Retour sur: Jeunesse Apatride/ Les Ordures Ioniques/ Capitaine RévolteDédé Traké et Le Plus Dur Combat
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Retour sur: Jeunesse Apatride/ Les Ordures Ioniques/ Capitaine RévolteDédé Traké et Le Plus Dur Combat

Retour sur: Jeunesse Apatride/ Les Ordures Ioniques/ Capitaine Révolte

Ouais, pas facile de se laisser aller aux délires musicaux après une semaine marquée par autant de violence, d’intolérance et de surenchère patriotique et militaire. Les quelques centaines de jeunes amateurs de punk franco qui s’étaient déplacés au Club Soda, vendredi dernier, n’avaient visiblement pas la fougue et l’énergie qui les caractérisent habituellement.

Les novices de Jeunesse Apatride ont été les premiers à s’en rendre compte; leurs refrains rassembleurs n’obtenaient que très peu d’échos, et leurs divertissements visuels (jongleurs, porte-drapeaux) avaient du mal à stimuler un parterre clairsemé et manquant d’enthousiasme. Capitaine Révolte, qui suivait, n’a guère eu plus de chance malgré le nombre plus élevé de spectateurs qui se sont attroupés devant la scène. Par contre, on ne peut pas dire que Fred et son groupe leur aient donné de véritables raisons de festoyer. En fait, ce soir-là, Capitaine Révolte ne s’est jamais rendu compte que la clé de la motivation était entre ses mains, livrant une prestation en ligne droite, sans véritables surprises ou montée d’intensité. Mais lorsque Les Ordures Ioniques ont finalement gagné la scène avec la ferme intention de mettre le party dans la place, et que la foule n’a suivi qu’à moitié, il était devenu évident que même le plus solide des groupes punk n’aurait pas mieux réussi dans de telles circonstances. Reste à espérer que parmi ce public "flabergasté" par "les événements" et qui n’a exigé aucun rappel, certains auront au moins retenu ces quelques paroles tirées de la chanson Une once de gloire: "Quelle faiblesse que le pouvoir / S’il est appliqué ainsi / S’il faut régner par la peur / C’est qu’on n’a pas confiance en lui / Quelle connerie que vos histoires / Si être nazi s’applique ainsi / S’il faut régner par la mort / C’est qu’on n’a pas une once de gloire! / Y’a trop de fierté pour notre nationalité!" Je n’ai rien à ajouter.

Dédé Traké et Le Plus Dur Combat
Tant qu’à être dans les citations de circonstance, j’ai envie de vous proposer celle-ci, tirée de la chanson qui ouvre l’album Le Plus Dur Combat du vétéran Dédé Traké: "C’est ça qui est ça, on l’aura ben cherché / On va manger nos bas, y’aura pas d’rescapés / On a pourri l’avenir à vouloir s’enrichir / Et j’vois pas d’innocents à part les enfants". Devant autant de lucidité, je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de demander à Dédé son avis sur les attaques terroristes du 11 septembre: "À mon avis, les Américains l’ont bien cherché. Moi, j’ai toujours eu plus peur d’eux que des terroristes! Juste à voir comment ils gèrent leur politique internationale, on s’aperçoit qu’on vit dans un monde de fascistes. Quand j’entends Bush dire qu’il est le détenteur du bien alors qu’on sait très bien que c’est les Américains qui ont mis Pinochet et d’autres dictateurs au pouvoir… Tout ce que je souhaite, c’est que les Américains ne cèdent pas à la colère sans réfléchir; mais j’ai bien peur que tout ça ne serve que les intérêts des capitalistes et des marchands d’armes."

"Pourquoi faut-il toujours que ce soit dans le malheur et la crainte que l’on réalise qu’on a besoin des autres? lance Dédé avec découragement à l’autre bout du fil. Les gens sont "fuckés". Quand le monde en est rendu à s’inquiéter plus de ce qui peut arriver à Virginie dans la prochaine émission que du sort de l’humanité, c’est grave! Il va falloir que les gens se rendent vraiment compte que la guerre et la vengeance ne servent à rien. Et en quelque part, on est tous des actionnaires de ce qui se passe en ce moment, et les gens commencent à réaliser qu’ils ont un pouvoir de parole. Mais j’ai bien peur que la liberté d’expression ne soit de plus en plus étouffée par une peur qui risque d’être entretenue très longtemps par le pouvoir en place. Ça va être le plus dur combat pour tout le monde!"

Le 21 septembre, Dédé Traké présentera les chansons de son album sur la scène du Cabaret. Il va sans dire que sa prestation sera nécessairement teintée par les événements récents, écran vidéo à l’appui: "M’a te dire une affaire: j’en ai presque pas vendu de c’t’album-là. Les frères Gendron (Disques Tox) me disaient: "C’est pas trop commercial, ton affaire." Ben moé, j’en ai rien à foutre! Comme le disait le dalaï-lama, il y a trois grandes vérités: – tu vas mourir, – tu ne sais pas où ni quand ni comment, – et ce que tu vas apporter avec toi, c’est ce que t’as entre les deux oreilles, pas le matériel. Je me suis un peu basé là-dessus pour faire cet album-là que j’ai créé dans une situation d’urgence. J’aurais pu continuer à faire le

clown pis refaire Té qui toé, pis parler de moé. Si je peux mourir demain, qu’est-ce que ça me donnerait d’avoir vendu 300 000 albums en chantant "Je t’aime pour toujours"? Mais chu un peu en criss! C’est fatigant de voir que les gens ne comprennent rien et qu’ils veulent continuer à rire et se faire divertir." Je n’ai rien à ajouter.

À souligner
– Le show hardcore-punk incontournable de la semaine se déroulera le 22 septembre, au Club Soda, alors que Ripcordz, Deadly Pale, Cynical Czardas, Locos, Beauty Dropout et Couch Addiction se succéderont avec des "interludes visuels de fringues locales et marginales", gracieuseté de la boutique X2O.

– La formation métal Sweet Distortion vous invite au lancement officiel de son vidéo Kiss My A**, le lundi 24 septembre au Café Chaos, lors d’un 5 à 8 suivi d’un spectacle mettant également en vedette les groupes Dook et Shiverdown.

– Pour une soirée remplie de "good vibes" (on en a bien besoin!), rendez-vous au Petit Campus, le 21 septembre, alors que les Rhythm Mercenaries et Bad News Brown vous serviront une bonne dose de funk et de hip-hop.

– De retour du Mexique, la formation Santa Sangre a ramené le groupe mexicain Bazooko & Saoco, avec qui elle partagera la scène du Café Chaos, le 20 septembre.

– Les formations Jaymie et Building seront au Bleu est noir, le 23 septembre.