

Retour sur Breastfeeders / One976More Romance RecordsShow d’adieu des Fous alliésYvan VolléLousnak
Parazelli Éric
Photo : Stéfane Côté
Retour sur Breastfeeders / One976
Soirée complètement rock’n’roll mais dans deux genres assez différents: lundi dernier, Les Breastfeeders répandaient la bonne nouvelle de leur rock’n’roll rétro garage yé-yé aux Foufounes, tandis que One976, formation de l’extravagant et exhibitionniste Plastik Patrik, se répandait sur la scène du club érotique Stock. Vers 21 h, Les Breastfeeders (qui chantent en français malgré leur nom) montaient sur scène et, sans perdre une seconde, nous ont envoyé des morceaux avec assurance, démontrant qu’ils sont déjà arrivés à un certain niveau de cohérence malgré la jeunesse de cette association de musiciens d’expérience. En fait, le seul qui soit vraiment un nouveau venu est le chanteur-guitariste Noiro Sansloi, qui devrait d’ailleurs davantage assumer son rôle d’entertainer entre les chansons. Parce que pendant les pièces énergiques et mélodiques au possible, ce qui se passe sur scène est hautement divertissant, chacun des membres donnant à voir autant qu’à entendre. Le tout a une saveur rétro évidente mais l’attitude, elle, ne l’est pas. Et c’est tant mieux. Une formation à surveiller de près.
Une heure plus tard, c’est dans un club érotique gai que s’était donné rendez-vous une faune bigarrée et compacte, pour assister au lancement du mini-album Ask 4 Ass de One976. Atmosphère de débauche, attitude glam caricaturée, costume sexy ou vulgaire (selon le niveau de tolérance…), décharge de batterie, guitare et basse dans la plus pure tradition new-yorkaise du rock’n’roll glam seventies, et une bête de scène en avant, rejointe le temps d’une pièce par trois fiers travestis. Je ne sais pas ce que réserve l’avenir à One976, mais je peux affirmer que, malgré le son exécrable de l’endroit, ils ont prouvé qu’ils étaient parmi les meilleurs performers en ville.
More Romance Records
On ‘est vraiment pas obligé de calquer les tendances musicales mondiales, mais il est tout de même étonnant qu’un style comme le punk d’inspiration californienne n’ait quepeu d’écho par chez nous sur le plan de la reconnaissance des talents locaux. Pourtant, à part Reset et Subb qui attirent depuis peu l’attention des médias, plusieurs groupes sont restés dans l’ombre de l’underground alors qu’ils avaient émergé au début de cette vague il y a quelques années. C’est le cas de formations comme Third Fall ou Jaymie que l’ex-chanteur de Bugs of Budsland, Michaël Tibahine, a pris sous son aile grâce à l’étiquette de disques More Romance Records qu’il a mise sur pied l’an dernier. «\Moi, je ne sors pas des disques dans le but de faire de l’argent avec ça, même que j’en perds en ce moment; j’ai signé ces bands-là pour faire réaliser au monde que la seule raison pour laquelle ils n’ont été nulle part à date, c’est que personne n’a voulu leur donner une chance. Pendant que des bands comme NOFX ou Offspring devenaient huge, l’industrie a oublié qu’on était là avant que ça explose. Dans ma tête à moi, on aurait dû être dans la clique aussi, sauf que ça ne s’est pas passé comme ça. Je pense que si Third Fall ou Jaymie étaient des bands de Californie, ils seraient dix fois plus gros. C’est pour ça que j’étais tellement heureux quand j’ai vu Subb remplir le Spectrum; enfin un band d’ici qui a travaillé fort et qui réussit à percer. Mon but ultime, c’est que les bands sur More Romance deviennent incontournables.» Le spectacle gratuit du 22 avril, à l’X, réunira les formations Subb, Third Fall, Jaymie, Blind Alley et Homer, et servira à souligner la sortie des nouveaux mini-albums de Jaymie (Between a Shadow and I) et de Third Fall (Pure Evil), ainsi que de la compilation For the Love of Music Volume 1.
Show d’adieu des Fous alliés
Après six ans d’existence, deux démos et un CD (Rue Crescent), la formation ska-punk les Fous Alliés tire sa révérence de la scène musicale. Coup de fil au guitariste Olivier pour en savoir plus sur les raisons ayant motivé cette décision: «Les membres du groupe ont trop d’activités parallèles à la musique et qu’on juge plus importantes. On en a fait asez pour être fiers du travail accompli, mais il ne faut pas se le cacher: un groupe ska-punk qui chante en français, tu feras jamais de l’argent avec ça. On n’en a jamais perdu, c’est déjà bien…»
Et si on posait la question de circonstance: le meilleur et le pire de cette courte aventure? «Le meilleur spectacle qu’on ait eu, c’est probablement au Club Soda, avec 2 Stone 2 Skank, Alaska et A Dream I Had. L’ambiance était intense et on a sûrement donné le meilleur show de notre carrière. Et la chose la plus regrettable qui soit arrivée, c’est le désintéressement progressif qui a rongé le groupe depuis un an. On s’appelle beaucoup moins qu’avant, on ne pratique presque plus… Il fallait arrêter, et je pense que c’est un bon moment.» Show d’adieu le 25 avril, aux Foufs, avec 2 Stone 2 Skank en première partie.
Yvan Vollé
Pas facile de se déraciner pour aller conquérir un nouveau public. Jugeant nécessaire de s’installer plus près du marché francophone pour mieux partager ses chansons, l’auteur-compositeur-interprète Yvan Vollé, travaille la métropole depuis quelques mois, lui qui avait déjà accompli un bon bout de chemin dans son coin, à Ottawa. Né d’une mère irlandaise et d’un père canadien-français, le chanteur à l’accent indéfinissable semblait un peu amer lorsque je l’ai joint au bout du fil. «Je m’attendais à ce que ce soit plus ouvert, plus accueillant… Mais c’est pas vraiment ça, et ça me fait un peu de peine. Ce doit être parce qu’il y a beaucoup d’artistes à Montréal, mais c’est rare que l’on se fasse choyer par l’organisation des salles où l’on joue. Je me sens un peu pouilleux des fois en tant qu’artiste… Et un artiste qui n’est pas entendu, c’est pas fort. Mais j’y crois, parce que je sais que mon destin, c’est de faire de la chanson. J’espère seulement que ça devienne plus facile et que je puisse me concentrer un peu plus sur l’artiste et moins sur l’organisation et la promotion.» En attendant qu’il nous offre une suite à l’album Triste à Paris (l’appellera-t-il «Triste à Motréal»?), qu’il pourra concocter grâce à une subvention (tout ne va pas si mal…), Yvan Vollé vous convie à un spectacle, entouré de ses quatre musiciens, au Cabaret du Saint-Sulpice, le 27 avril. «Sur scène, avertit l’homme, j’ai du fun, je suis assez théâtral et je me donne en câlisse!»
Lousnak
Démo (cinq titres)
(Indépendant)
En voilà une qui fait jaser depuis quelques mois. D’origine arménienne, mais née au Liban, Lousnak est une proche collaboratrice et amie de Lhassa. Pas étonnant qu’elle soit appuyée sur scène ou sur disque par le guitariste Yves Desrosiers, le bassiste Mario Légaré, le percussionniste François Lalonde et l’accordéoniste Didier Dumoutier. Même si Lousnak n’a jamais vu l’Arménie (et probablement à cause de cela), ses chansons nous transportent tout droit vers ce coin de pays perdu, s’inspirant des chansons traditionnelles pour nous familiariser avec cette musique où nostalgie et fête s’entrecroisent pour ne former qu’une seule et même forme d’expression. Sur ces cinq pièces enregistrées à l’état brut (mais avec des ambiances très prenantes), Lousnak envoûte, fait frissonner et donne surtout envie de la voir sur scène. Une occasion qu’elle nous offrira le 24 avril, au Quai des brumes, pour commémorer le génocide arménien, qui a la triste distinction d’être le premier du vingtième siècle. lllw
à souligner
– La Virée Chaos Phonik du Café Chaos se poursuit le 24 avril, avec les formations Mi Santa Sangre (hardcore néo-métal), Circus (rock alternatif) et Graffigne (rock franco).
– À l’occasion de la dernière semaine de La Fin du monde est à sept heures (mais qu’est-ce qu’on va devenir?…), la formation Cryptopsy s’occupera de la météo extrême les 25 et 26 avril. Une finale apocalyptique!
– Toujours dans le métal, les formations Anonymus et Barkode seront au Bleu est noir, le 23 avril.
– Pour les amoureux du chapeau de cow-boy, Les Frères Sénéchal présentent leur spectacle «2 oeufs tournée / 2 Eggs Tour», le 21 avril, au Lion d’or.