Musique

Retour sur les Francos: 2e partie

Quand même particulier qu’un record d’assistance pour les spectacles extérieurs ait été battu alors qu’on n’avait jamais programmé autant d’artistes locaux indépendants aux Francos. Est-ce le signe qu’un renouveau musical s’amorce et que le public est maintenant disposé à aller à sa rencontre? En tout cas, si l’on se fie aux foules attirées par les prestations de la Zone Hip (Galaxie 500 et surtout Mononc’ Serge ont eu droit à un accueil digne de rock stars lundi dernier) ainsi que par les performances de Groovy Aardvark et de La Chango Family sur la grande scène, on peut à tout le moins conclure que quelque chose est en train de se passer. Par contre, la série de fin de soirée au Spectrum n’aura fonctionné qu’à moitié. L’an dernier, on avait pourtant atteint un bel équilibre qui nous laissait croire qu’on avait enfin trouvé la formule gagnante pour attirer les gens si tard. Mais cette fois, certains soirs, on avait l’impression de retourner trois ou quatre ans en arrière alors que dans le Spectrum résonnait l’écho du vide…

Le succès populaire de certaines performances laisse présager que, l’an prochain, le système de repêchage qu’a mis au point Laurent Saulnier, programmateur des scènes extérieures des Francos, aura des répercussions en salle. En attendant, sachez que tous ces groupes qui vous ont fait passer du bon temps peuvent être vus à longueur d’année dans des petites salles de spectacles qui se fendent en quatre pour vous les faire apprécier dans des conditions plus intimes et davantage propices au délire et à la fête. Il n’en tient qu’à vous d’en profiter…

Retour sur: OFFrancoFolies
Parlant d’ambiances propices au délire, l’amphithéâtre du Kiosque Bonsecours, dans le Vieux-Port, fut une véritable révélation le week-end dernier, alors que s’y tenait le volet OFF des Francos, mis sur pied, pour une deuxième année consécutive, par la SOPREF. Un lieu comme celui-là (entouré d’eau et avec des estrades à la romaine) pourrait (et devrait) être beaucoup mieux exploité. Et les OFFrancoFolies, malgré l’éloignement du centre-ville et du site du festival, s’en sont parfaitement accommodées. Ambiance de farniente, bière pas chère, ciel voilé, petite brise, sonorisation tout à fait acceptable, faune bigarrée et l’impression d’être entre amis: tous les éléments étaient là, dimanche dernier, pour faire de cet après-midi un moment particulièrement agréable. Et sur le plan de la proposition musicale, il y avait aussi de quoi être rassasié. Je suis arrivé sur les lieux vers 15 h (j’ai donc raté les performances de Tremblay 73 et Sunny Deloop), alors que la formation Jeremi Mourand commençait sa prestation en toute simplicité. Il faut dire que ce qui fait le charme particulier de ce groupe, c’est avant tout son chanteur Jacques Bertrand Jr., sorte de Bruno Blanchet qui se serait déguisé en rock star déchue, et qui, avec ses présentations de chansons pince-sans-rire ("La prochaine est une célébration de l’absence d’espoir pour le genre humain…") et sa capacité à pousser sa voix aux limites de l’écorchure saignante, se révèle un personnage à la fois énigmatique et attachant. La table était mise pour Les Georges Leningrad et leur expérience scénique complètement disjonctée. Il faut savoir qu’un spectacle des G.L. tient davantage de la performance éclatée que du concert rock conventionnel. Déguisés en cannibales, les quatre zigotos s’en sont donné à coeur joie et ont pris un malin plaisir à déstabiliser les spectateurs avec leur théâtralité tordue et leur rock électro primal. Ajoutez à cela le fait que les deux chanteuses s’expriment dans une langue incompréhensible, et vous avez le portrait d’un moment particulièrement étrange mais qui ne pouvait que nous laisser le sourire aux lèvres. Une expression faciale de circonstance pour accueillir les deux derniers groupes, Le Karlof Orchestra et Les Abdigradationnistes, deux formations complètement différentes mais qui maîtrisent mieux que jamais l’art du divertissement par la dérision (pour les premiers) et par la folie pure (pour les seconds). Bref, on en aurait pris comme ça toute la soirée mais puisque toute bonne chose a une fin… on poursuivra l’expérience avec Les Georges Leningrad à la Casa Del Popolo, le 15 août; et avec Jeremi Mourand (en compagnie de Jett Monette), le 10 août, au Petit Campus.

à souligner
– Du skate et du ska-punk, toute la journée, à la polyvalente de Pointe-aux-Trembles (15 200, rue Sherbrooke Est, métro Honoré-Beaugrand, aut. 189), avec les formations Funny Brasska, Minds, The Couch Addiction, Jigger Nuts, Young and Lost, Hey Jake You’re Late, Happy Lives Wires et Les Guiches à Satan.

– Les demi-finales du concours CHOM L’Esprit se concluent ce jeudi 8 août, au Petit Campus, avec les formations Model Children, Frank Fuller et Rhythm Mercenaries; la grande finale aura lieu le 15 août, au Club Soda.

– Les Productions Infection (compilation La Plaie) ont invité la formation française Gingerbread pour une tournée québécoise de 10 concerts en compagnie du groupe eXterio. Cet événement se terminera aux Foufs, le 12 août, avec Dilemme comme invité.

– Et comme je prendrai congé de cette chronique la semaine prochaine, je m’en serais voulu de ne pas souligner le premier spectacle des ex-Tchigaboux, groupe reformé sous le nom de CQFD, le 17 août, au Petit Campus. Un album est prévu à l’automne.