Sacred Wolf Singers
Chaque semaine, en partenariat avec la très cool et pertinente plateforme numérique Nikamowin (une initiative de Musique Nomade), nous vous présentons le profil d’un ou d’une artiste autochtone à découvrir immédiatement.
Depuis maintenant 4 ans, le collectif Sacred Wolf Singers, fondé par Tee Cloud, partage la musique traditionnelle Mi’gmaq de Pow-Wow en Pow-Wow, partout en Amérique du Nord. Le but du projet, selon son fondateur, est de connecter les gens et les territoires à travers des performances ancrées dans la tradition la plus pure. Tee Cloud s’entoure de musiciens divers qui font évoluer et vivre le collectif sur la route.
Nation: Mi’gmaq / Communauté: Metepenagiag / Genre musical: Traditionnel
Comment approches-tu la composition de nouveau matériel, puisque tu réussis à donner un son purement traditionnel à des chansons modernes?
Parlons des chansons et du tambour. Les chansons traditionnelles proviennent parfois de visions. Le ciel, le soleil, l’eau, la terre, les animaux… Certains sont anciennes, datant de près de 3000 ans dans l’histoire Mi’gmaq et ayant été chantées dans des cérémonies sacrées depuis cette époque. Les chansons de Pow-Wow que je créée viennent souvent sous forme de visions également. Certaines sont en langue Mi’gmaq, et certaines ont pour but d’accompagner des dances Pow-Wow particulières. Il y a la chanson d’entrée, pour attirer les danseurs, la chanson du drapeau pour honorer tous les drapeaux, la chanson de l’honneur pour s’honorer entre nous de différentes façons…
Pour ce qui est du tambour: il s’agit d’un instrument sacré dont nous devons nous occuper sans cesse. Habituellement il est fait de peaux animales comme de l’orignal, du chevreuil, de l’élan ou du bison. On les utilise car l’animal est un esprit et sa peau est sacrée. C’est pour ça qu’on offre du tabac au tambour pour l’honorer lors de certaines cérémonies. Mes nouvelles chansons viennent donc de visions, vécues dans l’instant. Parfois je les compose rapidement et les enregistre sur un petit magnétophone pour pouvoir les retravailler plus tard, mais c’est surtout des moments et des visions capturés en mots et en musique.
Peux-tu nous parler du territoire dans lequel tu as grandi et partager une chose spéciale ou une anecdote qui implique la communauté?
Je m’appelle Tee Cloud, c’est le surnom que j’ai eu toute ma vie, mais mon vrai nom est Ivan Cloud; je fais entièrement partie de la tribu Mi’gmaq. C’est à travers mon père et mes oncles que j’ai débuté à m’intéresser aux voies traditionnelles et au tambour. J’ai commencé à intégrer notre culture vers l’âge de 10 ans. Je viens d’une petite communauté Mi’gmaq de 700 membres qui s’appelle Metepenagiag, au Nouveau-Brunswick. En grandissant là-bas, j’ai vécu beaucoup de cérémonies traditionnelles comme la tente à sudation, la cérémonie du calumet et les Pow-Wow où on se rejoignait tous. On jouait du tambour et on chantait toute la nuit. Il y avait des gens des États-Unis, du Québec, tout le monde venait nous rejoindre même quelques jours avant le début du Pow-Wow. Il y avait des rituels à tous les jours, c’est réellement un mode de vie. Enfant, je voyais ces gens comme des modèles à suivre. C’est comme ça que cette voie s’est ouverte pour moi et je n’ai jamais délaissé le chant et le tambour.
Les années 1990 ont été la meilleure décennie pour nos traditions et nos Pow-Wow. Tout le monde s’entraidait pour cuisiner, il y avait une grande fierté et tous les gens étaient connectés profondément lors des cérémonies. C’était très puissant comme émotion. Aujourd’hui, 19 ans plus tard, les Pow-Wows ont beaucoup changé. Je les aime encore, mais dans le temps j’étais encore plus excité pour le prochain Pow-Wow ou la prochaine cérémonie… C’est comme ça que tout a commencé pour moi.
EN VIDÉO:
[youtube]1BivtSpTma0[/youtube]