Retour Gala MIMI
Musique

Retour Gala MIMI

La scène locale est un monde bien particulier, extrêmement diversifié et très difficile à satisfaire. Sans en faire une généralité, de nombreux groupes qui la composent se forgent une attitude implacable. Une façon pour eux d’affirmer leur identité distincte, mais aussi de se former une carapace contre les injustices de l’argent et du milieu musical commercial qui domine le Québec. De ce côté, cette attitude s’avère importante et compréhensible.

Mais voilà, cette attitude est-elle de mise lors d’une cérémonie qui récompense les efforts de ces mêmes artistes émergents? Le Gala MIMI de dimanche dernier, qui fut le meilleur jusqu’à maintenant, en a toutefois souffert.

Les organisateurs ont d’abord travaillé d’arrache-pied afin que la soirée appartienne au monde des réussites. Les temps morts ont été éliminés, l’assistance a fracassé tous les records des années précédentes et les performances variées ont réaffirmé le talent de certains (Les Chiens, Kid Koala), en plus de produire de belles surprises (Atach Tatuq, Martha Wainwright).

La soirée aurait donc pu être parfaite, n’eût été cette attitude observée chez quelques groupes, mais surtout chez l’auditoire souvent irrespectueux.

Vrai que ça fait partie de l’image des Georges Leningrad (prix Nova) de ne pas se prendre au sérieux et de déconner sur scène, mais reste qu’essayer de monter une soirée qui se tient debout et qui demeure pertinente avec cette attitude, ce n’est pas toujours évident. Pareil pour les Sainte Catherines (Bourreau de tournée) qui avec leur mentalité punk-je-m’en-foutiste et leur performance destroy de deux minutes ne pouvaient que jeter une petite douche froide sur le Gala. Sans grand enthousiasme, l’animateur Pascal Angelo Fioramore semblait aussi faire son boulot comme si c’était une corvée. De légers bémols, certes, mais qui ont nui au rayonnement du Gala. Plus dommage encore, ceux qui, comme Syncop (Cosmopolitain) ou les représentants de Polémil Bazar (Album de l’année et Étoile montante), avaient préparé un discours plus pertinent et qui ont dû le livrer à une foule bruyante plus occupée à commenter les choix du public et de l’industrie qu’à respecter les gagnants sur scène.

D’un autre côté, il est vrai que l’ensemble des gagnants ne représente en rien la superbe année de la scène anglophone. Les votes du public et de l’industrie sont surprenants. En excluant les Georges Leningrad, Sainte Catherines et Ramasutra (Feng Shui), seulement 2 des 17 prix ont vraiment été attribués à la scène anglo: Killer Demo à Social Register et Guru à Godspeed You! Black Emperor, une distinction que le groupe méritait en 2000, pas en 2004. Godspeed a d’ailleurs remis son prix à CKUT (90,3 FM).

De plus, les organisateurs jouent avec le feu en invitant au Gala des gens plus ou moins représentatifs de la scène: Antoine Gratton, Philippe Fehmiu, qui ne s’est même pas pointé. Ça ne peut que forcer certaines personnes à ressortir leur attitude vindicative.

On est donc ressorti du Spectrum la tête bourrée d’interrogations. Oui, on s’est bien amusé, mais est-ce possible de faire du Gala MIMI une soirée convenable, intelligente et représentative de tout ce qui se passe dans le milieu indépendant montréalais, en restant respectueux? À suivre…

La Fanfare Pourpour
En 1975, l’Enfant Fort est devenue sur le Plateau-Mont-Royal une fanfare symbolique de la contre-culture; une forme orchestrale évoluée pour qui le temps ne semble pas avoir d’existence. Jouant dans les rues pour les enfants, les nouveaux mariés et les vieilles sur leur balcon, pour eux, seuls la fête et le plaisir comptent. Se rebaptisant ensuite Pouet Pouet Band, Montréal Transport Limité et aujourd’hui La Fanfare Pourpour, le groupe de musiciens (environ une quinzaine, âgés entre 18 et 63 ans) lance le lundi 22 mars au Lion d’Or son deuxième album, sous la direction de Jean Derome. Intitulé Le Bal, il vous transporte avec finesse grâce à ses valses et ses airs aux accents jazz, cajun et swing. Un amalgame chavirant et rafraîchissant qui jouit d’un engouement renouvelé en ce 21e siècle.

En vrac
Holy Moly, Demon’s Claws et Paradise le 20 mars au El Salon.
– Début des demi-finales de la Virée Chaophonik le 24 au Chaos.
Afrodizz enregistre un album en concert les 19 et 20 à L’Escogriffe.
– Festival Franglais 2 ce soir à L’Alizé, avec Mr. Matt and the Birth of Something New, Oztara, Patrick Watson, Naïla et Synthetic Folk Hero.

Disque Local
Les Mod’s
Bang Sister Bang
(Indépendant / Local)
Gagnants de la Virée Chaophonik en 2001, Les Mod’s nous arrivent enfin avec leur premier disque rock, Bang Sister Bang. D’un son garage stoner néo-zélandais en début de parcours, le trio s’avance au fur et à mesure que les titres passent vers une tendance plus southern-rock qu’on pourrait associer à une certaine influence Tricky Woo. Le groupe joue également d’audace en y allant d’une pièce funk alors qu’il est rejoint par une section de cuivres surprenante, où figure le vétéran trompettiste Ivanhoe Jolicoeur. Non sans une pincée de soul, Les Mod’s détonnent en plus grâce au mordant du chanteur-guitariste Alexis Roberge qui a de la graine de Mick Jagger sans l’attitude autosuffisante. 4/5