MEG-Paris: la croisière en folie!
Musique

MEG-Paris: la croisière en folie!

Oh boy! Passer une soirée en club avec des D.J. aux commandes, c’est déjà quelque chose; imaginez passer une semaine à Paris avec une dizaine d’entre eux… C’est ce qu’on appelle du sport! Non mais sans blague, ce fut une semaine assez mouvementée et extrêmement fertile en anecdotes. Des histoires pas toujours racontables dans un journal, mais qui pourraient toujours servir de monnaie d’échange à un journaliste mal intentionné… Mais non, je n’oserais jamais, voyons… Quoique…

Trêve de racontars, venons-en aux faits. Comme vous le savez, l’événement Montréal Électronique Groove (le MEG pour les intimes), qui se tenait chez nous il y a quelques semaines, est en pleine opération tentaculaire du côté européen. C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté de me sacrifier (…) pour témoigner de l’étape parisienne de l’événement qui se tenait au Batofar (un magnifique club-bateau flottant sur la Seine), les 15 et 16 juin derniers. Étaient présents: Martin DuMais des Jardiniers, DJ Maüs (Haute Couture), Dragan du label Ascend, Fred Everything (qui lancera un album à la fin du mois) et Nic B des Couch Potatoes, à la soirée du jeudi; et Arkin Allen (Sugarmonk Records) et DJ Ram (Ramasutra) à la soirée de vendredi, où se sont aussi greffées les performances live du Parisien Smadj et du Londonien U-Cef.

Mais avant de passer à la description de ces deux soirées plutôt réussies, revenons quelques jours en arrière. Il est certain qu’une telle promiscuité entre les D.J. eux-mêmes et entre les D.J. et le journaliste est assez rare. Ce qui fait que les premiers ont enfin la chance de se côtoyer et de partager leur expériences et anecdotes; et que le second a l’occasion de mieux connaître ces personnages qui font que la vie nocturne montréalaise est aussi riche. Que ce soit à l’hôtel, au resto, en balade dans Paris ou au ciné (pour vor le film britannique Human Traffic, un savoureux portrait d’une bande de clubbers sur l’herbe et sur les pilules que tous ont apprécié sauf Martin DuMais, qui ne trouvait pas ça assez hard…), les échanges et l’esprit de liberté qui prévalent lorsqu’on est en voyage permettent de mieux comprendre ce qui fait spinner ces as des platines et de mieux saisir leurs personnalités. Par exemple, on a pu apprécier les talents de conteur de DJ Ram, le «Capitaine Bonhomme» du groupe; la personnalité très zen et quasi mystique d’Arkin Allen; le mélange de naïveté et d’assurance de Dragan, l’attachant cadet de la délégation; la complicité évidente qui lie les trois Jardiniers (DuMais, Houde et J.-F. Charrette); le sens exacerbé de la fête et de la déconnade de Nic B, Fred Everything et Éric Lapointe (gérant des Couch et du Jingxi), trois amis de longue date; et l’ouverture d’esprit de DJ Maüs, la seule fille du groupe qui semblait parfaitement à l’aise au milieu de toute cette testostérone.

Mardi, trois «délégués» (Maüs, Fred Everything et Ram) se sont rendus à Londres, pour y jouer dans le cadre d’une soirée MEG plutôt décevante. Très peu de spectateurs, nos D.J. jouant dans l’indifférence générale, alors que les performances live des non-Montréalais U-Cef, Digital Bled et Psychic Phenomena semblaient constituer l’attraction principale de la soirée. Promotion déficiente et mauvais choix de date, selon Paul Gilbert, programmateur du MEG Montréal. DJ Ram en aura au moins profité pour faire quelques achats de disques rares, et Maüs, pour perdre la clef de sa caisse de disques…

Une déception qui a vite fait place à une certaine frénésie puisque les grandes soirées approchaient. En arrivant au Batofar jeudi après-midi, une visite des lieux a permis de constater l’ambiance intime de la place et l’excellence de la «sono», comme disent les Français. Nic B n’en revenait tout simplement pas: «Je ne voudrai plus jamais jouer ailleurs! C’est comme mi mais en système de son», disait-il à la blague. D’après Fred, si l’isolation de la cale du bateau y était pour quelque chose, le fait qu’il soit sur l’eau jouait beaucoup dans le résultat final. Quoi qu’il en soit, c’est à Martin DuMais qu’est revenue la tâche ingrate d’amorcer la soirée devant… une dizaine de personnes. Le pauvre Jardinier, malade de surcroît, n’aura pas marqué de points cette fois-ci. DJ Maüs, plus chanceuse, a livré un excellent set, très varié comme toujours, devant une foule qui commençait à remplir la salle de trois cents places de manière plus significative et qui ne s’est pas fait prier pour danser énergiquement. Catherine Pogonat et Serge Mailloux, de l’émission Arrive en ville de CIBL (qui ont produit deux émissions en direct des studios de Radio-Nova), m’ont avoué que lors d’un vox-pop réalisé à la sortie du Batofar, Maüs semblait avoir été celle ayant le plus marqué les Français.

Ont suivi, dans l’ordre: Dragan, avec un set semi-live (CD plus effets en direct), passant du house au techno trancy qui a véritablement mis le party dans la place malgré une originalité limitée; Fred Everything, plus rentre-dedans qu’à l’accoutumé, qui a sué et fait suer avec son house chaud comme une nuit de juin; et Nic B, qui a terminé la soirée de belle façon avec ses rythmes house funky et quelques morceaux des Couch Potatoes, malgré le fait que ses facultés affaiblies lui aient fait renverser sa boîte de disques… Une première soirée cent pour cent montréalaise qui s’est terminée dans le bordel le plus total dans la mini-van officielle qui avait davantage des airs d’autobus scolaire…

Le lendemain, c’était au tour des anglos DJ Ram et Arkin Allen de montrer de quel bois ils se chauffaient. Cette fois, grâce à l’oeil vigilant de Paul Gilbert qui a insisté pour que la table des D.J. soit avancée de quelques pieds, nos D.J. ne se sont pas fait damer le pion par les performances live de U-Cef et Smadj, comme ce fut e cas à Londres. Arkin a livré un set plus house que celui qu’il avait offert au Club Soda, jugeant probablement (et avec raison finalement) que la foule compacte exigeait quelque chose de plus léger et avec une bonne dose de vocal. Quant à DJ Ram, il aura mis un peu plus de temps à bien saisir ce qui se passait sur le plancher de danse, pour finalement mettre le hip-hop funky de côté pour se concentrer sur une musique plus tribale, virevoltant de percussions et de beats hypnotiques qui a fini par créer une véritable frénésie sur la piste de danse, jusqu’à quatre heures du matin, la foule réclamant à grands cris que la fête continue. Pour sa deuxième présence au MEG Paris, Ram aura «scoré» en prolongation…

Côté promotion de l’événement, on ne peut pas dire que le tout-Paris fut mis au courant. Mis à part les deux émissions de l’équipe de CIBL à Radio-Nova, des mentions furent faites dans Télérama, Nova Magazine et Trax, mais rien dans Libération qui est pourtant assez ouvert à ce genre d’événement. Mais bon, le MEG n’en est qu’à sa deuxième édition et il y a fort à parier qu’il prendra de plus en plus d’expansion.

La semaine prochaine, on termine ce dossier avec une entrevue que m’a accordé des gens du magazine Coda (qui ont concocté un spécial Québec qui a beaucoup fait jaser à Montréal), des nouvelles du reste de la tournée qui passe par Berlin, Budapest, Lisbonne, Lyon, Barcelone (au Sonar) et Prague, ainsi que quelques nouvelles dignes de mention récoltées durant ce séjour épuisant mais mémorable à Paris…