Le duo Veranda ose le bluegrass en français sur Yodel Bleu
«On va tuuuuuuu être ben!», lance Catherine-Audrey Lachapelle dès les premières notes du titre du même nom. L’entraînante pièce invite à se contenter des choses simples de la vie, un petit lopin de terre, un rayon de soleil et la sainte paix. Elle forme avec le guitariste Léandre Joly-Pelletier le duo de bluegrass Veranda et lance ces jours-ci un premier EP en français.
Les deux acolytes se sont rencontrés il y a quelques années aux soirées open mic bluegrass du bar Barfly, sur le boulevard Saint-Laurent. Leur passion commune pour le country les a incités à faire de la musique ensemble. Ils se sont fait la main en jouant surtout des chansons du répertoire bluegrass et old time country américain.
L’an dernier, ils ont fait paraître un premier EP en anglais, Woodland Waltz. Mais ils avaient envie de relever le défi de jouer du bluegrass en français. «On s’est rendu compte que c’était un terrain de jeu vraiment incroyable, souligne Catherine-Audrey, qui s’ennuyait d’écrire dans sa langue maternelle. Le défi, c’était d’essayer de trouver des images poétiques intéressantes, tout en respectant le genre de thèmes abordés dans ce style musical.» Selon Léandre, la rythmique de la langue est vraiment différente et c’est ce qui ajoute une couche de difficulté.
Le couple sur scène comme dans la vie est particulièrement fier du résultat de la pièce Hymne à l’amour qui s’en va: «Je trouve que c’est celle qui se rapproche le plus de la rythmique américaine. Il y a de supers belles images, une belle poésie en arrière de ça», se réjouit Léandre. La chanson est inspirée d’une rencontre qu’ils ont faite dans les Monts Groulx, sur la Côte Nord. «C’est vraiment creux!, s’exclame Catherine-Audrey. Il y a des montagnes, et c’est vraiment sauvage. On est tombé sur ce bonhomme, qui habite seul dans sa maison qu’il a construite en charriant du bois en ski-doo, parce qu’il n’y a pas de route.» Les deux musiciens ont passé la journée en sa compagnie, à échanger sur plein de sujets. C’est le souvenir de cette rencontre qui a jeté les bases de la pièce.
Écrire les paroles dans la langue de Molière n’a pas empêché le duo de toucher les thèmes chers au bluegrass. «Pour la chanson Hymne à l’amour qui s’en va, c’est un cabin fever. Sinon, on a aussi exploité la murder ballad, la ballade de meurtre, avec Si j’avais des ailes, explique Catherine-Audrey, qu’on a pu voir dans la populaire série policière District 31. C’est l’histoire d’une femme qui est malheureuse dans son foyer, et tout d’un coup, son mari meurt, et elle se fait accuser de l’avoir tué par sorcellerie. C’est ce genre d’histoires là!»
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Le résultat de l’expérience, ce sont les six pièces de leur nouveau EP, Yodel Bleu. Le titre illustre bien le thème de l’album. «Il y a une dualité. Bleu, en anglais, c’est d’avoir les blues, être déprimé. Et le yodel, c’est quelque chose de tellement joyeux! Ce sont des thèmes sérieux, qu’on met sur de la musique enjouée, précise Léandre. La chanson Yodel Bleu, c’est une toune vraiment hop la vie, mais ça parle d’une fille qui est en dépression. Ça seule source de bonheur pour être de bonne humeur, c’est de faire du yodel.» Ce titre rend également un hommage à Jimmie Rodgers, une légende du country et qui a fait paraître une série de chansons du même nom dans les années 20 et 30.
Ils lanceront virtuellement Yodel Bleu vendredi, avec une performance sur Facebook. «On va faire les chansons du EP, on va jaser des tounes, on va les jouer en version duo. Ça va faire une petite version intime des chansons du EP, mais ô combien intéressantes. On a bien hâte!», conclut Léandre avec un enthousiasme contagieux.
Le EP Yodel Bleu sera disponible vendredi le 29 mai sur toutes les plateformes. Rendez-vous sur la page Facebook de Veranda le même jour à 20h pour une prestation en direct.