Musique

Bourse Rideau

Une fois par année, les gens oeuvrant dans le domaine du spectacle se donnent rendez-vous à la bourse Rideau. Cet événement qui s’étire sur plusieurs jours vise à mettre en contact des chanteurs, musiciens ou autres artistes de la scène avec des diffuseurs susceptibles d’acheter leur spectacle pour le présenter dans leur salle ou leur festival. Pendant que gérants d’artistes et chasseurs de têtes font du business, les médias restent à l’affût; dans le cadre la bourse Rideau, on assiste parfois à d’intéressantes avant-premières…

Lundi 14 février
La soirée du 14 février ne laissait présager aucune découverte majeure, puisque quatre des têtes d’affiche étaient déjà passablement connues. Arrivé pendant le set de Manon Lévesque, je n’ai pu entendre celui de Linda Racine, qui ouvrait la soirée. Ce n’est que partie remise, puisque l’interprète est de Québec. Quant à Manon Lévesque, finaliste à Granby en 1998, elle a livré une prestation d’une grande intensité. Imaginez une Geneviève Paris s’accompagnant au piano et vous y serez presque. Mario Chenart, qui a connu un certain succès l’an dernier avec G7, a ensuite proposé ses chansons douces, qui romantisent le quotidien.
Pas facile de soulever une salle composée de gens de l’industrie. Jesse Cook y est pourtant parvenu en jouant seulement trois chansons. Quoiqu’un peu tape-à-l’oeil, le flamenco du virtuose ontarien est franchement époustouflant. Si vous aimez les musiques latines et que Cook repasse en ville avec ce même trio (qui compte un excellent percussionniste), allez sans crainte.
Eric Longsworth, venu tout de suite après, est lui aussi une bête de scène. Il faut vraiment le voir danser avec son violoncelle électrique, voir comment il fait sortir ces mélodies du ventre de son instrument pour jouir pleinement de sa musique… et des histoires drôles qui les accompagnent. On l’avait vu il y a trois ans, on le reverrait encore avec le même plaisir.
La seule véritable surprise de la soirée fut l’extrait de Blues de hambre de Bob Walsh. On connaît depuis longtemps sa voix rocailleuse et le blues inspiré de son trio. Le vieux Bob fait maintenant le pari de se produire en compagnie de sept musiciens, dont un quatuor à cordes. Le mélange est fascinant. Ce que le blues perd en rugosité au contact des envolées de violons, il le gagne en amplitude, en grandeur. Et même si ça frôle parfois les variétés, Walsh gagne son pari. Tendez l’oreille au disque qu’il lancera d’ici un mois. (A.V.)

Mardi 15 février
Cette troisième soirée de la bourse Rideau démarrait par une agréable surprise avec SCRAP, le spectacle concept pour la récupération et l’art de la percussion, de Sylvain Grenier. Se présentant sur scène accompagné de trois autres percussionnistes et de leurs paniers d’épicerie chargés de grosses caisses, Grenier impressionne par l’utilisation qu’il fait de vieux rebuts. Avec, entre autres, son xylhokey (imitation de xylophone) et une batterie complète de chaudrons, le percussionniste fait beaucoup plus que recycler, il réussit à façonner de nouveaux instruments non seulement originaux mais surtout créatifs. Sylvain Grenier et sa troupe, en plus de travailler sur les rythmes, jouent remarquablement bien avec les diverses sonorités qu’offrent ces nouveaux objets.
Projet: Orange a donné quant à lui un spectacle dans la veine de ce qu’on avait vu d’eux la dernière fois, il y a quelques mois. De belles mélodies atmosphériques, des riffs secs et une voix autant mélancolique qu’incisive. Bref, on pourra se répéter à dire que la comparaison à Radiohead est inévitable, mais, sur scène, le groupe de Québec maîtrise visiblement très bien ses orientations et le son qu’il s’est donné. Sa prestation ne prouvait qu’une fois de plus qu’il a en main tous les atouts voulus. Il ne nous reste qu’à attendre l’album.
Un dernier mot pour Kid Fléo, qui comme quelques autres groupes depuis un certain temps, cherche à donner au hip-hop de nouvelles directions. Même s’il était cliché de dire que le groupe peut rapidement chaffer une salle, il faut surtout signaler sa facilité à mélanger les genres (reggae, soul…) tout en sachant respecter chacun d’entre eux. Là encore, une belle découverte.