Retour sur le Concert de soutien aux 66
Pour débuter, j’aimerais revenir sur le Concert de soutien aux 66 personnes arrêtées lors d’une manifestation pacifique, le 24 novembre dernier, alors qu’elles exprimaient leur désaccord avec l’intrusion commerciale de Coke à l’UQAM. Les organisateurs de la soirée avaient choisi des formations parfaites pour la circonstance: Guérilla, ArseniQ33, Loco Locass, The Vendettas et L’Agent Placard. Des groupes qui n’ont pas la langue dans leur poche et qui ne pouvaient faire autrement que de se sentir concernés par la cause. Comme Biz, un des M.C. de Loco Locass, venait me porter une photo pour notre spécial Nouveaux Visages (dont ils font fièrement partie), j’en ai profité pour lui demander son opinion sur la chose: «Dans le cas du Concert de soutien aux 66, c’est une cause qu’on endossait totalement. On ne sera jamais d’accord pour que, dans un État démocratique, des gens qui s’assoient par terre pour manifester pacifiquement contre quelque chose de légitime se fassent coffrer de la façon dont ça s’est passé. Mais d’un autre côté, quand on fait des manifs contre la violence policière et que ça dégénère en violence, il y a pour le moins un paradoxe sur lequel il faudrait s’interroger. De la même façon, je ne trouve pas ça socialement normal qu’on ne soit plus capable de fêter pacifiquement, comme durant l’émeute de la Saint-Jean à Québec et de la Coupe Stanley à Montréal. Tout n’est pas blanc ou noir dans la vie…»
Si le nombre peu élevé de spectateurs n’a pas permis d’amasser beaucoup de sous pour aider à payer les frais judiciaires des 66 (qui ont d’ailleurs appris la semaine dernière qu’on les accusait d’avoir troublé la paix, d’attroupement illégal et de méfaits!), cette soirée aura au moins permis de publiciser l’affaire, de provoquer de belles rencontres musicales (avec une collaboration Loco Locass-ArseniQ33 explosive!), et de fouetter les troupes. «Un événement comme celui-là nous a encouragés à nous donner une tape dans le dos pour nous dire u’il faut continuer de nous battre pour qu’il n’y ait pas d’autres personnes qui se fassent arrêter pour rien. Il faut continuer d’avoir le droit d’exprimer nos opinions sur la place publique», m’expliquait Anne-Marie Presne, organisatrice de la soirée et l’une des principales intéressées puisqu’elle est également accusée. Je vous invite à suivre le dossier de près…
Les Breastfeeders
S’il y a une formation qui fait parler d’elle depuis quelque temps, c’est bien Les Breastfeeders. Distillant un rock’n’roll très sixties, le groupe compte sept membres, pour la plupart issus de formations existantes ou défuntes: le bassiste Joe faisait partie des MQH et de Messie Yoyo; le guitariste Sunny fait partie de Sunny Deloop, de Féroce F.E.T.A et de Rachel Halemsa; la guitariste et chanteuse Suzie a déjà pris le micro pour Les Respectables et Too Many Cooks; l’harmoniciste Robbie Beatnik a joué avec Bob Harrison, Carl Tremblay et Jim Zeller; le batteur Kiki a tenu les baguettes pour Messie Yoyo et Alice!; l’auteur et tambouriniste Johnny Maldoror a déjà dansé (!) pour Anonymus et Balthazar, en plus d’avoir déjà posé nu pour des cours de dessin (avis aux intéressées…); alors que l’auteur-compositeur, chanteur soliste et guitariste Noiro Sansloi en est à sa première expérience rock’n’roll, étant précédemment plutôt porté sur la poésie et les lectures publiques. Les deux pièces que j’ai pu me mettre entre les deux oreilles (Vivre avec toi et Ostrogoth-à-gogo) laissent présager toute une soirée de débauche, le 17 avril, aux Foufs, avec les Daylight Lovers, qui en profiteront pour lancer un vinyle sept pouces.
Santeria
Ça doit bien faire presque deux ans qu’on attend un album de Santeria, les gagnants du Polliwog de 1996. Alors, quand j’ai vu qu’ils allaient jouer au Bleu est noir, le 16 avril, en compagnie des Capones, je n’ai pu m’empêcher d’aller directement à la source pour avoir l’heure juste en ce qui concerne l’avenir de Santeria. Lorsque le chanteur Denton a retourné mon appel, il était au gym, question de garder la forme: «On a enregistré un album avec Glen Robinson qui s’est rendu à l’étape du rough mix et, par la suite, on a changé de gérant pour quelqu’un qui avait plus de plogues… On a également un vidéo pour la pièce Celebrate qui pourrait jouer à MusiquePlus demain matin. Si on attend, c’est que notre stratégie c’est de ne pas sortir indépendants; ça prend peut-être un peu plus de temps, mais ça va frapper plus fort. Pis on veut aussi changer de nom; Santeria, ça sonne un peu trop speed métal… Et dans notre ligne de mire, il y a les États-Unis et l’Europe, parce qu’entre toi et moi, le Québec, quand tu chantes en anglais…» Ce contretemps de taille n’empêche pas Denton de pondre de nouvelles chansons, et il devrait en interpréter quelques-unes dimanche.
Sunny Deloop
Extrait d’une auto-entrevue fournie avec un CD-démo de quatre titres:
– Question-piège: comment définissez-vous votre style musical?
– Ouf… Un mélange de chanson, de pop-rock, de funk, de blues, de surf, d’impro… et de rap?
– Ça ressemble à qui, à quoi?
– À nous. Jetez une oreille sur notre matériel, ça vous donnera une idée plus juste qu’une définition ou explication de notre part.
– De quoi parlent vos chansons?
– De la grande vie simple et des petites morts compliquées, des plaisirs, de l’amour, du bon et du moins bon, des rapports à l’argent, d’urbanité…
– En terminant, quelles sont vos ambitions?
– Albums, spectacles, tout ce qui nous permettra de continuer à jouer avec les mots, les notes, les rythmes et les sons de nos chansons.
Après une auto-entrevue aussi éclairante, il ne me reste plus qu’à mettre ma cote:***
One976
Ask 4 Ass
(Indépendant)
Qui aurait cru que la nouvelle formation rock’n’roll glam la plus déchaînée de Montréal serait mise sur pied par Plastik Patrik, chanteur et drag bien connu autant dans le Village gai qu’àl’extérieur de celui-ci, et par Jet Phil, guitariste et coiffeur chez Coupe Bizarre! Coréalisé par l’ex-Sassy Scarlet Ky Anto et par l’étoile montante de la scène glam rock torontoise Robin Black, ce mini-album de six pièces recèle assez d’énergie, de coups de guitare assassine, de basse cochonne et de rythmes endiablés pour décoiffer n’importe quels amateurs de musique trash invitant à la débauche des sens. Avec une superbe pochette dans le plus pur style «New York fin 70» et une reprise qui torche de She Bop de Cindy Lauper, ce disque intrigue suffisamment pour que je vous conseille fortement de vous rendre au Club Stock (un bar de danseurs situé au 1278, rue Saint-André), le 17 avril, pour un spectacle-lancement qui promet d’être pour le moins inusité. *** 1/2
Nouvelles plumes…
En terminant, vous avez sûrement remarqué deux petits nouveaux dans la section musique ces dernières semaines. Charles Comeau s’occupera dorénavant de tout ce qui s’appelle punk international ou qui s’en rapproche sur le plan de l’énergie; et Étienne Côté-Paluck, quant à lui, a été recruté pour nous pondre la rubrique BPM que vous retrouverez dans le calendrier de façon hebdomadaire. Il arpentera les bars, clubs et raves pour notre plus grand plaisir et donnera un coup de main dans la section musique pour ce qui est des musiques électroniques, lorsque l’offre (ou la demande) se fera sentir. Du sang neuf pour mieux couvrir un spectre musical en expansion continuelle…