Montag:êtes-vous son ami?
Cette semaine, Montréal vibrera aux rythmes des prestations électroniques du Festival Mutek. Et parmi la horde d’artistes réputés de l’électronica mondiale, la série Émergence proposera au public de découvrir des talents d’ici qui, étonnamment, se sont d’abord fait connaître à l’étranger. C’est le cas d’Antoine Bédard, alias Montag, que l’on a découvert sur les compilations de la micro-étiquette Natacha’s Recording, et qui a obtenu son premier contrat de disque en France, sous l’étiquette Gooom. Écouter son album Are You a Friend?, c’est faire un voyage à la fois apaisant et stimulant, flottant sur des volutes de sonorités et de mélodies fragiles mais enveloppantes. Et questionner Montag sur ses motivations profondes à communiquer avec les gens par la musique, c’est plonger au cour d’une réflexion qui fait mentir ceux et celles qui reprochent aux musiciens électro de manquer de contenu et d’humanisme. "Dans une société qui isole volontairement les gens les uns des autres, qui sont ceux sur qui on peut réellement compter?" Cette question fort pertinente, que pose lui-même Montag sur son site Web (www.montag.ca), renvoie directement au titre de son disque. J’ai eu envie de lui retourner la question: "Pour vraiment être bien avec les autres, je crois qu’il faut justement oublier quelques instants la société dans laquelle nous vivons et toutes ces horreurs qu’on nous raconte quotidiennement. Ça nous permet de redevenir authentique et d’avoir l’esprit libre. De toute façon, on arrive toujours par s’entourer de gens qui nous ressemblent, même s’ils sont parfois difficiles à trouver. Mais je pense que, généralement, les gens n’ont plus ou ne prennent plus le temps d’être réellement ensemble. Pour ma part, j’ai toujours été très sociable et ma dépendance pour les autres a déjà été alarmante. Or, en musique, je me suis retrouvé vraiment seul. En posant cette question, je me suis peut-être demandé, inconsciemment, ce qui m’a poussé à m’isoler de la sorte, avec comme seule compagnie mon ordinateur et quelques claviers. Moi qui aimais tant être entouré, je suis tombé dans une sorte de paranoïa (d’où la question Are you a friend?) que j’ai eue beaucoup de mal à comprendre. La question m’a probablement amené à me dépasser dans un domaine où je n’étais pas certain d’avoir une place au départ. Et je constate aujourd’hui que, même en musique, il y a en fait bien des gens sur qui je peux compter réellement." C’est pas beau, ça?
Montag et ses divers instruments participeront au programme Émergence 2, le 30 mai, dès 17 h, au Studio du Musée Juste pour Rire, en compagnie d’Ototo, [Sic], Pierre Crube et Sixtoo. Et c’est gratuit!
Guérilla: autopsie d’une séparation…
"Après sept ans et demi d’existence, nous avons pris la décision de cesser nos activités. Ça n’a pas été une décision facile mais le temps nous semble venu de passer à autre chose." C’est par cette intro laconique que Janick Lavoie, guitariste du groupe de Sherbrooke Guérilla, annonçait officiellement la dissolution de la formation. À vrai dire, ce n’est pas avec la plus grande des surprises que j’ai lu ce courriel envoyé jeudi dernier. Les signes avant-coureurs de cette décision se manifestaient depuis déjà un bon bout de temps. Depuis le départ du chanteur Stéphane Mackenzie, en fait, on sentait que la restructuration et la motivation battaient de l’aile. On a pris un temps fou à recruter de nouvelles voix et les concerts se faisaient de plus en plus rares (le groupe n’est monté sur scène que cinq fois depuis un an et demi, dont aux Francos l’an dernier, dans un Spectrum tristement dégarni de fans). Ces bouleversements internes couplés à une trop longue période d’inactivité ont-ils mené le groupe à sa perte? Bien sûr, "le manque d’intérêt général des membres du groupe" est mentionné dans le communiqué. Mais qui Guérilla montre du doigt comme cause principale de cette démotivation? Musique Plus, voyons! "S’en prendre une fois de plus à Musique Plus, qui a choisi de mettre à l’index le vidéoclip de Guérilla Manifeste et de diffuser moins souvent Ô Liberté que la station mère de Toronto Much Music serait facile, dites-vous, mais nous assumerons cette accusation gratuite. Nous ne cacherons pas que l’attitude de Musique Plus a été une grande source de démotivation pour le groupe." Bon, bon… Désolé, mais si tous les groupes dont les clips sont rejetés par M+ se séparaient pour cette raison, il faudrait ajouter une chronique nécrologique mensuelle à cette page… Pour qui Guérilla faisait-il de la musique? Pour M+ ou pour ses fans? Mais je peux comprendre que la tentation de régler ses comptes une dernière fois avant de quitter était tentante…
Janick termine tout de même ses adieux sur une note postive: "Nous sommes fiers de nos accomplissements. Le fait d’avoir toujours des objectifs réalistes a toujours permis au groupe de ne jamais être déçu. C’est donc après deux albums, plus de 130 concerts et trois tournées en Europe qui nous ont permis de jouer dans cinq pays que nous laissons derrière nous tous ces bons et moins bons souvenirs." Question de s’offrir une dernière manifestation scénique, le groupe fera un concert d’adieu le 23 juin pour la Fête nationale au Parc Molson (coin Beaubien et Molson), auquel se joindra Stéphane Mackenzie.
À souligner
– Le 4 juin, le Centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ) tiendra son spectacle-bénéfice annuel au Café Campus, avec la participation de Loco Locass, les Marmottes Aplaties, Muzion, Les Zapartistes, Arseniq33, Syncope, DJ Dexter X, entre autres.
– Il y a Melbourne en Australie et Melbourne en Estrie. Et c’est dans ce dernier que se déroule chaque année le légendaire Festival de l’art punkderground. La 13e présentation se déroulera les 8 et 9 août prochains, mais d’ici là, le 31 mai, à L’Alizé, se tiendra un spectacle-bénéfice avec la participation du Kenny Blaster Band, Tony Mess et les chiés d’cul, International Al Cognen et No Pressure.
– Les formations Madcaps et Caïman Fu investiront le Cabaret, ce jeudi 29 mai.
– L’intéressante formation de jazz-groove instrumentale Torngat lancera son premier album éponyme le 4 juin, au Quai des brumes.