Le bruit court depuis un certain temps: le premier compact de Pierre Lapointe (à paraître chez Audiogram au printemps) risque d'atterrir chez les disquaires comme un cadeau du ciel pour les mélomanes passionnés de la vieille école de la chanson française (Guy Béart, Jacques Brel et Cie). Si on vous présente le jeune homme de 22 ans comme un personnage rigolo et formellement hautain en concert, son superbe démo fait pourtant preuve d'un grand sérieux, à l'exception de Boutique fantastique causant de vomissure. Le temps est venu de mettre les pendules à l'heure.
"Les gens ont focalisé sur cette pièce parce qu'elle comporte des images fortes, mais cette composition, je préfère la garder pour les concerts, avoue Lapointe. C'était bien de faire grincer les gens au départ, mais ce n'est pas une recette que je veux ramener à tout prix. Par contre, mes spectacles garderont la même formule. Si mon personnage pédant exagéré servait à dissimuler ma gêne et mon inconfort en concert, il est maintenant devenu naturel. Même si j'ai aujourd'hui accepté de me produire sur scène en tant qu'auteur-compositeur."
C'est que ses études, Pierre ne les a pas faites en musique, ni en littérature, malgré ses textes profonds. Il a étudié l'art dramatique. "À la base, je voulais faire du théâtre pour gagner ma vie, pas de la musique. Je ne me trouvais pas intéressant sur une scène à chanter mes compositions. Ça m'a pris trois ans avant de faire le ménage et de concevoir le fait que ce serait ma vie."
Il accepte peut-être sa nouvelle orientation, mais le compositeur trouve tout de même le moyen de mélanger comédie et musique. À preuve, son concert du samedi 31 janvier au Lion d'Or avec Tomas Jensen. "Nous élaborons sur le thème des dieux grecs. Tomas sera Bacchus et moi, Narcisse. Bref, une orgie musicale."
L'impro en musique
À ne pas confondre avec la LNIMM, Les Journées québécoises de l'impro en musique présentent leur quatrième semaine thématique dédiée à l'univers sans frontières de la création musicale spontanée. Au Théâtre La Chapelle, vous pourrez voir ce soir Constantinople jouer avec la tradition des musiques méditerranéennes, médiévales et de la Renaissance. Le 30, le percussionniste jazz Thom Gossage et ses musiciens seront accompagnés du compositeur Rainer Wiens, alors que le saxophoniste new-yorkais Steve Lacy se produira le lendemain. Puis, à la Sala Rossa, Codes d'Accès fusionnera les instruments traditionnels aux nouvelles technologies le 3 février, pour ensuite faire place aux musiques contemporaines et actuelles avec le Quatuor de saxophones Quasar le 4, et l'Ensemble SuperMusique le 5. Des ateliers sur l'improvisation musicale seront aussi dispensés à l'Université de Montréal. Pour plus de détails: (514) 843-9305, poste 311.
Des nouvelles du Chaos
En plus du concours La Virée Chaosphonik qui débute à 21 h ce mercredi 4 février avec les groupes Khepera, Increase et Bouffons du Roi, le nouveau Café Chaos (2031, rue Saint-Denis) présentera deux nouvelles soirées thématiques. Les dimanches, à partir du 1er février, les cinéphiles auront droit à un plat de pop-corn et un film d'horreur-culte gratuits dès 20 h; puis, en collaboration avec Unibroue, CISM 89,3 diffusera en direct du Chaos tous les jeudis, de 4 à 7, dès le 5 février.
En vrac
– Un des nombreux projets parallèles de Godspeed, The Silver Mt. Zion Memorial Orchestra, se produit les 1er et 2 février à la Sala Rossa.
– La formation acoustique composée de quelques membres des Sainte-Catherines, Yesterday's Ring, réchauffera le cœur du Balafré ce soir avec Malcolm Bauld (membre des Frenetics), Mia Verko (nouveau nom des Sadie Hawkins) et Autumn Picture.
– Les Chiens mordront le Lion d'Or le vendredi 30 en compagnie d'Alligator Trio et de Jérémi Mourand.
– Mickey Mutts et Von Bismark 007 vous feront finalement skanker à l'Hémisphère Gauche ce samedi 31 janvier.
Disque local
Geneviève Crépeau
Je vivrai, je m'appelle Michelle
(Indépendant / Local)
Geneviève Crépeau, du duo Geneviève et Matthieu, lançait en décembre un livre-concept couvrant trois domaines artistiques: la poésie, la photo et la musique. Comme je suis loin d'être un critique d'arts visuels ou de littérature, vous commenter sa plume abstraite traitant de dédoublement de personnalité, d'affirmation de soi et de liberté me semble inapproprié, bien que cette facette soit indissociable de l'œuvre. Par contre, musicalement, Geneviève fait preuve d'une imagination florissante avec ses petites chansonnettes mielleuses où sa voix oscille dans un registre aussi paisible (comparé à Geneviève et Matthieu) que mélodique. Si sa plume virevolte à gauche et à droite, le compact fait preuve d'une unité étrange, mais toujours accessible. On retiendra particulièrement la douceur de Michelle et la tristesse d'Alida, avec ses notes de banjo. 3.5/5
Retenez bien son nom ! Car ça ne fait aucun doute, Pierre Lapointe va devenir très vite une référence incontournable de la chanson québécoise !
À une époque où le grand public est bombardé de chanteurs préfabriqués et de musique purement commerciale, Pierre Lapointe a choisi une voie qui lui fermera peut-être la porte de bien des stations de radio, mais les vrais amateurs de musique ne s’y tromperont pas !
Tout comme en France, des chanteurs comme Vincent Delerm, Benjamin Biolay et Bénabar ont su se bâtir une réputation et remplir des salles de concert sans passer à la radio, Pierre Lapointe suivra certainement le même chemin. Il a une belle voix, un style qui s’apparente d’une certaine manière à celui de Moustaki et Brassens et des textes merveilleusement écrits, dans un français impeccable, ce qui nous change agréablement de quelques chanteurs québécois qui ont une fâcheuse tendance à « déparler » quand ils chantent…
C’est tellement rafraichissant de savoir que le Québec produit des artistes comme Pierre Lapointe qui peuvent rivaliser sans le moindre complexe avec les meilleurs chanteurs français !
J’ai entendu le démo de Pierre Lapointe et je dois dire que la seule pièce qui m’avait réellement accrochée semble être celle dont il est le moins fier et de la façon dont il parle, il ne semble même pas intéressé à la mettre sur son album. Je trouve ça pas mal bizarre disons. Pour ce qui est de son personnage hautain, si cela peut être drôle au début, il ne faudrait quand même pas qu’il se mettre à se prendre trop au sérieux parce que je pense que les gens pourraient ne pas aimer ça. Bref, je suis curieux de voir de quelle façon sa carrière va évoluer. Chose certaine, commencer avec une bonne compagnie comme Audiogram n’est jamais une mauvaise chose. Il a de bonnes chances de percer.
J’ai déjà eu la chance de voir un spectacle de Les chiens. Ils étaient en première partie d’un autre groupe. Je ne les connaissais pas et je me suis laissée séduite par leur style. C’était un très bon spectacle. Je me suis dit à ce moment qu’ils méritaient leur show afin de se faire entendre.
Je leur souhaite bonne chance et je vous incite à aller les découvrir au Lion d’or le 30 janvier.
J’ai vu Pierre Lapointe au Festival de Jazz cet été. Un show extérieur à l’heure du souper je crois. Sais pas. J’avais vu le bonhomme à la télé à quelques reprises et j’étais pas convaincu. Au jazz, malgré une très bonne prestation, j’étais toujours pas convaincu. Pas que le mec soit mauvais. Au contraire, il a un véritable talent d’auteur et de musicien. Le chanteur, lui, je le trouve assez ordinnaire. Pas une voix, et des roucoulements que je ne sens pas. Il ne vient pas me chercher. Quand j’accroche, c’est quand les textes me font voyager et la musique planer un brin. Puis il y a ce ton un peu pastiche et comme il dit lui-même hautain. On peut imiter les parisiens mais quand on veut faire chiant il faut l’être vraiment. Là je sais pas. Il ne me fait pas assez chier pour vraiment me provoquer mais il le fait suffisamment pour m’agacer. Pour moi, c’est comme un coït interrompu. C’est pas que j’veux pas…mais…
Le livre-concept de Geneviève Crépeau est à mon avis, du côté musical complété d’une musique douce à l’oreille et agréable à écouter. Les textes par contre sur le dédoublement de personnalité accompagnée d’une supposée liberté, ne sont pas très crédibles. La liberté d’être n’est pas un domaine qui s’enseigne, mais est le fruit de l’expérience acquise individuellement par chaque personne qui se plait d’être et/ou se dit libre. Pourtant « Je vivrai, je m’appelle Michèle » laisse une trace d’être imaginaire dans notre égo et se veut assez représentatif de ce qu’est Geneviève Crépeau. Les photos n’ont pas le mérite de se qualifier de chef-d’oeuvre de l’imaginaire mais sont d’une honnêteté qui peut toucher son public..
J’ai, pour la première fois, entendu parler de cet artiste, à l’été 2003.
– Quel artiste ?
– Pierre Lapointe.
– Pierre qui ?
Ce fut ici ma réaction (peut-être même la vôtre) face à ce chanteur. À vrai dire, j’avais vite associé son nom à celui du célèbre Jean Lapointe (aucun rapport). Puis pendant sa série de spectacles (dans le cadre du Festival Juste pour Rire : été 2003), il reçut de bonnes critiques (ex : talentueux et original).
Ne pouvant assister à aucun des concerts de Pierre Lapointe, j’ai utilisé une alternative pour découvrir ce son que l’on vantait : j’ai acheté son CD (demo). Et ce fût là une très grande surprise à mes oreilles. Non seulement en Pierre Lapointe je découvrais un artiste de talent mais aussi un genre musical auquel je n’avais jamais ressenti d’intérêt (la bonne vieille chanson française . et oui).
Maintenant, j’écoute à l’occasion le CD (demo) de Pierre Lapointe tout en attendant la venue de son prochain album (à venir très bientôt).
Pierre Lapointe, c’est dans une chronique culturelle de SRC que j’en ai entendu parler la première fois. J’avais pris soin de noter son nom sur un petit bout de papier volage, pour contrer l’action de la mémoire déficitaire. Puis, est venu ma fête, et c’est ce que j’ai demandé comme cadeau, un petit disque que je n’ai pas trouvé en magasin et que ma mère a commandé sur le net,pour 13$. UN BIJOU! Pierre Lapointe fait maintenant partie prenante de ma discographie. Les textes sont profonds, absurdes parfois, et délicieux. J’ai profité du fait qu’il passe au Franco pour aller lui voir la chair: c’est une bête de scène. Pas parce qu’il se pitche sur les murs mais parce qu’il dégage, intensément, parce qu’il est doucement arrogant, subtilement inaccessible, ce qui fait qu’on l’aime encore plus après avoir goûté sa prestation.
Sa musique, pour un peu qu’on aime vraiment la musique, dans ce qu’elle a de plus beau, c’est-à-dire l’accompagnement de notes bien calibrées, avec une voix puissante, juste, zestée de sensualité ( parce qu’en spectacle, Pierre Lapointe nous donne chaud… en nous disant qu’on peut bien le désirer tant qu’on voudra, il ne couchera jamais avec les « gens du peuple ». Ne montez pas au barricades, c’est là la drôlerie de son personnage!!! )
Je crois qu’on a tort de dire que c’est le nouveau Boris Vian, tout simplement parce que ce n’est pas Boris Vian, et aussi probablement parce que Lapointe ne fait pas pour être le nouveau quoi que ce soit. Peut-être que ça rassure de classer les artistes par rapport à ceux qui ont été sur les scènes avant eux, mais ce n’est pas nécessaire. Pierre Lapointe chante comme Pierre Lapointe, avec un accent français. Accompagnés du piano, de l’accordéon et du violon, les textes intelligents cognent au cour et font plaisir à l’oreille. J’ai hâte d’avoir son nouveau disque entre les mains pour m’en régaler. Longue carrière à Pierre Lapointe, parce qu’il le vaut bien…