Musique

Le K Kerozen: suite et fin Retour sur Flashback

Le K Kerozen: suite et fin?

Une boîte de Pandore, une poupée russe, un panier de crabes: appelez ça comme vous voulez, il reste que le cas de la coopérative Kerozen vs son ex-cofondateur et président Pat K a, comme on pouvait s’y attendre, continué à faire jaser. Le c.a. de la coopérative (maintenant réduit à quatre personnes, dont le porte-parole Ugo Cloutier) m’a fait parvenir une longue déclaration officielle pour préciser certains points, en plus de répondre aux propos que Pat K tenait dans cette chronique la semaine dernière, le tout rédigé sous forme de lexique et de description chronologique. On y apprend que l’étiquette de disques L’Empire Kerozen n’avait absolument aucun lien avec la coopérative, excepté le fait que Pat K la gérait pour le compte d’Indica. Elle fut d’ailleurs dissoute après le renvoi de Pat K de chez Indica. Le nom "Empire Kerozen" en tant qu’étiquette de disques appartient donc à Indica Records. Au sujet du déménagement de la boutique Kerozen du Local de la SOPREF vers l’avenue du Mont-Royal, outre un besoin d’une plus grande visibilité, il semble que des "conflits de personnalité et d’ambition" entre Jean-Robert Bisaillon (alors membre du conseil d’administration, qui s’opposait au projet d’expansion de la coop) et Pat K, en seraient l’origine. On y apprend aussi que les problèmes financiers de Kerozen avaient pris des proportions astronomiques à la suite des FrancoFolies: plusieurs grosses dépenses "floues" auraient été faites par Pat K, alors que le c.a. n’était pas au courant. Une réunion d’urgence de celui-ci en septembre a débouché sur des recommandations pour remettre la coop sur la bonne voie. Aucune des directives relatives à la gestion de la boutique n’aurait été respectée par Pat K. En décembre, la situation dégénère et le c.a. doit "envisager des actions concrètes avant que les administrateurs ne deviennent responsables des erreurs de Pat K".

On le convoque alors par écrit à une réunion des membres à laquelle il ne s’est jamais présenté. Il a donc été destitué du poste de président de la coopérative et de son statut de membre, en plus de se voir interdire l’accès à la boutique pour éviter qu’il n’y revienne pour tenter d’écouler des marchandises, ce qu’il aurait d’ailleurs fait par infraction cinq jours plus tard, toujours selon le c.a. de la coop. Le conseil a maintenant repris le contrôle des actifs de la coop ainsi que de la boutique et n’envisage pas pour l’instant d’intenter des procédures légales envers Pat K.

En ce qui a trait à la réaction du c.a. face aux déclarations faites par Pat K dans la Scène locale du 4 janvier, je vous en reproduis quelques passages:

Pat K: "Je ne me suis pas fait juste des amis avec Kerozen… Mais on n’était pas obligé de me pitcher une brique; j’étais déjà à terre…"

C.a. de Kerozen: "La brique, Pat l’a vue venir de loin… Il s’est mis à terre pour l’éviter. La preuve: il avait déjà pris des arrangements pour fermer la boutique et Kerozen du même coup, plusieurs semaines avant, à l’insu du conseil, bien sûr…"

Pat K: "Le problème, c’est que les projets ont tous déboulé en même temps et ça nous aurait pris des investisseurs ou des subventions pour assumer le tout. Mais ça ne s’est pas réalisé et tout a déraillé…"

C.a. de Kerozen: "Pat a toujours fait des choix de façon unilatérale, tout seul et sans consulter son c.a. Une subvention fut sabotée parce qu’il ne voulait pas payer les déductions à la source. Nous avions des partenaires prometteurs, mais aucun suivi n’a été fait alors que Pat en avait pris la responsabilité, et tout a foiré…"

Pat K: "Ma plus grosse gaffe, c’est d’avoir transformé Kerozen en coop; ça m’a juste mis des bâtons dans les roues."

C.a. de Kerozen: "Pat a fondé une coopérative pour se garantir l’implication et la fidélité de ses bénévoles, mais n’a jamais compris (ou voulu comprendre) ce qu’était vraiment une coop."

Pat K: "Mais je ne leur en veux pas pour ça, ils ont pris cette décision par instinct de survie…"

C.a. de Kerozen: "Kerozen était en train de mettre en péril toute relation de confiance au sein de la scène locale. On s’est rendu compte qu’il y avait trop de monde qui se faisait avoir et qu’on allait être tenu responsable de décisions et d’ententes pour lesquelles on n’avait pas eu de mot à dire…"

La lettre se conclut avec l’annonce que la coop sera bientôt dissoute, la boutique et le magazine, fermés. Aussi, pour aider le c.a. à joindre les artistes impliqués dans cette déconfiture, on leur demande d’envoyer leurs coordonnées à [email protected].

Dans toute cette histoire, au-delà des guerres intestines qui semblaient ronger la coopérative Kerozen, ce qui est le plus dommage, c’est qu’encore une fois, une initiative de rassemblement et de solidarité de la scène locale se voit anéantie par le manque d’expérience et de vigilance. Espérons seulement que les prochains qui se lanceront dans une telle aventure sauront comment éviter les erreurs passées…

Retour sur Flashback
Même si l’événement s’est déroulé le 30 décembre dernier, je m’en voudrais de ne pas mentionner le professionnalisme avec lequel a été organisée la soirée de lancement de la compilation Flashback (voir la critique dans la page Disques), aux Foufounes électriques. Des performances ayant lieu simultanément sur deux étages de l’endroit ont donné des airs de mini-festival à cette soirée sous le signe de la guitare heavy. Soulignons l’énergie d’ArseniQ33, la puissance de Vulgar Deli, les vieux réflexes de portier du grand Pat de Raid quittant la scène pour aller "maîtriser" un trasher un peu trop enthousiaste, et les ambiances étranges de Ghoulunatics. Seule déception: l’annulation de la performance de Collectivo, un regroupement de 13 musiciens comprenant, entre autres, des membres d’Overbass, de Redcore, d’Amniorehexis, d’Anonymus et de GrimSkunk, de même que notre photographe Stéfane Côté à la guitare. C’est dire si j’avais hâte de voir ça… Tout de même, cet événement ainsi que le Cabaret Noël noir qui réunissait WD-40, Mara Tremblay, Mononc’ Serge, Éric Goulet et Olivier Langevin sur la scène de L’Alizé, avant Noël, m’auront permis de conclure l’année 2000 sur une excellente note.

À souligner
– La formation The Kingpins (qui tournera un vidéo pour la pièce Supernova dans les prochaines semaines) sera au Café Campus, le 11 janvier, en compagnie du groupe de Québec Pénélope, qui assurera la première partie dès 20 h 30.

– Un show-bénéfice au profit de l’organisme Food Not Bombs aura lieu le 13 janvier, au Café Chaos, avec la participation des formations Orange Seeds, Influenza et des invités.

Jean-François Tremblay, l’auteur-compositeur-interprète aux influences amérindiennes que l’on a pu voir lors des préliminaires des Francouvertes, sera au Café Ludik le 11 janvier.

– La formation Raid lancera son deuxième clip (pour la pièce Inconscience), lors d’un 6 à 9, le 17 janvier, aux Foufs. Patrick Masbourian, Vince Peake de Groovy Aardvark et DJEWEL de Redcore ont participé au tournage.