Musique

Retour sur KalembourgYawp / KerozenPopulation Hip-HopX-Fest, 2e partieRive-Sud vs Rive-Nord

Retour sur Kalembourg

Vendredi dernier, Kalembourg, le groupe le plus en vue de la scène locale de la Côte-Nord (plus précisément de Sept-Îles), débarquait pour la deuxième fois au Cabaret. La place était passablement remplie et, personnellement, je ne m’attendais pas à avoir de grandes révélations à la suite de l’écoute de leur album L’Aquarium, paru l’automne dernier. Par contre, si je n’ai pas été renversé par son rock alternatif à la québécoise, métissé de funk, reggae, hip-hop et jazz fusion, il faut bien reconnaître que Kalembourg n’emprunte pas le chemin le plus facile, ce qui est tout à son honneur. De sorte que l’étiquette réductrice (et tout de même un peu méprisante…) de «rock de région» ne leur convient pas tout à fait. Tous dans la jeune vingtaine, les musiciens débordent d’énergie et de volonté de ne pas se répéter, mais sont encore trop collés sur une certaine tradition québécoise qu’ils n’arrivent pas à transcender. Et lorsqu’ils ont commis cette inutile version d’Another Brick in the Wall, de Pink Floyd, j’avoue avoir eu un haut-le-coeur… Mais bon, il reste que Kalembourg, même s’il ne réinvente pas la roue, est loin d’être un mauvais groupe, et l’efficace section de cuivres dirigée par Luc Lemire des Funkafones y est certainement pour quelque chose. Reste à voir ce que ça donnera aux FrancoFolies, le 29 juillet, lorsque Kalembourg montera sur la grande scène du Spectrum, en doublé avec le Français Saez.

Yawp / Kerozen
On le sait, malgré quelques efforts isolés, les scènes locales anglo et franco évoluent chacune de leur côté sans que les publics, les artistes ou même les journalistes respectifs ne se côtoient vraiment. Un exemple? Les soirées Yawp, de Jake Brown, qui mélangent musique et spoken words du côté des anglos, sont apparues à peu près en même temps que les Kabaret Kerozen de Pat K, et partagent ce même goût de la célébration anarchique des mots et des chansons. Pourtant, jamais ces deux univers ne se sont rncontrés jusqu’ici. Cet apartheid culturel sera chose du passé dès le 13 mai, au Cabaret, alors que le Yawp et le Kabaret Kerozen uniront leurs forces et, espérons-le, leurs publics. Pat K explique la genèse et le déroulement de l’événement: «J’y suis allé une fois et j’ai vu Jake Brown tout nu! Ce qui fait que je n’y suis jamais retourné… Mais sans blague, Jake Brown, c’est un méchant malade, et il crée une ambiance qui est proche de l’hystérie. Et toute la désorganisation du Yawp me rappelait les premiers Kabaret. Le contact entre nous s’est fait aux MIMI’s; il avait entendu parler de nos soirées et plusieurs personnes lui avaient suggéré de faire quelque chose avec nous, question d’attirer le public francophone. Toute la soirée va se dérouler en alternance: une performance anglophone suivie d’une performance francophone, le tout entrecoupé des présentations de moi et de Jake. Et comme on ne verse ni l’un ni l’autre dans la politique, ça va être une occasion de montrer qu’il y a moyen de se parler sans nécessairement avoir pour but ultime d’unir le Canada. Et on promet qu’il n’y aura pas de jokes niaiseuses ni sur les anglos ni sur les francos…» Au programme: Trip the Off, Dr Placebo, Iz Cox (punk acoustique), Les Abdigradationnistes, le retour de Cayenne (qui en profiteront pour lancer un nouvel album), les artistes bluegrass Scott Gilmor, Paul Sischy et Andrew Sweeny; Khan Gourou (avec un chanteur additionnel se nommant Normal Bates) et DJ Mutante, ainsi qu’une projection d’un film de Patty Soontag. Bonne soirée, have a good show!

Population Hip-Hop
De plus en plus, la culture hip-hop devient un véritable outil d’intervention sociale auprès des jeunes des quartiers défavorisés. Par exemple, il y a un an, la table de concertation Vivre Saint-Michel en santé a créé un projet de compilation hip-hop, qui s’est concrétisé avec l’aide de la maison des jeunes Par la Grand’Porte, le Centre de loisirs Saint-Damase, et avec l’appui financier du Cirqu du Soleil. Un concours a été organisé dans le quartier Saint-Michel pour sélectionner quatre formations rap. Les jeunes ont participé à toutes les étapes du projet. Un an plus tard est née la compil Population Hip-Hop, qui regroupe les formations Tra-G-Die, Amalgamate, Shamaz et Homeboy(s), et qui servira à leur promotion. Daniel Diaz, coordonnateur du projet, m’expliquait que cette méthode d’intervention permet aux jeunes de développer des outils (responsabilité, persévérance, professionnalisme) qui leur permettront de mieux fonctionner en société: «Les projets tournant autour de la culture hip-hop sont résolument les plus populaires auprès des jeunes qui fréquentent les organismes communautaires de quartier. Ça semble être la seule chose qui leur corresponde vraiment et qui leur permets de parler de leur réalité, de leur rapport avec la société et de leurs préoccupations. Ce qu’ils nous passent comme message, c’est: "Que je crie, que je chiale ou que je chante: écoutez-moi!"» Pour tendre l’oreille, allez donc faire un tour du côté du Centre de loisirs Saint-Damase (1711, 17e Avenue, près du métro Saint-Michel), le 18 mai, alors que les quatre groupes donneront un concert gratuit qui débutera à 19 h.

X-Fest, 2e partie
Comme promis la semaine dernière, voici la programmation des trois dernières soirées du X-Fest, mini-festival servant à souligner le deuxième anniversaire du Centre d’expression, de création et de diffusion punk et underground L’X. Si vous lisez ces lignes ce jeudi 11 mai, il devrait vous rester quelques heures pour vous rendre à la soirée «éclectique» mettant en vedette les talents divers de Loco Locass, Line Three, De la Caucase, Another Kultur Klash et Mi Santa Sangre; sinon, le 12, préparez-vous à «skanker» d’aplomb avec les formations ska 2 Stone 2 Skank, The Cartels, Alaska, The Carpets Seewpers et S.T.O.P.: une très belle brochette musicale pour qui apprécie ce style; le 13 mai, une ambiance beacoup plus sombre lors de la soirée métal réunissant les formations Agony, Blood of Christ, Malamor, Emböm, Eternal Suffering, Unhuman, et Neuraxis qui en profitera d’ailleurs pour lancer une compilation de groupes locaux sur son label Neoblast (qui sera disponible sur le site neoblast.com); finalement, le 14 mai, on donne dans le hardcore avec les groupes américains God Below et All Out War et les locaux Insist Black Hand et Body Bag.

Rive-Sud vs Rive-Nord
C’est à une bataille assez particulière que vous convie Flashwood Productions. La soirée baptisée The Battle of Montreal mettra aux prises deux formations de la Rive-Sud (Freakend’s et Junk Head) et deux de la Rive-Nord (Big Ling et EskaP 90210), dans un affrontement sanglant où les amateurs de ska et de punk seront les vrais gagnants. Il est certain que mes origines longueuilloises me font nécessairement pencher du côté de la Rive-Sud, mais il ne faudrait pas qu’un vulgaire caractère chauvin fasse pencher la balance. Après tout, ce dont il s’agit ici, c’est d’abord et avant tout d’une célébration de la musique. Le match débute à 20 h, le 18 mai, à L’X.

à souligner
– La portion montréalaise du concours Envol et Macadam (qui permettra au gagnant de se mesurer aux autres groupes lors d’une grande finale à Québec, le 3 juin) mettra aux prises les formations ?Alice! (électro-pop), Carved in Stone (alternatif), Comatoze (hip-hop) et Hypnos (techno-métal). Le 14 mai, au Petit Campus.
– Dernière semaine de préliminaires pour la Virée Chaos Phonik du Café Chaos, le 15 mai, avec les formations Anne’s Bank, Flying Society et Astrophonia.
– La formation ska The Planet Smashers sera au Café Campus, le 18 mai.
– La formation locale Tierra s’occupera de la première partie du spectacle de Sergent Garcia, dans ce qui promet d’être l’un des shows les plus chauds de la smaine…