Retour sur Portrait de scène
Musique

Retour sur Portrait de scène

Je me souviens très bien de la raison principale qui nous a fait choisir le photographe Stéfane Côté pour s’occuper de la photo hebdomadaire de la rubrique Scène locale (et maintenant de celle de Live à Montréal): sur chacun de ses tirages, les musiciens avaient l’air de véritables stars. Non mais c’est vrai, il n’y a aucune raison pour que, sur photo, les groupes underground aient l’air de sortir de leur sous-sol… Et c’est exactement ce qui frappe lorsqu’on se promène devant la quarantaine de photos qu’il expose, depuis dimanche dernier, à la galerie des Foufounes électriques: il a su trouver la façon de mettre en relief tout le panache de chacun de ces personnages que sont les Marc Vaillancourt (B.A.R.F.), Vince Peake (Groovy Aardvark), Joe Evil (GrimSkunk) et plusieurs autres. En parcourant l’expo, on se rend compte qu’il n’existe finalement que très peu de traces visuelle de tous ces concerts, et, par le fait même, de toute une génération de musiciens alternatifs qui ont eu le malheur d’évoluer à une époque où les grands médias et l’industrie les ont tout simplement ignorés… L’expo se poursuit jusqu’au 2 juillet.

Les Slot Machine
Eh toi! Oui, toi qui pleurais la disparition des Secrétaires volantes, j’ai de bonnes nouvelles pour toi! Voici Les Slot Machine, un «band de filles» rock’n’roll monté par la pétillante Cocktail, et qui marque ses retrouvailles avec La Poufiasse (qui avait quitté la formation avant sa désintégration, et qui s’est rebaptisée L.P. Overdrive). Elles sont entourées de deux autres filles (Bing Bang Baby, à la batterie, et Mimi Métal, à la guitare) et d’un seul gars (l’homme de théâtre Jean-Frédéric Messier, qui se cache derrière le pseudonyme Norma Jean). «L’idée d’un band de filles le faisait triper, m’expliquait Cocktail. Et il voulait être notre roadie, passer la balayeuse dans le local… On trouvait ça ben charmant! Et comme on a toujours besoin de bras et qu’on n’avait pas de deuxième guitare, on lui a offert de jouer avec nous. Finalement, c’est comme un harem, mais à l’envers!» «J’ai pris le temps de digérer la fin des Secrétaires, mais c’était clair que j’avais envie de continuer à faire de la musique, et l’idée d’un band de filles me trottait dans la tête depuis longtemps. Et, comme j’étais pressée de faire des shows, on a commencé en apprenant des covers, tout en travaillant quelques compos en même temps. On peut dire qu’on fait du rock’n’roll gomme balloune!» Après avoir «rodé le show» en région (à Sherbrooke), elles sont fin prêtes à affronter le public montréalais, le 4 juin, au Petit Campus, avec The Loners en première partie.

Les Cowboys fringants / Les Abdigradationnistes
Pour une soirée délirante où la parodie, la vulgarité et le burlesque seront au rendez-vous, c’est au Zest, le 5 juin, que ça se passe! Au programme: Les Cowboys fringants et Les Abdigradationnistes. Les premiers, originaires de Lanaudière, m’ont fait beaucoup rire avec leur premier album intitulé Sur mon canapé… dans lequel ils marient un country rock’n’roll aux mélodies extrêmement bien ficelées à des textes soit totalement ridicules, parodiques, ou alors adorablement naïfs, qui laissent entrevoir un potentiel de party indéniable. Le genre de disque que je risque de réécouter souvent durant l’été. Les deuxièmes, je vous en ai parlé à quelques occasions, mais je ne leur avais pas encore donné l’occasion de se raconter eux-mêmes. Le premier spectacle de Pascal Angelo Fioramore (chanteur dérangé) et Pascal «Dèj» Desjardins (claviériste minimaliste) s’est déroulé lors d’une soirée de poésie: «Moi, ce qui m’énervait de ce genre de soirée, m’expliquait le bizarroïde chanteur et auteur des textes, c’est que, généralement, ceux qui écrivent des textes de poésie ne sont pas de bons lecteurs. Quand ils arrivent en avant pour lire, c’est souvent long et pénible… J’ai eu l’idée d’écrire une affaire complètement niaiseuse, mais d’aller la lire avec ben de l’intention! C’est là que Dèj m’a proposé de mettre un petit clavier ridicule par-dessus et qu’on s’est trouvé des costumes. Pis, le pire, c’est que le monde a aimé ça! Les Abdi ont commencé par une farce, et ça va toujours rester comme ça. Par contre, même si c’est des niaiseries qu’on chante, ça veut pas dire que c’est pas sérieux. Surtout dans les nouveaux textes, c’est un peu moins surréaliste; je m’amuse à récupérer les grosses phrases sales que tout le monde dit, pour les détourner. Mais les danses ridicules, les robes, le délire, ça, ça changera pas…» Les Abdigradationnistes devrait sortir un premier disque au courant de l’été. Préparez-vous à un univers très parallèle…

L’été appartient aux cowboys
L’été appartient aux cowboys est une nouvelle émission qui prendra l’antenne à CIBL (101,5 FM) tous les vendredis, de 18 h à 19 h 30, à partir du 4 juin. Elle sera animée par Sébastien Boismenu, un observateur et acteur de longue date de la scène alternative, qui sera appuyé par des chroniqueurs réguliers, dont Jean-Robert Bisaillon (de la SOPREF), Alex Jones (de WD-40) et Siris (le bédéiste). Chaque semaine, il y sera question de musique, de concerts, de critiques de disques, de BD… Le tout agrémenté, promet Sébastien, de «propos disgracieux à caractère social et politique». Pour les groupes intéressés à faire parler d’eux (ou à aller parler d’eux) en ondes, vous pouvez téléphoner à CIBL (526-2581) et demander M. Boismenu.

Guérilla: la tournée du suicide financier…
Les tournées en Europe commencent à devenir une habitude pour la formation rap-métal de Sherbrooke Guérilla. De retour depuis quelques jours, le guitariste Janick Lavoie m’a envoyé, par e-mail, son habituel petit résumé de tournée: «La tournée a débuté en France avec trois concerts devant plus de 500 personnes, en première partie de Lofofora. C’est le meilleur moyen de laisser sa marque dans ce pays. La réponse a été excellente. Ensuite, après une journée de congé sur la Côte d’Azur, on s’est rendus en Italie pour rejoindre nos copains de Linea 77, qui devraient venir au Québec à l’automne pour notre tournée de lancement. On y a fait quatre concerts, dont trois avec eux.

Le reste de la tournée fut une catastrophe. Lors d’une journée de congé près de Rome, nous nous sommes fait voler toute notre marchandise, des parties de la batterie et quelques pièces d’équipement. Le lendemain, en arrivant aux douanes, à Malte, on s’est fait confisquer tout ce qui nous restait de matériel parce qu’on n’avait pas de permis de travail. On n’a finalement pu donner qu’un seul des trois spectacles prévus. On a dû faire le concert avec les instruments des autres groupes: une guitare à six cordes, une basse à quatre cordes et une batterie avec deux bass drums. Malgré les problèmes, le bilan de la tournée est positif… sauf pour notre compte en banque!»
En ce moment, Guérilla est en préproduction pour un nouvel album: sortie prévue pour octobre.