Liquidation de fin d'année…
Musique

Liquidation de fin d’année…

Voulez-vous bien me dire ce qui se passe? Après une année 2002 particulièrement riche en produits locaux et indépendants de qualité, après 12 mois à accumuler les bons coups et à observer l’intérêt grandissant des fans de musique québécoise pour une manière différente de faire les choses, voilà qu’une série de mauvaises nouvelles viennent assombrir cette fin d’année. D’abord, le Café Chaos qui donnait une conférence de presse la semaine dernière pour sensibiliser les médias à sa fragilité financière qui pourrait compromettre son opération déménagement, certains partenaires publics et privés tardant à se manifester. Un spectacle-bénéfice mettant en vedette les formations The Sainte Catherines, Vulgar Deli et ArseniQ33 aura lieu au Café Campus, le 5 décembre. Au même endroit, lundi dernier, ce sont Fred Fortin, Steve Hill, Galaxie 500 et les Junkyard Dogs qui se réunissaient pour venir en aide à L’Escogriffe, ce petit bar du Plateau devenu en peu de temps un véritable laboratoire de nouveaux talents, qui doit faire appel au public pour survivre aux longs mois d’hiver qui s’en viennent. De son côté, le propriétaire du Café Sarajevo, Osman Koulenovitch, annonçait qu’il mettait son bar de la rue Clark à vendre à la suite d’une décision de la CRAAP (Commission de reconnaissance des associations d’artistes et des associations de producteurs) de nier le rôle de diffuseur du Café pour lui imposer un titre de producteur, ce qui l’obligerait à donner des cachets minimaux de 100 $ par musicien (tarif fixé par la Guilde des musiciens), un montant jugé irréaliste par le gestionnaire de l’endroit, qui songe maintenant à fermer boutique. Et dire qu’Émile Subirana (président chancelant de la Guilde) criait victoire au nom des musiciens après l’annonce du jugement…

Mais il n’y a pas que les bars dont la santé financière menace la poursuite de l’épanouissement de la relève. La boutique Underworld de la rue Sainte-Catherine, haut lieu des amateurs de culture underground, annonçait la semaine dernière sa fermeture pour le 28 décembre, invoquant des taxes municipales et un loyer trop imposants pour assurer sa rentabilité. Finalement, il y a quelques jours, j’ai eu la confirmation que le concours Polliwog (qui devait débuter en novembre au Bleu est noir) tirait sa révérence "par manque de financement". Par contre, si la branche Polliwog (festival et concours) de MPV Entertainment semble sombrer dans l’oubli, celle ciblant les enfants (avec Patou maintenant en ondes à TVA) respire la santé financière. Quoi? Vous dites? MPV pourrait injecter un peu des profits de Patou dans le Polliwog? Peut-être… Mais il semble que la scène alternative ne soit plus la priorité de MPV depuis un certain temps déjà. Espérons seulement que ce festival des mauvaises nouvelles s’achèvera avec la nouvelle année. Parce qu’il serait dommage de reculer après 12 mois de productions musicales indépendantes aussi encourageantes…

Réactions à Safwan
La semaine dernière, je vous rapportais les propos controversés de Safwan, leader d’Akuma et ex-Banlieue Rouge, qui critiquait, entre autres, le peu de conscience sociale et politique des bands rock au Québec en cette époque sous tension guerrière. Quelques internautes ont réagi sur le site de Voir, dont Francis Moreau, de Sainte-Thècle, qui semble persuadé que les amateurs de musique d’aujourd’hui (surtout depuis le 11 septembre 2001) sont beaucoup mieux informés de ce qui se passe dans le monde et n’ont donc plus besoin de se faire sensibiliser aux problèmes planétaires via la musique: "Qui a dit qu’on voulait encore entendre parler politique à travers la musique? (…) Les amateurs de musique, en 2002, en ont assez des groupes à discours sociopolitiques gauchistes. Ils veulent simplement s’amuser, oublier leurs tracas quotidiens quand ils achètent des disques et vont à des concerts. (…) Je ne veux pas diminuer le travail de Safwan. Autant avec Banlieue Rouge qu’avec Akuma, il a fait du bon travail. Mais s’il pouvait essayer de voir la vie de façon plus positive au lieu d’être redondant dans son message, il apprécierait peut-être plus son métier et aurait encore du plaisir à performer sur scène et sur disque. On est en 2002, pas en 1982; on veut s’amuser, tout en gardant une oreille attentive à l’actualité."

Une affirmation qui semble avoir fait sursauter Adam Richard, qui en profite pour se présenter comme un membre de Gemini-9, un groupe de rock progressif-psychédélique-expérimental engagé: "(…) Et pour monsieur Moreau qui croit qu’il n’y a plus de place pour les groupes politisés parce que les gens seraient de plus en plus informés, je lui répondrai tant mieux pour lui s’il se tient au courant, mais il y a encore trop de gens qui ne s’informent qu’en regardant Le Téléjournal, La Presse ou Le Journal de Montréal. La planète a encore besoin de se faire crier ses quatre vérités par la tête, et le rock est là pour ça, peu importe la mutation qu’il peut subir en cours de route." Ça fait du bien de dire ce qu’on pense, non? Vous devriez essayer ça plus souvent. Ça s’appelle la démocratie, et parfois, ça fait avancer les choses…

Le Show ‘Kola
Ça fait presque un an que le jeune ‘Kola parcourt les bars de la Métropole avec son concept de Micro ouvert ou de Jam chansonnier. Un concept qui permet à quiconque voulant s’exprimer sur scène d’avoir accès à un micro et à un public. Une démocratisation qui ferait certainement faire une crise cardiaque au président (pas encore) sortant de la Guilde des musiciens si, au moins, il visitait les endroits qu’il accuse d’exploitation envers les musiciens… Et comme tout laboratoire de création de ce genre, l’exercice a donné lieu à des rencontres inattendues, des échanges créatifs et des désirs de pousser la collaboration plus loin. Voilà la raison d’être de ce Show ‘Kola présentant "quatre nouvelles saveurs" musicales, le 7 décembre, à L’Inspecteur Épingle. C’est dans ces fameux jams qu’Alexandre Michaud, André Kirchhoff, Unicité et ‘Kola ont appris à se connaître, suffisamment pour s’accompagner cette fois entre eux à tour de rôle. Et c’est contribution volontaire pour assister à cette expérience d’entraide musicale et amicale!

à souligner
– À la suite de la cinquième semaine des préliminaires des Francouvertes, le palmarès des neuf semi-finalistes potentiels se lit comme suit: 1- Syncope, 2- Luc Sasseville, 3- SKAT, 4- Ian Fournier, 5- Kitchose Band, 6- Nitram et les Sept Grammes, 7- Les Magouilleurs, 8- Ouch!, 9- Patrick Hamilton. La semaine prochaine, on peut certainement prévoir un chambardement du palmarès puisque les formations Electrik BBQ, Les Breastfeeders et Les Goules sont toutes trois réputées pour casser la baraque. Le 9 décembre, 20 h, au Zest (2100, rue Bennett).

– La semaine prochaine, pas de Scène locale because je pars aux Transmusicales de Rennes, en Bretagne. Profitez-en donc (public, musiciens, animateurs radio, etc.) pour m’envoyer vos top 5 d’albums indépendants locaux de l’année à [email protected], et on se fait une petite rétro à mon retour?