Les Francouvertes, semaine 3 La Plaie Voodoo Jazz
Musique

Les Francouvertes, semaine 3 La Plaie Voodoo Jazz

Les Francouvertes, semaine 3

Karlof Galovky, chanteur du Karlof Orchestra, était assis devant moi lundi dernier, au Zest, pour assister, comme ces trois derniers lundis, aux préliminaires des Francouvertes. Et laissez-moi vous dire qu’il a eu un soupir de soulagement lorsque le moment de dévoiler le palmarès partiel des préliminaires est arrivé. C’est que la Kulcha Connection venait de mettre le feu à la place avec son reggae-ragga trilingue puisant savamment autant dans le roots que dans les courants contemporains du genre, et la première position était clairement à sa portée, si l’on se fiait à la réaction passionnée des spectateurs. Pourtant, lorsque les résultats sont tombés, le Karlof Orchestra maintenait sa première position et la Kulcha Connection suivait en deuxième. Tri Stomato, une sorte de Bande Magnétik qui aurait découvert les échantillonneurs, séquenceurs et autres machines à effets et qui n’utilise que la voix comme instrument de son expérience "néo-électro-a cappello-bucco, etc.", s’est faufilé en quatrième position, tout juste derrière Zéro Celsius et devant Cosmik Débris et André Nault, qui ferment maintenant la marche. Le jeune rappeur Prodyge n’aura donc pas réussi à impressionner suffisamment le public et les juges avec son hip-hop aux accents r’n’b à tendance plutôt commerciale, mais qui coulait tout de même assez bien malgré son originalité limitée. Lundi prochain, on verra comment se débrouilleront S.T.F., Chapeau Melon et Dobacaracol.

La Plaie
Dimanche dernier, au Cabaret, avait lieu le spectacle de lancement de la compilation live La Plaie, enregistrée durant la tournée 2000-2001, événement réalisé par Les Productions Infection, un organisme à but non lucratif que dirige Jessy Fuchs, également bassiste de la formation Exterio. En tout, sept groupes de néo-métal ou de punk alternatif se sont retrouvés sur scène, dont Soulforge, Legion, Theory, Face Off et Kiwi’s Egg, des habitués des spectacles organisés par Infection. "Ça s’est plutôt bien passé, raconte Jessy en ce lendemain de spectacle. L’ambiance était bonne et, malgré le fait qu’il y ait eu sept bands, tout s’est déroulé dans les temps. Par contre, comme il s’agissait de contributions volontaires à la porte, les rentrées d’argent n’ont pas été très fortes. Mais c’était un risque à prendre et on l’a pris. Toutefois, le bilan est assez bon pour qu’on ait envie de continuer."

En fait, depuis leurs débuts, Les Productions Infection ont toujours fonctionné sans subventions, n’exigeant à la porte qu’une contribution volontaire. Une façon de faire moins suicidaire financièrement qu’on pourrait le croire: "Je n’avais jamais fait d’argent avec mon groupe, donc je n’avais pas grand-chose à perdre! L’avantage, c’est que ça permet à ceux et celles qui n’ont pas beaucoup d’argent de quand même profiter d’un bon spectacle dans une bonne salle; alors que ceux qui veulent encourager la scène locale peuvent contribuer selon leurs moyens. C’est risqué mais ça fonctionne très bien; depuis deux ans, on a toujours ramassé de quoi payer la salle et, s’il restait des profits, ils étaient partagés en parts égales entre les groupes. Ça leur permet de jouer en ne risquant pas de perdre de l’argent et ça leur donne de l’exposure pour les aider à aller plus loin."

"La sélection des groupes avec lesquels on travaille se fait surtout par le biais de notre site Internet (infection.4t.com). On recrute des groupes de Montréal, et notre seul critère, à part le potentiel de leur musique, c’est qu’ils aient besoin de nous pour jouer et se faire connaître. Le groupe le plus connu qui collabore avec Les Productions Infection, c’est Dook, qui a une certaine notoriété, mais qui accepte d’être traité de la même façon que les autres tout en nous faisant profiter de sa visibilité et de son public, qu’il a gagnés, comme nous, à force de travail et d’acharnement."

En attendant les prochains spectacles, vous pouvez vous procurer la compilation qui est distribuée par Local. Une dizaine de groupes à découvrir y figurent, et si la qualité d’enregistrement laisse parfois à désirer, elle a au moins l’avantage de rendre justice à l’énergie brute qu’on retrouvait durant les spectacles, en plus de restituer l’ambiance qui régnait sur scène grâce aux interventions entre les chansons qui ont été conservées.

De plus, La Plaie est un autre exemple du fait que l’entraide entre groupes est encore la stratégie la plus efficace pour évoluer.

Voodoo Jazz
En mai dernier, mon collègue Claude Côté, expert jazz et blues devant l’Éternel, vous avait parlé de la formation Voodoo Jazz en ces termes: "Judicieux mélange de rythmiques grouillantes poivrées de cuivres, ils nous offrent du tripatif songé, sorte de funk à l’indice difficile, mais la verve communicatrice des jeunes loups, stimulant le dialogue, reste leur atout majeur. Du Bitches Brew dansant." Moi, si j’étais vous, je lui ferais confiance. Le problème, c’est qu’à l’époque, leur album Groovus Bestius n’était pas encore offert en magasin. C’est maintenant chose faite et Voodoo Jazz fera deux spectacles de lancement (les 23 et 24 novembre, au Petit Campus) à la fois pour leur 1er album et pour leur tout nouveau vidéoclip, Galaxy. Voodoo Jazz (composé de huit musiciens – trompette, saxophones alto et ténor, basse, guitare, claviers, batterie et rappeur) a participé aux festivals de jazz de Montréal, Ottawa, Toronto et Rimouski, et ils s’envoleront bientôt pour la France pour donner quatre concerts à l’occasion des Entretiens Jacques-Cartier de Lyon.

à souligner
– Deux lancements d’albums: Da Vincy (de la formation hip-hop Vice Verset) tente l’aventure solo avec son mini-album de six chansons intitulé Un peu plus que juste un de plus, qu’il lancera lors d’un 5 à 7 au Diable vert, le 26 novembre. Dans un tout autre registre ("rock-franco-disto-alterno"), la formation Mamz’elle lancera son album Rubbermade également le 26, lors d’un 5 à 7, au Lion d’or.

– Fétichistes de la lingerie en soie et autres sous-vêtements, rendez-vous au Club Zone (1186, rue Crescent) le 24 novembre, alors que les formations Deiter inc. (punk rock), Kermis (rock alternatif), Pandora (indie rock) et N.A.E. (punk rock) vous offriront les leurs lors de la soirée G-Strings, organisée par Les Productions Panty!

– Fans de ska cuivré, skapunk, ska-core et autres découvertes, c’est le 24 novembre, à L’X, que ça se passe, avec la participation des groupes Heskapade, Les Skalcooliques, Jigernuts et Eklove N’ Starr.

Volume 10, qui vient de terminer l’enregistrement de son deuxième album, donnera son dernier spectacle avant 2002, le 28 novembre, à L’Inspecteur Épingle (4051, rue Saint-Hubert).