Taima Project / Plywood 3/4 / HH4Ever
Musique

Taima Project / Plywood 3/4 / HH4Ever

Retour: Taima Project/Plywood 3/4

Je me suis offert un petit doublé vendredi dernier. Et, sans l’avoir prévu, j’en ai tiré des conclusions que je me suis promis de partager avec vous. Ça concerne le contenu par opposition au contenant. La manière de présenter un projet musical pour lui permettre de mieux atteindre sa cible: le public. D’abord, la proposition musicale de Taima Project, qui offrait au public du nouveau Zest et de l’événement Espaces Émergents, un aperçu de son potentiel à moyen terme. Sur papier, Taima Project (dont le noyau créatif est formé d’Alain Auger d’Abitibi et d’Elisapie Isaac, originaire de Nunavik dans le Grand Nord) a tout pour susciter de l’intérêt. La rencontre de deux cultures, l’intégration d’une langue (l’inuktitut) dans un univers musical moderne, le choc d’une collaboration trilingue et musicalement métissé plutôt inusitée. Bref, avec la montée de la curiosité occidentale pour le Grand Nord (alimenté par le succès d’un film comme Atanarjuat), Taima Project a une formule en or dans les mains. Sur scène, cependant, il faudra encore travailler tout ça. Pas que la première partie du spectacle auquel j’ai assisté ait été ennuyante; il s’agit plutôt d’une question de confiance et de sono. Taima Project mise beaucoup sur les ambiances éthérées en contre-poids avec les montées d’intensité. Il aurait alors fallut y aller plus à fond; que l’on sente autant la brume et la solitude se manifester sur scène que la tempête qui dévaste tout sur son passage lorsque la dynamique l’exigeait. Mais ce soir-là, Taima Project avançait sur la pointe des pieds, comme s’il avait peur de trop secouer. Le propos et l’objectif artistique de Taima Project (l’égalité entre Blancs et Inuits) est, par nature, révolutionnaire. Et son potentiel est déjà palpable. Il ne lui reste plus qu’à plonger tête première dans l’insécurité et, de là, naîtra sûrement un contenant plus audacieux et mieux adapté à son contenu.

Parlant de contenant, c’est la pochette en carton de l’album de Plywood 3/4 qui a été récompensée au dernier Gala MIMI. J’ai donc quitté le Zest à l’entracte pour me diriger plus à l’ouest sur Ontario, au Lion d’Or, afin de voir comment la formation de Dany Placard allait investir la scène. Voilà un groupe qui propose une expérience de scène globale et complémentaire à sa signature esthétique sur disque. Juché sur une galerie en bois avec treillis assortis, le barbu Dany trônait au milieu des vieilles lampes de salon, d’une corde à linge traversant la scène et d’une clôture en broche entourant la batterie. Ajoutez à cela une panoplie d’instruments artisanaux gossés à la main et une ambiance de party de ruelle, et vous obtenez un beau moment de liberté musicale. Une scénographie tellement clinquante cependant, que Plywood 3/4 en avait oublié de jouer des tounes… Des jams spontanés, c’est bien, mais des chansons, c’est mieux! Y’a pas à dire, l’art de la conjugaison contenant/contenu ne s’acquiert que dans l’effort et la réflexion… Plywood 3/4 assurera la première partie des excellents Calexico, ce jeudi 20 mars, au Cabaret.

HH4Ever

Dans l’effervescence du Gala des MIMI et des showcases de la FoIN de la fin de semaine dernière, je suis passé à côté du Festival Hip-Hop 4Ever qui se déroulait sur trois soirs au Métropolis. Et comme la formation gagnante du concours rattaché au festival ne s’est pas pointée le soir du Gala MIMI (alors qu’elle devait y effectuer une performance-surprise) et qu’aucun communiqué n’a été émis dans les jours qui ont suivi, je me suis donc rabattu sur le site officiel de l’événement (www.hh4ever.com) pour contempler le palmarès. Question: pourquoi organiser un concours si c’est pour laisser les noms de ses lauréats moisir sur un site Web? Le but même d’une telle opération n’est-il pas de répandre la bonne nouvelle du sang neuf en faisant circuler les noms des récipiendaires dans le plus de médias possible? Ces mêmes médias dont on sollicite fortement l’appui pour faire vendre des billets avant l’événement… Bon, arrêtons de chialer, la job du journaliste n’est-elle pas de courir après la nouvelle? C’est peut-être ça le problème: les relationnistes de presse consciencieux ont rendu les journalistes paresseux au point de ne même plus faire l’effort de visiter un site Web pour obtenir de l’information… Maudits journalistes! Voici donc, malgré tout, la liste des gagnants de Hip-Hop 4Ever:

Meilleur artiste rap francophone: Rimes organisés

Meilleur artiste rap anglophone: Jay Seven

Meilleur artiste R’n’B anglophone: Bérénice

Meilleure performance danse hip-hop: Elite Troupe

Meilleur D.J.: KleanCut

Meilleur graffiti: Jean-Loïc Rodriguez

Meilleures paroles francophones: Rimes organisés

Meilleures paroles anglophones: Buddah Child

Meilleur texte interculturel francophone: Mim’s et Claire

Meilleur texte interculturel anglophone: Eye 2 Eye et Miss Taboo

Artiste féminine de l’année: Sister Soul

Prix des régions: Hommes de Ground (Québec)

Concours

À moins que Star Académie ne comble tous vos désirs de découvrir de nouveaux talents (en plus de vos tendances voyeuristes de gérants d’estrades…) sachez qu’il y a aussi des concours avec moins de budget, mais dont le but premier est d’abord de stimuler la création artistique. Parmi ceux-ci, deux sont à la recherche de candidats pour leurs prochaines éditions: Envol et Macadam, dont l’échéance des inscriptions aux volets rock alternatif et hip-hop tire à sa fin, ainsi que le Festitour, qui donne aux groupes intéressés jusqu’au 15 avril pour s’inscrire. Tous les renseignements dont vous aurez besoin sont sur leurs sites Web respectifs (www.envoletmacadam.com et www.festitour.qc.ca)

à souligner

– L’événement Urbanik, dont la mission est de faire émerger de nouveaux talents de la scène musicale urbaine au Québec et de les accompagner dans leur cheminement professionnel, proposera Nico Lelièvre (chanteur de Popmécanic) et la formation hip-hop Kodiak (de St-Jean-sur-Richelieu) pour sa deuxième édition qui se tiendra le 21 mars, au Cabaret.

– Les Sexareenos réchaufferont la scène pour Rocket From the Crypt, le 25 mars, au Cabaret.

– Aussi: le 21 mars, Trip The Off et The Salads seront au Swimming, alors que Kaleidoscopik et The Vague seront au Saphir; et le 26 mars, à L’Escogriffe, Les Abdigradationnistes offriront l’un de leurs trop rares spectacles.