Retour sur: JF Lemieux / Mogilny / The Stars / The Dears
Musique

Retour sur: JF Lemieux / Mogilny / The Stars / The Dears

Alors, cette première édition de Pop Montréal, vous en avez profité? De mon côté, j’ai passé mon vendredi soir dans un Rialto soigneusement rénové. Vers les 20 h 45, c’est devant une assistance encore bien timide que JF Lemieux, ex-Basta et bassiste de tout le monde et sa mère, s’est lancé tête première dans sa première performance solo. D’abord, premier étonnement, l’homme est seul sur scène avec sa kyrielle de machines, sans aucune basse dans les mains et avec des projections vidéo pour seuls stimulants visuels. Pourtant, quelques écoutes de son premier album (Superstar System, qui sera lancé en novembre sur étiquette Audiogram) laissaient supposer une transposition live plus étoffée. Mais JF a préféré jouer la carte solo complète. Un choix discutable, surtout que les mélodies de certaines pièces du disque étaient à peine reconnaissables, cela dû en grande partie à l’interprétation vocale limitée de Lemieux qui était noyée dans les effets psychédéliques. Au final, on a quand même eu droit à une expérience musicale électro-rock des plus efficaces, mais qui n’est pas encore au diapason des morceaux couchés sur CD. On attendra la suite…

La formation Mogilny a quant à elle joué la carte de l’absurde et de la légèreté. Déjà que les textes que l’on retrouve sur son album éponyme nagent dans un certain surréalisme, imaginez ce que ça donne lorsque les quatre musiciens appuient le tout de petites chorégraphies robotiques ou qu’ils s’immobilisent en silence pendant une grosse minute en plein milieu d’une chanson! De la pop alternative divertissante, bizarre et accrocheuse.

Suivait la formation anglophone The Stars, avec son chanteur qui semblait avoir ingurgité trois ou quatre espressos d’affilée avant de monter sur scène en piquant une crise. Voilà un groupe qui possède une sensibilité pop d’une maturité étonnante et prometteuse mais qui souffre d’un problème d’attitude qui place son public dans une situation inconfortable. Pas pour rien qu’ils sont des potes des Dears qui suivaient… Encore une fois, le leader Murray nous a servi quelques moments d’impatience: "Can you listen for one fuckin’ minute of your lives! You love yourselves too much!" a-t-il lancé à la foule après une envolée instrumentale particulièrement intense. Et toi, Murray? avait-on envie de lui répondre… Mais quel show quand même! Et c’est ça le problème: on aimerait détester les Dears, mais ils sont trop bons… et de plus en plus heavy!

Paul Cargnello
Le lendemain, au Spectrum, à la sortie du spectacle solo d’Arthur H (où, en première partie, Yann Perreau a prouvé avec assurance qu’il avait bel et bien troqué ses années de performances endiablées avec Doc et les chirurgiens pour une proposition chansonnière plus intimiste et mature), un sympathique jeune homme à casquette et lunettes distribuait des flyers. Sur le tract en question, on parlait d’un spectacle-lancement de Paul Cargnello. Et celui qui les distribuait était Cargnello lui-même! Si on devait donner un exemple de motivation et de travail de terrain, on pourrait certainement citer Paul en exemple. Mais qu’est-ce qui pouvait bien pousser le chanteur de la formation rock-reggae anglophone The Vendettas à se les geler à la sortie d’un spectacle francophone? C’est que Paul a compris que pour intéresser le public franco à son travail, il doit aller le chercher là où il est. D’autant plus que celui qui cite Les Fourmis de Jean Leloup au troisième rang de son top 10 à vie chante quelques lignes en français sur son album solo Lightweight Romeo (voir critique en p. 20), lui qui avait emprunté pour la première fois la langue des frogs sur la compilation 2Tongues3. Même dans ses communications avec les médias francophones, il a fait l’effort de traduire sa biographie, chose rarissime chez les musiciens de la scène anglo montréalaise. Et vous voyez, ça marche, j’en parle… "Je suis né à NDG, dans un environnement totalement anglophone, explique Paul au bout du fil; mais pour moi, si tu viens de Montréal, c’est important d’essayer d’opérer cette fusion des deux langues. Et pas seulement pour rejoindre le public francophone de Montréal; à l’extérieur du Québec, il y a un intérêt pour ce qui projette une image internationale, comme pour Manu Chao qui parle plusieurs langues. Et aussi parce que l’aspect bilingue de la scène montréalaise est unique et reconnu à travers le monde. C’est donc très important pour moi." Sur la nouvelle étiquette Stand Alone Records de Dave Cool (qui se spécialisera dans les artistes solo de tous genres), et distribué par Local Distribution (encore un choix pertinent dans sa volonté de rejoindre la crowd francophone), l’album Lightweight Romeo sera donc lancé le 4 octobre, au Petit Campus, avec Pierre-Alain Faucon en première partie. Et comme Paul Cargnello exprime aussi ses sentiments et revendications révolutionnaires par écrit, tous ceux et celles qui se procureront une copie du disque à ce lancement gratuit se verront remettre un recueil de poésie intitulé Old Hat, qui regroupe les textes de l’album ainsi que d’autres poèmes récents de son cru.

Paradise
La mode de l’art polynésien tiki gagne de plus en plus d’adeptes du kitsch et même les amateurs de rock’n’roll si l’on en croit la très belle pochette de l’album Rock Anthropologists on the Kon-Tiki Voyage de la nouvelle formation Paradise, qui compte en ses rangs plusieurs musiciens issus d’autres formations montréalaises (Frank et Fred Kelly de Mean Bucket Sounds, Jet Phil de One976, Michel Langevin de Voïvod, Mike Plant de Too Many Cooks et Sword, Xavier Caféine, et d’autres qui ont aussi collaboré au projet). Tout ce beau monde ayant le rock’n’roll dans la peau et n’ayant pas peur des solos de guitare enflammés offrira les chansons de l’album (qui portent toutes un nom de cocktail hawaïen comme Smoking Eruption ou Kahiki Pearl) lors de son lancement le 7 octobre, au Café Campus.

à souligner
Trip the OFF lance son deuxième album, The Bong Session, Songs 1-15, le 3 octobre au Café Campus; l’entrée est gratuite. Avec les Rhythm Mercenaries en première partie.

– Le 4 octobre à L’X, Les Ordures ioniques croiseront le fer avec Rattengöther et Gutter Demons, pour une soirée d’explosion punk-rock-psychobilly.

– L’étrange projet musical de Martin Saz, Mon Electric Bijoux, se dévoilera le 4 octobre, au Barfly.

– Les tenaces Insurgent seront au Bleu est noir le 9 octobre.

– Le 21 septembre dernier, la formation Kaléidoscopik devait lancer un album aux Foufs. Mais comme le groupe a changé d’idée because "une nouvelle gestion de band et nous sommes présentement en planification afin de jouer nos cartes préalablement et dans le bon ordre…", le tout a été reporté au mois de janvier 2003. On sera patient…