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Retour sur Soirée 2 Tongues The DearsRetour sur Sylvie Laliberté/DJ Horg = K-lysEss’n’ClubLes Francouvertes: semaine 2

Retour sur: Soirée 2 Tongues

Grande soirée ska au Medley, samedi dernier. Inséré dans la programmation de Coup de coeur francophone, ce moment festif et énergique voulait également souligner le lancement du volume 2 de la compilation de ska francophone 2 Tongue: le Québec en montre une. Une compilation regroupant 20 formations d’ici et de France… qui, hélas, n’était pas prête au moment du lancement! Être indépendant a ses désavantages… Quoi qu’il en soit, les formations, elles, étaient prêtes, et les prestations se sont déroulées au quart de tour, respectant l’horaire avec la précision d’un batteur ska. The Kingpins ont d’abord interprété les trois chansons qu’ils connaissaient en français (dont les reprises de Manon, viens danser le ska et de L’Aventurier d’Indochine), avant de laisser la place à 2 Stone 2 Skank, Funny Brasska et The Mobsters. Si les premiers ont un côté bum pas déplaisant (quelques-unes de leurs chansons parlent de bière, de pot et de champignons); les seconds semblaient triper davantage à exécuter finement leur musique qu’à structurer des chansons; alors que les troisième auraient eu intérêt à exploiter davantage leur côté instrumental tellement le chanteur des vétérans Mobsters avait de difficulté à chanter juste. En fait, on peut affirmer que les trois groupes ont de sérieux problèmes de voix. C’est bien beau, l’énergie, les mélodies et l’attitude, mais c’est souvent l’interprétation qui fait la différence entre rester dans l’underground et émerger au grand jour. La formation française Les Caméléons, qui clôturait la soirée, l’a bien compris: elle nous a servi une bonne dose de ska et de punk-rock à saveur latino avec un enthousiasme communicatif comparable à celui des groupes comme Zebda et Sergent Garcia. J’exagère à peine… Tout ça pour dire qu’il faudra les faire revenir au plus vite, ceux-là.

The Dears
Depuis le lancement de leur premier album End of a Hollywood Bedtime Stories, la formation montréalaise The Dears s’est fait comparer plus souvent qu’à son tour à d’illustres représentants du son britpop comme Pulp et Blur. Loin d’être réductrices, ces comparaisons n’en sont pas moins agaçantes pour le chanteur et auteur des textes Murray Lightburn: "Je crois que beaucoup de gens font ces comparaisons parce qu’ils les ont entendues de quelqu’un d’autre. Mais ces derniers temps, nous nous sommes pas mal éloignés de ces influences; nous changeons tranquillement de direction; on est plus aventureux, je crois. On s’en va vers des sentiers plus expérimentaux, mais en faisant attention de ne pas laisser tomber l’aspect pop de notre musique. On veut tout de même continuer à communiquer avec notre public; on ne veut pas se le mettre à dos…" Les choses bougent quand même pas mal pour les Dears; tout juste revenus d’une mini-tournée américaine, qui a débuté au CMJ de New York (où le groupe a partagé la scène avec l’étrange Momus), et qui leur a permis de présenter leur disque nouvellement distribué sur ce territoire par les Disques Grenadine, ils feront un arrêt au Café Campus, le 23 novembre, avec Julie Doiron en première partie, avant d’assurer à leur tour la première partie de King Cobb Steelie à Toronto, où ils sont, semble-t-il, fort appréciés. Profitez-en, car après ces deux concerts, The Dears prendront quelques mois de répit avant de travailler sur leur second disque.

Retour sur Sylvie Laliberté
On l’attendait avec impatience, cette Sylvie Laliberté. Elle s’est pointé le bout du nez sur la scène du Lion d’or, mardi dernier, avec pour seul décor un écran servant de support à des projections vidéo. Elle amorcera le spectacle en faisant du lipsync sur deux chansons, avec une carotte en guise de micro; le personnage était installé et la foule du Lion d’or, d’abord un peu déstabilisée, a eu tôt fait de se laisser emporter par son mélange de naïveté et de lucidité. Par la suite, on a fait place à la "vraie" musique: celle de son groupe, discret mais diablement efficace, placé légèrement en retrait, comme pour laisser tout l’espace à l’interprète. De chanson en chanson, la petite Sylvie s’émancipait davantage, ses courtes interventions de philosophie du quotidien prenaient de plus en plus leur sens et le public augmentait sa cote d’amour au fur et à mesure que l’expérience se poursuivait. Chose étonnante, celle qui chante souvent avec un filet de voix sur son disque Dites-le avec des mots se révèle une excellente interprète poussant la note de façon très juste. Avec son univers technologico-romantico-acoustique, il y a fort à parier que Laliberté se taillera une place bien à elle dans le domaine de la chanson québécoise. Du plaisir simple comme celui-là, on en prendrait beaucoup plus souvent…

DJ Horg = K-lys
Il est plutôt rare que les D.J. et beatmakers passent au micro. En général, ils sont assez discrets, assurent l’aspect musical et les scratchs; alors que les M.C. s’époumonent à déverser leur flow sur le devant de la scène. Mais ce n’est pas la vision de DJ Horg. Lui, il veut tout faire: les beats, les scratchs, les textes et le flow. Il vient de coucher quatre titres sur un CD démo, et s’est rebaptisé K-lys. Le résultat partiel (ce que j’ai écouté n’était qu’une préproduction) est vraiment étonnant (et je ne dis pas ça parce qu’il m’a plogué dans la pièce Règle de base… quoique…); son phrasé joual coule très bien et ses textes frappent là où ça fait mal… Il fera ses débuts de M.C., le jour de son anniversaire, le 17 novembre, à La Place à côté, dans le cadre de la quatrième édition de Rap Flow sur le Plateau, un événement organisé par Horg/K-lys. Aussi au programme: des prestations des Cavaliers noirs (qui en profiteront pour projeter leur premier vidéoclip), Vice Verset, Le Queb (projet solo de Shado du duo Complys) et Uni-t. Les D.J. Naes et Jaber répondront également présents.

Ess’n’Club
Envoûtante! Il n’y a qu’un mot pour décrire la musique de la formation Ess’n’Club. Ce groupe de six musiciens de Québec fusionne sa passion pour le folklore, la chanson française, le violon tsigane et le jazz depuis 1996. À l’origine du projet, l’accordéoniste Steve Normandin et le violoniste Sylvain Neault ont fait évoluer leur peinture musicale jusqu’à y inclure des influences russes, arabes, irlandaises, roumaines ou juives. Tout ça est particulièrement bien fait, et ça ne sent jamais l’exercice archéologique, comme on peut s’en rendre compte sur le disque Nuits nomades. Ess’n’Club, déjà bien connus à Québec et même en France où ils sont allés répandre la bonne nouvelle, mériteraient de l’être davantage dans la métropole. Justement, ils jouent à La Place à côté, le 19 novembre.

Les Francouvertes: semaine 2
Comme je ne pouvais pas manquer le spectacle de Laurent Garnier au Club Soda (voir page 43), et comme je n’ai pas le don d’ubiquité, voici, en lieu et place de mon maillet de juge, des commentaires pour le moins enthousiastes que des membres du public ont prit la peine d’écrire sur les feuilles qui leur sont remises chaque lundi, au Zest, dans le cadre du concours Les Francouvertes. Les trois formations participantes étaient Ainsi soient-ils, Mauvais Sort et La Chango Family.

Ainsi soient-ils: "Bravo! Wow! Quelle prestation époustouflante. Belle recherche musicale, poésie délicieuse."; "Des sons nouveaux, des voix adorables, des textes tirés de la vraie vie, des mélodies qui sortent de l’ordinaire. Bravo!"

Mauvais Sort: "Vraiment très professionnel. Ils feraient dégeler un iceberg!"; "Génial, communion avec le public remarquable."; "Ce sont nos racines qui reprennent vie."

La Chango Family: "Absolument merveilleux, voués à un grand succès, ils sauront indéniablement nous faire traverser l’hiver."; "Ça, ça donne le sourire et ça rend joyeux."; "Merveilleux, le vent dans les voiles au soleil. Le souffle de la vie."

Lundi prochain (le 20 novembre), vous pourrez juger et apprécier les formations Sculpture du son, Karmad’aï et Exode.

À souligner
La formation hip-hop Catburglaz lancera officiellement son disque le 16 novembre, au Kola Note, dans le cadre d’un 6 à 8 qui promet d’être haut en couleur. L’album en question ne sera cependant en vente qu’à compter du 14.

Du punk en vrac, le 17 novembre à L’X, avec ThirdFall, Jaymie, The Pavers, New Fist et Stinking Dogs. Les deux derniers en profiteront pour lancer chacun leur nouvel album respectif.

Deux soirées au Bleu est noir à mettre dans l’agenda des amateurs de rock: le 19 novembre, avec Floating Widget, Mad King Ludwig et Sabbath Café; et le 22, avec WD-40 et Tony Mess.

– Veuillez prendre note que mon nouveau numéro au journal est le 848-0805, poste 400.