Digging Roots
Musique

Digging Roots

Chaque semaine, en partenariat avec la très cool et pertinente plateforme numérique Nikamowin (une initiative de Musique Nomade), nous vous présentons le profil d’un ou d’une artiste autochtone à découvrir immédiatement.

Duo formé des époux Raven Kanetakta et ShoShona KishDigging Roots évolue dans un style folk-rock profondément ancré dans les traditions de la nation Anishnabe. Après avoir remporté en 2010 le Juno du Meilleur album autochtone pour We Are, le couple poursuit ses explorations musicales un peu partout au pays et à l’étranger. Raven répond à nos questions.

Nation : Anishnabe / Communauté : Winneway / Genre musical : Blues/Folk/Rock/Hip-Hop

Pouvez-vous expliquer la technique de composition traditionnelle des «chansons-lignes» Anishinabek et comment vous l’intégrez dans des méthodes d’écriture influencées par la musique occidentale?

La méthode Anishinabek consiste à tracer la mélodie et le rythme à partir des contours d’un territoire. Par exemple, si on se tient sur le littoral et qu’on observe un paysage: de gauche à droite, on pourrait tracer une mélodie qui escaladerait une montagne en montant dans l’aigu. Conséquemment, elle descendrait vers les graves à mesure que la montagne descendrait vers une vallée. Essentiellement, la tradition veut que la musique soit inspirée directement par la terre, que son essence travaille de façon créative avec le paysage.

Avec Digging Roots, nous avons fait un travail de plus en incluant cette méthode de composition dans des styles musicaux modernes. En alliant des progressions harmoniques courantes avec les «chansons-lignes» Anishinabek, ShoShona et moi arrivons à combiner des sonorités traditionnelles dans les mélodies avec une musique contemporaine. Cette hybridation est un reflet direct de notre rôle comme créateurs évoluant à cette ère sur l’Île de la Tortue (Note de l’auteur: Certains peuples autochtones désignent le continent de l’Amérique du Nord sous le nom d’Île de la Tortue).

Pouvez-vous nous parler du territoire dans lequel vous avez grandi et partager une chose spéciale ou une anecdote qui implique la communauté?

J’ai grandi dans une petite réserve Anishinabe de 250 habitants appelée Winneway, dans le nord du Québec. Le territoire est stupéfiant et on y vit de viande d’orignal, de poissons et d’oiseaux. Ma mère cultivait un jardin et on faisait la route des Pow-Wows à travers le Canada et les États-Unis à chaque année durant les mois d’été. Alors que les gens et la terre de Winneway sont magnifiques, on peut également y voir les effets imposés du colonialisme. La musique a toujours été ma façon de traiter les problématiques d’oppression les plus difficiles. Elle est une forme de remède, que nous appelons mishkiki nigamowin. Pour nous, les cérémonies incluent musique, danse et nourriture. Ces trois éléments combinés mettent la célébration au coeur de nos êtres, et avec eux s’installe un sentiment d’appartenance et de communauté. C’est la musique qui a été ma guérisseuse, qui m’a permis de rêver. J’ai appris à communiquer à travers la musique en suivant les enseignements de Mooshim (grand-père). Étant à la fois Algonquin Anishinabe et Mohawk Onkwehonwe, j’ai appris à m’infuser de notre connaissance culturelle et de nos apprentissages; cela m’aide à naviguer dans cette société moderne qui nous englobe.

EN VIDÉO:

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