Retour sur les Francos: 1re partie
Musique

Retour sur les Francos: 1re partie

Mon festival à moi a débuté un peu en retard, samedi pour être précis. Devant le Complexe Desjardins, les sympathiques Geneviève et Matthieu ont pris bien soin de nous prévenir: "Êtes-vous prêts au pire? En tout cas, nous on l’est!" Et le pire est effectivement survenu: des problèmes techniques ont ponctué leur prestation du début à la fin mais sans jamais faire perdre ses moyens au couple abitibien, entouré pour l’occasion de deux musiciens. Il faut dire que Geneviève et Matthieu ne sont pas du genre à se laisser abattre par des peccadilles et encore moins par des parasites sonores incontrôlables. Plutôt du genre à s’en servir pour délirer davantage. Comme cette démonstration de breakdance ridicule de Matthieu au milieu d’une foule amusée, sinon décontenancée. Ces deux-là forment certainement l’un des duos québécois le plus décomplexés de la scène indépendante, et il était assez amusant d’entendre les commentaires enthousiastes des quelques journalistes et organisateurs des Francos dans les jours qui ont suivi cette performance pour le moins approximative. Pas surprenant: la folie pure, surtout lorsqu’elle s’exprime candidement, a quelque chose d’irrésistiblement attachant.

Passons rapidement sur le spectacle étonnant d’une Mara Tremblay toute en rondeur (enceinte de six mois et habitée d’une énergie inépuisable), et sur celui des Loco Locass (marathon de plus de trois heures avec sa cinquantaine d’invités spéciaux au Métropolis), pour se concentrer sur la catastrophe Guérilla/In Vivo, au Spectrum, en fin de soirée. Pour la proposition rock-fusion-sitar des Français In Vivo, il y avait tout au plus 150 personnes, et il en restait encore moins pour assister à la première montréalaise de Guérilla avec ses deux nouveaux chanteurs (Pee-Boy Vidal, de Livin’ Omies et Antoni Boluda, de Nucléik). Bien difficile dans ces conditions de juger du potentiel renouvelé de la formation de Sherbrooke qui a peut-être un peu trop tardé à se manifester à la suite du départ de son chanteur d’origine. La transition semble tout de même s’être effectuée sans trop de douleur, et même que la dynamique des deux chanteurs apporte une personnalité nouvelle à Guérilla. Ne manquait que la complicité que l’on obtient seulement en accumulant les concerts. Et Guérilla devra s’y remettre rapidement s’il veut reconquérir ses fans…

Dimanche soir, c’était soirée de punk et d’orages dans la Zone Hip. Les Ordures ioniques effectuaient un retour sur scène avec un guitariste supplémentaire (J-F, ex-Bons à rien) qui leur donne dorénavant un son "plus plein", plus puissant, mais toujours aussi festif et respectueux des racines musicales et idéologiques du mouvement punk old-school francophone. Petit saut sur la rue Jeanne-Mance pour apercevoir un Henri Band pas mal plus rock que ce que ma mémoire avait conservé du seul concert que j’avais vu il y a au moins cinq ans. Et le grand Robert Simard est toujours aussi exubérant sur scène. Juste le temps de remonter dans la Zone Hip pour assister au début de spectacle avorté de WD-40. La pluie, les éclairs et une alerte météo ont bien failli foutre le spectacle à l’eau mais au bout d’une quinzaine de minutes de tergiversations, on leur a finalement donné le feu vert pour continuer. Depuis quelque temps, les rumeurs vont bon train quant à l’avenir incertain de WD-40. Des problèmes internes et externes et un découragement généralisé seraient sur le point de déboucher vers une impasse. Mais ce soir-là, le trio, augmenté d’un Éric Goulet particulièrement déchaîné, n’a rien laissé voir à ses fans, qui scandaient des "W" à l’unisson lorsque le groupe a dû quitter la scène, bien malgré lui, devant l’implacable autorité de l’horaire minuté des Francos. Mais le chant du cygne n’est pas pour tout de suite puisque WD-40 investira le Café électrique des Foufounes du même nom, les 2 et 3 août, dans un spectacle intitulé: WD-40 chante les grandes chansons. Avant qu’il ne soit trop tard…

OFFrancoFolies 2002
La SOPREF, qui organise encore une fois cette année le volet Off des Francos, a dû user de beaucoup d’imagination pour trouver un lieu pour cette troisième édition. Se faisant refuser par la Ville l’accès à un terrain vacant adjacent à L’Alizé, elle a finalement touché le jackpot en ayant l’autorisation d’investir la scène du kiosque Bonsecours, un amphithéâtre naturel en bordure du fleuve, au coeur du Vieux-Port de Montréal! On peut donc prévoir une ambiance on ne peut plus festive, les 3 et 4 août, entre 13 h et 19 h, alors que Johnny X Mas, Holos, Marie-Claude Lamoureux, Léopold Z, Karmad’aï et Ivy & Reggie s’y produiront le samedi, et que Tremblay 73, Sunny Deloop (voir critique en page Disques), Jeremi Mourand, Les George Leningrad, Le Karlof Orchestra et Les Abdigradationnistes y seront le dimanche. J’ai bien hâte de voir la tête que feront les touristes qui passeront par là…

Festival Polliwog: on tire la plogue…
Un communiqué nous l’a appris la semaine dernière: il faudra considérer l’édition 2002 du Festival Polliwog comme un spectacle d’adieu. En effet, les organisateurs tireront la plogue, fini, kapout, y en aura plus d’autres… Raisons invoquées? "Le manque récurrent de financement que connaît le festival." On connaît la chanson, Martyne Prévost nous chante le refrain à chaque année depuis le début de cet événement qui, de toute façon, selon les commentaires recueillis dans mon entourage cette semaine, avait fait son temps. Bref, cette disparition ne semble attrister personne. Or, au-delà du manque d’argent et de subventions, on peut légitimement se demander si la cause principale de cette déconfiture n’est pas plutôt un manque récurrent d’idées et de cohérence dans la programmation. Année après année, on nous resservait trop souvent les mêmes groupes (plus souvent qu’autrement pigés à même l’écurie MPV), on choisissait des têtes d’affiche qui coûtaient les yeux de la tête et qui n’excitaient pas grand monde (Anthrax, Cannibal Corpse, The Tea Party) et on augmentait le coût d’entrée en région, de sorte que de moins en moins de jeunes pouvaient se permettre d’y assister. Après une sixième édition n’ayant pas atteint ses objectifs en termes d’affluence, il fallait donc s’attendre à ce que les organisateurs ajustent leur tir. Mais, franchement, croyait-on que ce serait avec The Kingpins, Martyr, Insurgent, GOU-H, Minds, Les Martiens, Démence, La Cage de bruits et Ludger qu’on allait faire courir les foules, déjà fort occupées avec les Francos et les OFFrancos se déroulant au même moment? Un autre mauvais calcul (qui n’a rien à voir avec le financement) qui aurait, de toute façon, porté un coup fatal à l’événement. Les funérailles auront lieu le 3 août, dès 14 h, au parc Jeanne-Mance…

à souligner
– De retour d’une tournée qui les a menés en Suisse, en Italie, en France, en Hollande, en Slovénie et en Croatie, la formation hardcore Dr. Placebo lancera un nouvel album le 2 août à L’X, et sera accompagnée de 1.99 et des Cultivateurs Contestataires.

– L’Alizé propose également son volet off intitulé FrancOFF-phonies d’Amérique, le 1er août, avec Le François et Les Z Nomades, et le 2 août, avec Landriault et invités.

– On entend de plus en plus parler de la formation Starbuck et les Impuissants. Ça tombe bien, elle est en concert au Café Chaos, le 2 août, avec La Gâchette et Le Folrak Orchestra.

– La prometteuse formation électro-jazz-trip-hop Messaïk donnera son premier spectacle en accompagnant de la peinture en direct, le 6 août, à L’Alizé.