Musique

La Guilde des musiciens: le Café Chaos à l’asso! Meanwhile

La Guilde des musiciens: le Café Chaos à l’asso!

La Guilde des musiciens. Franchement, depuis que je couvre la scène locale et indépendante, aucune autre organisation n’a provoqué autant de critiques et de commentaires de frustration de la part des musiciens d’ici. Combien de fois ai-je entendu l’expression "l’ostie d’Guilde!" de la part d’artistes de la relève dont le seul et unique but est de sauter sur l’occasion de se produire en spectacle le plus souvent possible, question de développer leur talent et de se constituer une base de fans potentiels? En me rendant sur le site officiel de la Guilde, j’ai trouvé cette affirmation: "La Guilde des musiciens du Québec s’est donné pour mission de défendre et de promouvoir les intérêts économiques, sociaux, moraux et professionnels de ses membres qui sont tous des musiciens pigistes. Elle les représente dans tous les cas où il est dans l’intérêt général de le faire et collabore à cette fin avec toute organisation dont les objectifs sont semblables."

Pourtant, il semble que ce syndicat, affilié à la Fédération américaine des musiciens des États-Unis et du Canada, s’apprête à mettre en péril la survie des petites salles de spectacle voulant encourager les nouveaux talents. En effet, plusieurs d’entre elles ont reçu récemment une lettre les sommant de se conformer aux exigences de la Guilde, au même titre que les salles de spectacle produisant des musiciens professionnels. Il n’en fallait pas plus pour que la grogne se fasse entendre et pour que Sébastien Croteau (responsable des activités socioculturelles au Café Chaos) monte au front pour défendre le statut des artistes amateurs et semi-professionnels en tentant de créer une association de salles de spectacle dédiées aux artistes émergents. "En gros, explique Croteau, si on avait à produire un spectacle conforme aux tarifs Guilde/UDA/ADISQ, il nous en coûterait, pour un spectacle de trois groupes à quatre musiciens par groupe, plus de 1600 $. Avec notre capacité légale de 75 personnes, il faudrait, pour ne pas perdre d’argent, établir le prix des billets à plus de 20 $! Qui est-ce qui va venir voir un show de la relève au Café Chaos quand les billets coûtent plus de 20 $? C’est ne pas respecter la réalité des musiques émergentes que d’imposer une logique économique qui n’est pas du tout adaptée et qui ne fera que tuer dans l’oeuf une bonne partie de la relève. Et ce sont les musiciens et les groupes qui seront les premiers touchés, car si l’on ne produit plus de spectacles à cause du coût trop élevé des dépenses, les musiciens n’auront tout simplement plus d’endroit où apprendre leur métier et en seront réduits à passer leur vie à pratiquer à la Cité 2000."

Croteau continue avec une image éloquente: "C’est comme si la Ligue nationale de hockey demandait à la Ligue de hockey junior majeur du Québec de payer ses joueurs le même salaire que les professionnels!!! Au contraire, la vraie Ligue nationale subventionne la Ligue junior, car elle est consciente qu’en encourageant les talents (la relève) d’aujourd’hui, elle favorise l’essor de sa propre industrie de demain. Il faudrait que la Guilde applique la même logique mais elle ne veut pas nous subventionner, elle veut nous réglementer avec ses propres normes. Belle connerie de sa part."

Cette polémique n’a d’ailleurs pas fini de déranger; depuis la publication d’un article sur ce sujet dans Le Devoir, Sébastien Croteau a reçu la visite de Montréal ce soir, quelques coups de fil de l’ADISQ et de l’UDA, et il vient d’être mandaté par la SOPREF pour effectuer une étude des salles de spectacle afin d’évaluer les possibilités d’une éventuelle association dans le but de régler le problème avec la Guilde. On suivra le dossier de près, car les enjeux sont, de toute évidence, majeurs. En attendant, sachez que le concours La Virée Chaos-Phonik commence sa période de recrutement, qui se terminera le 6 février. Les groupes intéressés peuvent se procurer un formulaire d’inscription au Café Chaos, à L’Oblique, chez Stomp ou à la SOPREF. Le concours débute le 13 février, à moins que la Guilde ne tienne absolument à leur mettre des bâtons dans les roues!

Meanwhile

Artistes variés
(Natacha’s Recordings)

Je ne sais pas grand-chose de l’histoire de ce collectif de six musiciens montréalais, mais ce que j’ai pu observer en écoutant la première compilation intitulée Meanwhile, qui sera lancée le 17 janvier à L’Alizé, c’est qu’il s’agit d’une belle bande d’allumés pour qui la musique, qu’elle soit rock ou électronique, se conjugue au minimal, s’étire de tout son long et fait émerger des ambiances et des images parfois bucoliques, parfois naïves, mais toujours ludiques malgré la démarche intellectuelle qui semble avoir précédé cette création singulière. À la source de cette étrange aventure, on retrouve Léon Lo, Simon Bélair, Antoine Lafontaine, DJ Dolly, Jean-François Michaud et Guêpe, qui, en équipe ou en solo, ont tous contribué d’une façon ou d’une autre à cette compilation tirée à 100 exemplaires, et qui sera en vente lors de la soirée de lancement. On pourra y entendre un trio d’électro minimal constitué d’A.D.I. (Antoine Lafontaine), Guêpe (Teruki Tamayanagi) et Helen of Troy (Léon Lo), ainsi qu’une performance de "rock ambient systémique arc-en-ciel" de la part d’Unipolar (Simon Bélair et Jean-François Michaud). Rafraîchissant. 3.5

À souligner
– Les demi-finales des Francouvertes débutent ce lundi 21 janvier, dès 20 h, au Zest (2100, rue Bennett), avec les formations Zéro Celsius, Kulcha Connection et Tri Stomato. Arrivez tôt si vous voulez voter et avoir une place assise.

– Stéphane Vigeant, ex-Groovy, maintenant avec Floating Widget, poursuit l’invasion stoner, cette fois par l’entremise de l’autre groupe dont il fait partie, Madking Ludwig, qui sera le 20 janvier au Bleu est noir, avec Flood en première partie.

– Le 19 janvier, au Petit Campus, la formation métal-industriel First Version croisera le fer avec Insurgent. Les deux groupes devraient nous donner de nouveaux albums très bientôt.

– Alors qu’on commençait à se poser des questions sur l’avenir des Snitches, le groupe annonce qu’il vient de conclure une entente avec l’étiquette américaine Oh!Tonito, basée au Michigan. Le prochain album de 12 chansons sera disponible aux États-Unis en mars et sera accompagné d’un clip. Pour ce qui est du Canada, les Snitches sont sur le cas.