Philippe Bourque
Quartier: La Basse-Ville dans le coeur et Haute-Ville dans l’âme
Équipier: Émile Vigneault
Style: Chanson orchestrale
Maison de disque: Indépendant

 

Philippe, tu travailles avec Poulet Neige depuis très longtemps, un label indé qu’on voit retontir à chaque temps des Fêtes avec sa fameuse liste de Noël. Forcément, ça te donne une bonne vue d’ensemble de ce qui se fait sur la scène musicale québécoise. Où est-ce que L’Aurore se situe dans un écosystème comme celui-là?

Trop peu réussissent à vivre de leur art au Québec. L’Aurore fait partie des centaines de groupes qui tentent d’y arriver. Poulet Neige me permet d’écouter presque tous les projets talentueux d’ici et de constater combien ils sont nombreux à apparaître et à disparaître chaque année. Il serait facile de s’en prendre à l’État québécois, à ICI Musique qui se prend pour Rouge FM, à Télé-Québec qui diffuse trop peu de musique québécoise, ou à Spotify et son triste modèle, mais cela mériterait une longue discussion. Je dirais plutôt que L’Aurore doit continuer à livrer de bonnes chansons et à travailler d’arrache-pied sur sa mise en marché pour rester en vie. Ça ne devrait pas être comme ça, mais c’est ça notre réalité.

 

Justement, de par la nature du projet, avez-vous davantage l’impression d’appartenir à la gang des musiciens ou à la gang des littéraires? 

Pour moi, nous sommes en musique; L’Aurore propose des hymnes puissants et des mélodies savantes qui résonnent en spectacle. Oui, la poésie est au cœur du projet, mais les interventions et la cadence du spectacle sont typiques à la chanson. Je crois que nous faisons partie d’un mouvement qui s’est éteint à la fin des années 70 et que j’espère voir revivre : celui  de la chanson orchestrale. J’y crois. Je l’incarne.

 

Sur la chanson Olympia, le premier extrait de votre EP paru le 25 octobre dernier, vous évoquez la présence d’un «envahisseur docile» en ce pays qu’est le nôtre, un endroit peuplé d’enfants naufragés. Bon, je paraphrase. Mais n’empêche: est-ce normal que j’y voie une profession de foi souverainiste? 

Profession de foi, je ne sais pas, mais un hymne indépendantiste, certainement! Émile répète souvent qu’il est pour toutes les indépendances : la sienne, celle de son voisin, celle des cultures et enfin, celle de toutes les nations. Pour ma part, je crois en l’importance d’avoir une voix à l’international pour s’exprimer sur l’urgence environnementale, mais aussi pour préserver la pluralité des consciences culturelles. De plus, d’autres débats majeurs approchent, dont le transhumanisme et l’intelligence artificielle. Il est temps pour le Québec d’avoir plus qu’une simple voix minoritaire dans l’État canadien.

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De par les mots utilisés sur ce morceau et les thématiques hivernales, je pense aussi pas mal à Mon Pays de Gilles Vigneault. C’est le grand-père d’Émile, d’ailleurs. Est-ce que c’est une force ou une sorte de malédiction d’appartenir au même clan qu’une légende de sa trempe?

Dès le départ, nous avons établi que nous n’utiliserions jamais la notoriété du grand-père d’Émile pour notre mise en marché. Ainsi, nous n’avons ni de contact ni d’aide de M. Vigneault pour notre projet. Émile veut forger sa propre identité et je respecte cela. Par contre, malgré nous, la curiosité de certains médias a fini par révéler sa filiation. Personnellement, je ne pense pas que cela aura un impact significatif sur la carrière de L’Aurore.  

 

Les arrangements de vos chansons sont riches, bonifiés de violons, de piano, de cor français, de flûte. Votre objectif était-il de créer l’enrobage le plus intemporel possible? 

Mon objectif était d’avoir des arrangements qui rendent justice à la poésie d’Émile, sans compromis. Ses textes sont tellement riches que je voulais une musique qui puisse les porter. Par contre, pour être bien honnête, si j’en avais eu les moyens, j’aurais poussé l’audace jusqu’à faire des arrangements symphoniques. Pour l’avenir, cela reste un fantasme et je rêve un jour de le réaliser.

L’écho des premiers jours – Chapitre 1 (Indépendant)
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