Karmad'aï à CCF
Musique

Karmad’aï à CCF

Premièrement, laissez-moi présenter une dernière fois Jean-François Taillon comme le nouveau chanteur et parolier de Karmad’aï. Après tout, ça fait maintenant quatre ans qu’il a intégré le groupe… Mais comme il s’est écoulé une longue période de temps entre Astropop (leur premier album) et 100 requins pour un cachalot, lancé plus tôt cette année, et comme le groupe s’est fait plutôt discret sur scène, pour bien des gens, le changement au micro n’était pas encore assimilé. De toute façon, l’évolution du son du groupe sur 100 requins… est telle qu’on pourrait même croire qu’il s’agit d’une tout autre formation. Au bout du fil, J.-F. Taillon m’expliquait que chez Karmad’aï, l’exploration musicale est pratiquement un leitmotiv: "Tout le processus créatif de Karmad’aï est basé sur l’exploration. Notre studio, c’est un peu comme un laboratoire avec des professeurs qui travaillent leurs chansons comme d’autres mettent au point leurs OGM. Ça nous permet d’opérer des métissages de genres assez hétéroclites mais avec une plus grande accessibilité qu’auparavant. On voulait quelque chose d’hybride mais avec des structures simplifiées. Parce que faire 40 000 changements à l’intérieur d’une seule chanson, ça laisse des traces autant pour les musiciens que pour les auditeurs…"

Effectivement, l’hermétisme et le fouillis à peine contrôlé d’Astropop se sont transformés, sur 100 requins…, en un heureux mélange des genres (funk, rock, jazz, alternatif et même latino), cette fois beaucoup mieux dosé. Ajoutez à cela une richesse poétique et mélodique qui se laisse découvrir au fil des écoutes, et vous obtenez l’un des disques les plus solides à être issus de la scène indépendante, mais qui a dramatiquement manqué de soutien promotionnel. Bref, 100 requins pour un cachalot est certainement le disque le plus injustement sous-estimé de 2002 sur la scène locale. Mais on peut compter sur le fait que lorsque Karmad’aï aura enfin trouvé chaussure à son pied côté gérance et promotion, et dès qu’ils auront les moyens de prendre la route pour répandre la bonne nouvelle, on ne pourra plus les ignorer. D’ici là, rendez-vous donc au Club Soda, le 16 novembre, alors que Karmad’aï partagera la scène avec Raid et Anonymus, dans le cadre de Coup de coeur francophone.

Les Francouvertes: semaine 2
Si certains groupes comprennent la nécessité de faire simple, on dirait que d’autres s’organisent pour faire le plus compliqué possible. Quand ça arrive, on appelle ça du rock progressif… Et lorsqu’on utilise l’expression rock progressif, en général, je prends mes jambes à mon cou. Car tout ce que j’arrive à trouver de progressif dans ce genre musical, c’est la lassitude qu’il me procure. J’étais donc bien mal parti, lundi dernier, lorsque le jovial animateur des Francouvertes, Claude Grégoire, probablement l’un des plus grands amateurs de rock progressif à Montréal, a annoncé que la soirée allait être dédiée à ce style. Mais bon, j’étais déjà là, aussi bien rester… Qui sait, peut-être que le plaisir allait progresser. Malheureusement, il doit me manquer quelque chose dans le cerveau, ce qui m’empêche de m’émerveiller devant de la virtuosité pure et simple et des structures de pièces dignes de la théorie quantique. Que ce soit la formation Ouch! (de la région du Saguenay), G.O.D. (de Québec) ou Nitram et les Sept Grammes (de Trois-Rivières), aucune ne m’a vraiment convaincu que le rock progressif pouvait avoir une quelconque résonance dans mes tripes. C’est mon problème, j’en conviens… Quoique si je me concentre un peu, je dois dire que Nitram et les Sept Grammes furent davantage convaincants en raison d’une réelle énergie et d’un dynamisme assez contagieux. Mais je ne comprends toujours pas comment des groupes portant un soin maniaque à la composition et à l’exécution musicale soient aussi paresseux lorsque vient le temps de pondre des textes… Anyway, voilà le nouveau palmarès: 6 – Muse et Hommes, 5 – G.O.D., 4 – Plastic Lite, 3 – Ouch!, 2 – Nitram et les Sept Grammes, 1 – Kitchose Band. La semaine prochaine, c’est plutôt alléchant: Les Voisins d’en dessous (rock alternatif qualifié de véritable laboratoire d’expérimentation musicale, d’après l’autoportrait du programme), Armand Guindon (qui propose "une vision apocalyptique qui décrit les raisons qui font que c’est pas parce qu’on se mouche qu’on tombe en amour avec son kleenex"!) et Les Magouilleurs (le band de Simon Bellefleur, bel album, Dormez-vous debout?). Au Zest (2100, rue Bennett), 20 h, 2 $.

GFK
Vous avez envie de vous faire rentrer dedans par une attaque sonore en règle? Je vous conseille fortement de vous rendre au Café Chaos le 17 novembre, alors que la formation de Québec GFK (Government’s Fury Kill) interprétera les véritables brûlots hardcore-métal que l’on retrouve sur leur nouveau disque In Defence of Politics, leur deuxième sur la surprenante étiquette de disques New Horizons, de Québec. Pas besoin de vous dire que derrière toute cette agressivité se cachent bien entendu des messages anticapitalistes, pro-choix et pacifistes. Mais heureusement que le groupe prend la peine d’inclure des explications dans le livret de l’album, car on pourrait croire qu’il ne souhaite que l’Apocalypse… GFK sera accompagné d’une autre formation de la Vieille Capitale, Each On Set, et de Haang Upps, de Saint-Jean-sur-Richelieu.

à souligner
– Le volet off de Coup de coeur francophone se termine à L’Escogriffe avec les performances de Caïman Fu et Paule Magnan (le 15 novembre); Louis Étienne et Jérémi Mourand (le 16); et une soirée dub avec Vander et ses invités (le 17).

– Les amateurs de rock’n’roll sale et méchant sont légion ici comme à Québec. Et parmi ses meilleurs représentants se trouve la formation Les Vipères, comptant en ses rangs l’ex-Secrétaires Volantes Vince Posadzki. Le groupe lance d’ailleurs un premier album intitulé Sans foie ni loi, le 14 novembre, à la Casa del Popolo.

– L’anniversaire incontournable de la semaine? Celui de l’extravagant Plastik Patrick qui célébrera en grande le 19 novembre au Cabaret, en compagnie de ses petits amis de One 976, et des invités spéciaux We Are Molecules.

– La formation Dilemme invite les amateurs de musique et de hockey à la Taverne Verres Stérilisés, le 16 novembre, alors que le groupe animera musicalement et gratuitement les entractes et l’après-match Canadiens/Devils.

– Deux soirées à ne pas manquer au Zest: le 16 novembre, pour les performances de Locos, Ab Irato, The Uncivilized et The Retarded; et le 17 novembre, pour celles des formations Abdullah, Absolu et Flood.