Akuma: analyse à contre-courant…
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Akuma: analyse à contre-courant…

Lorsque j’ai joint Safwan, ex-Banlieue Rouge et leader d’Akuma, j’avais l’intention de lui faire dresser un bilan de l’aventure 100 Demons. Cet album a engendré une tournée d’une cinquantaine de spectacles, dont 13 en France et en Suisse devant des foules de plus de 1000 personnes toujours très enthousiastes et particulièrement sensibles aux messages politiquement engagés d’Akuma. Ladite aventure se conclura le 29 novembre, au Club Soda, en compagnie des Ordures ïoniques et de Sasquatch. Mais ce petit retour en arrière dans ses souvenirs européens a lancé Safwan dans une analyse à contre-courant du discours positiviste ambiant concernant la scène alternative québécoise. Êtes-vous prêts? Je vous avertis, ça va faire mal: "Beaucoup de gens prétendent à une super-vitalité de la scène rock alternative au Québec, mais moi j’y vois davantage un malaise… Si on compare avec l’époque de Banlieue Rouge, les groupes aujourd’hui sont beaucoup plus au fait du fonctionnement de l’industrie. Mais la démocratisation des moyens de production et la prise de conscience par ces groupes des besoins de l’industrie établie ont fait en sorte qu’il y en a maintenant une quantité effrayante alors que l’essence même de l’esprit rock s’en trouve extrêmement diluée. Le rock comme choix, comme combat et philosophie, ça ne veut plus rien dire. La notion de danger a été perdue dans le rock québécois. Un peu partout au Québec, les kids essaient de plus en plus d’imiter des formations comme Blink 182, et ça, ça risque de rendre très stérile la prochaine génération. Les monuments de la scène alternative sont plutôt essoufflés en ce moment et la porte s’ouvre difficilement pour les nouveaux groupes. Et je ne sais pas si le public est vraiment là pour les appuyer. J’ai plutôt l’impression que les gens se foutent de la scène québécoise."

Pourtant, selon Safwan, l’époque actuelle devrait logiquement générer son lot de groupes militants: "Je me souviens que tous les groupes punk-rock américains les plus heavy étaient sortis à l’époque de Reagan et pourtant, aujourd’hui, les discours politiques sont beaucoup plus inquiétants et dramatiques et il n’y a presque pas de groupes qui en parlent! Donc, on a tous les yeux bandés quand vient le temps de monter sur un stage et de jouer de la guitare?" Ça vous fait réagir? Y’a rien de plus stimulant qu’une bonne remise en question… Utilisez donc l’outil de réaction sur cette page et les meilleures réponses seront publiées dans cette chronique.

ArseniQ33: départ de J.-F.
Stop the press! Le saxophoniste et chanteur Jean-François Payant quittera ArseniQ33 après le spectacle-bénéfice pour le déménagement du Café Chaos du 5 décembre, au Café Campus, en compagnie de Vulgar Deli et The Sainte Catherines. La nouvelle en a surpris plus d’un mais pas les membres du groupe à qui J.-F. avait fait part de sa décision dès mai dernier, avant même la parution du dernier album. J.-F. explique son départ sur le site Web du groupe (www.arseniq33.com); pour résumer, il affirme vouloir davantage de temps pour se consacrer à ses autres projets et à sa famille. L’avenir du groupe n’est nullement compromis puisqu’un nouveau saxophoniste (Alexandre Fecteau) le remplacera dès janvier et participera activement aux nouvelles compositions d’ArseniQ33, qui sont d’ailleurs déjà en chantier. Alors, on profite du spectacle du 5 décembre pour donner à J.-F. ses derniers frissons arsenicistes? Salut Monsieur Payant!

Francouvertes: semaine 4
On nageait en plein métissage urbain lundi dernier, au Zest, alors que le hip-hop et ses dérivés étaient à l’honneur. Le tout a commencé avec un Psychopas verbo-moteur entouré d’un guitariste, d’un harmoniciste (Bad News Brown) et d’un compère M.C. Son hip-hop passablement brouillon souffrait d’une trame sonore préenregistrée à la qualité douteuse, mais ses interventions improvisées (presque aussi longues que ses chansons!) ont rendu au final le jeune homme assez sympathique. Mais pas assez, semble-t-il, pour que les votes s’accumulent en sa faveur. En fait, Psychopas n’aura même pas eu le plaisir d’apparaître au palmarès préliminaire qui a cependant fait une place de choix aux deux autres candidats de la soirée, Skat et Syncope. La première, avec un aplomb qui ne laissait transparaître aucune nervosité (malgré l’absence de quelques musiciens ayant déclaré forfait à la dernière minute), a su livrer son hip-hop aux accents soul de belle façon. L’enrobage musical avait beau être minimal (D.J. et percussions), le résultat profitait tout de même d’une agréable osmose. Pour ce qui est de Syncope, son raï apprêté à la sauce ragga, reggae et rap a fait mouche au fur et à mesure que la confiance gagnait ses membres. L’effet bienfaiteur de cette musique métissée rappelant les classiques du genre mais aussi des représentants plus urbains comme Zebda aura eu comme conséquence de propulser Syncope en première position. Donc, après quatre semaines, le palmarès partiel des neuf semi-finalistes potentiels se lit comme suit: 1- Syncope 2- Skat 3- Kitchose Band 4- Nitram et les Sept grammes 5- Les Magouilleurs 6- Ouch! 7- Plastic Lite 8- G.O.D. 9- Armand Guindon. Lundi prochain, les auteurs-compositeurs-interprètes Ian Fournier, Patrick Hamilton et Luc Sasseville seront les prochains à tenter leur chance.

Le Karlof Orchestra censuré
Avec un titre d’album comme Fuck’n’Shit Baby Love, Le Karlof Ochestra devait bien s’attendre à avoir quelques problèmes un jour ou l’autre. Pourtant, personne jusqu’ici n’avait semblé choqué par l’utilisation de ces deux mots à connotation vulgaire. Même MusiquePlus inscrit sans problème le titre de l’album lorsque le clip de Murmures passe en ondes. Mais c’est par le biais du Bureau de la télévision du Canada que le couperet de la censure est tombé. Voulant faire la promotion dudit album grâce à une publicité télé, Le Karlof est passé par l’organisme fédéral dont le rôle est d’approuver la diffusion de toute publicité. Si le Bureau ne donne pas son accord, pas de pub! Et le Bureau en question s’est insurgé contre l’utilisation des mots "fuck" et "shit", que ce soit graphiquement ou verbalement! Partout ailleurs, pas de problème, mais pour une pub, pas question… La gérance de Karlof a eu beau argumenter, rien n’y fit; c’est donc une version censurée de la publicité que vous verrez en ondes, à partir du 2 décembre, à MusiquePlus et Télétoon. Dans cette version, le titre imprimé à l’écran sera caché par une bande noire et la voix off le prononcera à l’envers. Ce qui devrait donner phonétiquement quelque chose comme "Echnikof Baby Love". Un grand merci au Bureau de la télévision du Canada sans qui notre belle jeunesse serait certainement corrompue par tant de vulgarité… Et vive la liberté d’expression artistique! Fuck…