

Droits d’auteur et InternetPolliwog: la finaleBande à part
Parazelli Éric
Photo : Stéfane Côté
Droits d’auteur et Internet
Dimanche dernier, au Café Campus, avait lieu l’assemblée générale de la SOPREF (Société pour la promotion de la relève musicale de l’espace francophone.) On y a discuté des dossiers en cours, des finances (la SOPREF nage toujours dans l’incertitude concernant les subventions mais termine l’année sans déficit) et d’autres quincailleries internes, mais tous ont appuyé la proposition d’aller de l’avant avec le projet Distribution Locale, qui s’affairera à fournir les magasins de disques de la province en productions indépendantes. La SOPREF espère mettre le tout sur les rails d’ici la fin de 2000 et prévoit atteindre l’autosuffisance au bout des trois premières années, selon une étude effectuée ces derniers mois. Deux nouveaux membres ont été élus au conseil d’administration: Franz Schüller de GrimSkunk et Indica, et Vincent Martineau de l’émission Bande à part, à Radio-Canada.
Mais ce qui m’a davantage attiré au Campus un dimanche après-midi, c’est la discussion traitant de la musique sur Internet et les droits d’auteur qui a suivi l’assemblée générale. On avait invité France Lafleur de la SOCAN (organisme gérant les droits d’exécution publique), Serge Provencal de la SODRAC (organisme gérant les droits de reproduction) et François Nadeau du site Web Netmusik. Avec tout le boucan qu’a provoqué un site comme Napster et la facilité avec laquelle on peut télécharger gratuitement de la musique, il semble de plus en plus évident que la question n’est plus de savoir si l’on devra payer des droits d’auteur pour ces activités virtuelles, mais bien «qui» devra payer et «combien». Si madame Lafleur se disait impuissante à percevoir des droits pour la musique «downloadée» sur Internet (because elle attend la décision d’un tribunal administratif), elle ne cachait pas qu’elle pencherait pour un tarif fixe par abonné qui servirait à redistribuer les droits d’auteur aux ayants droit; de son côté, monsieur Provencal se disait davantage en faveu d’une forme de redevance de la part des producteurs de supports CD, un peu comme pour les cassettes vierges dont une partie du coût est redistribuée en droits d’auteur; et pour ce qui est de François Nadeau, s’il disait en avoir plein son casque d’entendre parler de redevances et de législation, il se disait conscient de l’urgence de régler le problème. C’est pourquoi il a présenté son nouveau partenaire Dan Webster, de Greenland, mais surtout de mondolive.com, un site musical qui devrait bientôt révolutionner la façon de comptabiliser les droits d’auteur dans cette jungle numérique. En effet, Mondolive dévoilera d’ici quelques semaines un logiciel baptisé Flipr, qui permettra de suivre la trace d’un fichier musical afin de compter précisément le nombre de téléchargements effectués par les abonnés. Des droits d’auteur seront ainsi redistribués grâce, entre autres, aux revenus publicitaires qu’attirera le site. Aucuns frais, donc, pour les usagers! Si les représentants de la SOCAN et de la SODRAC se sont montrés ouverts à une telle expérience, il restera certainement plusieurs détails à régler, dont l’évaluation du montant à payer par téléchargement, beaucoup trop bas selon monsieur Provencal… Bref, on n’est pas sortis du bois, mais on voit venir des éclaircies…
Polliwog: la finale
Question de sonder un peu sur le terrain l’influence du Web et des MP3 auprès des groupes émergents, j’ai posé quelques questions aux six finalistes du concours Polliwog: Gou-H, Witz, Hypnos, Kaleidoscopik View, Miss Clito et Blinded by Faith. Sur les six groupes, trois possèdent leur propre site (avec infos et chansons complètes en MP3 offertes gratuitement), alors que les trois autres prévoient faire de même à court terme. Si tous les groupes concernés confirment que les MP3 gratuits sont un excellent moyen pour se faire connaître, ils sont beaucoup moins chauds à l’idée que des chansons issues d’un futur album leur ayant coûté beaucoup plus cher que leurs démos actuels se promèent sans en recevoir de bénéfices. Autrement dit: tant qu’on est petit, c’est parfait, mais dès qu’on sera gros, on voudra être payé! Toutefois, pour l’instant, comme me le disait Dave, bassiste de Gou-H: «À notre niveau, on a plus d’avantages à se faire connaître avec les MP3 qu’à essayer d’en tirer profit.»
À vrai dire, les MP3, les droits d’auteur et le Web, les six membres à qui j’ai parlé s’en foutaient un peu, car ce qui les préoccupe beaucoup plus en ce moment, c’est la grande finale du Polliwog, qui aura lieu le 28 septembre, au Café Campus. Je leur ai demandé de me décrire l’état d’esprit dans lequel ils allaient affronter cette dernière étape, où il n’y aura qu’un seul gagnant. Voici leurs réponses:
Mathieu, guitare et voix de Witz: «Notre objectif, c’est carrément de remporter la victoire! C’est une occasion en or pour nous lancer. Et comme il n’y a que le groupe qui termine en première position qui gagne tous les prix, c’est clair qu’on veut gagner.»
Dave, bassiste de Gou-H: «Jusqu’à maintenant, on a été très agréablement surpris de la réception qu’on a eue durant le concours. Et je dois t’avouer que plus ça avance, plus j’ai la patate qui pompe… Ça va être notre show le plus important à Montréal, ça c’est certain!»
Julie, chanteuse d’Hypnos, gagnant de l’édition 2000 d’Envol et Macadam: «Déjà, d’être en finale, on est très content. Et tous les groupes qui s’y retrouvent ont des chances de gagner car je crois qu’il y a autant de critères d’évaluation qu’il y a de juges. Donc, tout peut arriver; l’important, c’est de donner un bon show.»
Nathalie, chanteuse de Kaleidoscopik View: «Notre but, c’est surtout de se faire voir par le plus de monde possible. Alors on va essayer de faire ça de la façon la plus extravagante qui soit pour se faire remarquer. Et on verra bien ce qui se passera…»
Frak, batteur de Miss Clito: «Nous, on a participé à la demi-finale en tant que band remplaçant, alors on n’avait pas de grandes ambitions. On joué strictement pour le fun et ça a marché, donc on va faire la même chose pour la finale!»
Daniel, guitariste de Blinded by Faith: «Le fait de participer à la finale, je le vois comme le résultat de nos efforts passés. À cause de notre style (black métal mélodique) qui n’est pas autant accessible que celui d’autres groupes, on est un peu surpris de s’être rendu aussi loin, mais on participe surtout pour l’expérience que ça apporte.»
Alors, on se fait un petit compte rendu dans deux semaines?
Bande à part
L’équipe de Bande à part, l’excellente émission de musique alternative francophone de la Première Chaîne de Radio-Canada, en ondes les vendredis de 20 h à 22 h (animée par Vincent Martineau et à laquelle j’ai collaboré tout l’été… d’où la plogue…), a passé la saison estivale à courir les événements majeurs de l’été pour mettre en boîte plusieurs concerts qui seront retransmis à raison de deux par mois. Ça commence le 22 septembre avec un condensé d’une heure du dernier Kabaret Kerozen des FrancoFolies. En plus des spectacles de nos cousins français La Brigade (6 octobre), Dionysos (3 novembre) et Lofofora (12 janvier), plusieurs concerts de groupes de la relève seront aussi diffusés: Les Marmottes Aplaties (20 octobre), Loco Locass (17 novembre), Groovy Aardvark (1er décembre, en direct), Les Cowboys Fringants (15 décembre), Zéro Celsius (29 décembre) et WD-40 (26 janvier). Aussi, Radio-Canada prépare pour bientôt un site Internet musical pour le moins ambitieux. Je vais suivre le dossier de très près…
À souligner
Même si Marc Bisaillon des 3/4 Putains est très fâché de la façon dont le Conseil des Arts et des Lettres du Québec a traité et refusé sa demande de subvention (on y reviendra sûrement), ça ne l’empêchera pas de traîner son groupe au Quai des brumes, le 23 septembre.
– Les Cowboys Fringants et leurs nombreux fans envahiront le Cabaret le 22 septembre.
– La formation rock’n’roll The Hoax ic. persévérera dans sa «bataille sans fin contre la sobriété» le 24 septembre au Bleu est noir, en compagnie des Torontois Clark Nova.
– Les Kamikazes nous présenteront leur deuxième 45t en deux ans, paradoxalement intitulé Time for Rock’n’Roll, lors d’un concert au Jailhouse, le 21 septembre.
– Les Séquelles viennent de signer une entente avec l’étiquette de disques Grenadine (The Dears, The Frenetics) pour un album à être lancé dans les prochains mois. Ils seront au Petit Campus le 23 septembre.