Musique

La scène locale en 2001

Particulièrement dynamiques cette année, les artistes de la scène locale ont mis une fois de plus l’épaule à la roue pour sortir des sentiers battus, pour s’accomplir à travers l’autoproduction ou pour séduire la province entière – et parfois même l’étranger – avec leur musique.

L’explosion électronique
La scène électronique, qui a connu un boom remarquable l’année dernière, continue de s’émanciper. Les D.J. se font plus nombreux, les raves se multiplient et la popularité des événements à saveur électronique est toujours à la hausse. Preuve que le milieu est en santé, certains platinistes commencent à offrir leur matériel original: Peakafeller a lancé un premier album, qu’il a l’intention de reproduire sur scène, accompagné de musiciens.

Côté expérimental, la musique électronique est aussi en expansion. Les scènes de Québec et de Montréal commencent à interagir et des événements ponctuels comme Machines: Abstractions sonores électroniques ont vu le jour. Gravitant essentiellement autour du collectif Alterflow, qui s’est scindé en deux branches, l’une pop et l’autre expérimentale, cette scène nous réserve encore bien des surprises.

Bye bye métal, welcome chanson
Les temps sont durs pour les groupes métal. Ils sont de moins en moins nombreux et se font de plus en plus discrets. Notons tout de même le travail de la formation Dissidence, avec son métal technique, et de Forgotten Tales, qui a endisqué cette année son premier album. En revanche, la pop rock alternative connaît un regain: Tuppert y est allé de son premier album, Higher Down (anciennement Jack of All Trades) a raflé les honneurs au concours Battle of the Bands, Mosquito-B a également enregistré son premier album, et Nucleair Jet est allé présenter sa musique aux Argentins. On ne pourrait passer sous silence le travail de la formation Purge, qui s’est produite aux FrancoFolies et qui progresse à pas de géant.

Toujours discrets pour les non-initiés, les punks n’en demeurent pas moins actifs. Plusieurs groupes ont d’ailleurs participé activement à divers événements visant à dénoncer le Sommet des Amériques ou à sensibiliser leur public. De jeunes formations comme Oversight et After All, sur le jeune label New Horizon, ainsi que GFK et MAP, deux groupes bien connus dans le milieu, ont été parmi les plus actifs. Pénélope a pour sa part refait surface après une longue absence.

Dans le domaine de la chanson francophone, difficile d’ignorer la belle percée du groupe Polémil Bazar, qui s’est véritablement imposé sur les scènes de Québec et de Montréal. Steve Normandin, l’ex-Ess’n’club, a lui aussi commencé sa carrière solo de belle façon, s’illustrant à Petite-Vallée et présentant son répertoire un peu partout à l’intérieur ou à l’extérieur du Québec. La troupe de Richard et ses astuces a également offert quelques spectacles convaincants.

Moins nombreux, plus talentueux
Québec, qui comptait naguère une foule de groupes de rock garage, en compte beaucoup moins, mais, croyez-moi, c’est un mal pour un bien: ces groupes sont au sommet de leur forme. Je pense bien sûr aux infatigables Vipères, qui nous devaient un album cet automne, parution visiblement retardée, mais aussi aux Dokteurs, qui ont offert des spectacles d’une redoutable efficacité, et aux Hellcats, qui paraissent de plus en plus à leur aise dans leur esthétique de série B.

Dans le milieu hip-hop, on remarque aussi, malgré la naissance de jeunes groupes, que les formations marquantes sont moins nombreuses que par le passé. Cela dit, elles maîtrisent entièrement leur art: Les Ambassadeurs ont appris à développer un son plus uni, alors que La Structure a enfin offert son premier album, impeccable, et que Sagacité, qu’on croyait disparu, est revenu en force.

Quelques albums
Dans tous les milieux musicaux de la scène locale, il semble qu’on se soit donné un mot d’ordre pour l’année 2001: offrir des albums de qualité. Côté punk, l’album de MAP, The Final Answer, mérite d’être souligné, tout comme celui de Pénélope, Face au silence du monde, enregistré aux États-Unis avec de grands noms du milieu punk. Les rockeurs ne sont pas en reste: Purge a livré un premier disque prometteur, dont on attend la suite avec impatience, tandis que Les Dokteurs ont offert un album surf-garage énergique, avec une superbe présentation. N’oublions pas Alligator Trio, dont l’album sera distribué officiellement sous peu.

Côté avant-garde et musique exploratoire, il faut prêter l’oreille au second album d’Interférence Sardines, longuement mûri, ainsi qu’au premier et fort intéressant disque de la formation post-rock Below the Sea. Enfin, les amateurs de chansons se régaleront sans doute avec Chair de lune, de Polémil Bazar.

En bref, 2001 aura été une année très chargée, qui nous aura permis de découvrir plusieurs talents, et qui laisse présager une année 2002 des plus prometteuses.