?Alice!
En 2001 et 2002, la formation pop francophone ?Alice! se classe deuxième aux Francouvertes. Elle obtient le prix FrancoFolies, le MIMI du Secret le Mieux Gardé et se rend même à Toronto pour le festival North by Northeast. Bref, un début canon pour le groupe qui voit son premier album, Divagation Douce, promis à un avenir flamboyant.
Puis, avec le temps, les concerts se font plus rares et ?Alice! s’efface considérablement. Son deuxième album, Baisers Allumettes, paraît finalement cette année et marque un changement d’époque évident. "Divagation Douce nous a pris dans un tourbillon qui nous a rapidement dépassés par son ampleur", explique la chanteuse Esther Teman. "Nous nous sommes retrouvés à jouer sur une grosse scène aux FrancoFolies où nous devions répondre aux attentes alors que c’était mon dixième spectacle à vie. Le groupe n’était pas assez mûr."
Le recul qu’a alors pris le combo lui a permis de se ressaisir et de bien définir ce que deviendrait l’avenir d’?Alice!. "Nous ressentions quelques problèmes identitaires que nous voulions régler avec Baisers Allumettes." Esther fait référence entre autres à l’absence de pièces chantées par Vladimir Garand (principal compositeur d’?Alice! et ex-Balthazar) et à la facture moins éclectique du disque rock. "Nous avions besoin de nous trouver un son précis, éviter l’éparpillement sans être limités. Dans cette optique, Vlad s’est appliqué à écrire d’une façon moins éclatée et nous avons travaillé avec ma voix."
Le résultat comporte bien quelques inégalités perceptibles sur Baisers Allumettes, mais des titres comme Tigresse et Nid de Pissenlit prouvent, non sans une certaine folie, tout le potentiel du quatuor en spectacle ce jeudi 27 mai à l’Alizé.
Sur les planches: Nanobot Auxiliary Ballet et World Provider
Jeudi dernier, les spectateurs qui ont bravé la pluie pour se rendre à la Sala Rossa ont pu retrouver sur scène les deux poulains de la nouvelle étiquette montréalaise Ta-Da, fondée par la femme derrière la voix chaude de l’émission de radio Brave New Waves (CBC), Patti Schmidt, et par Jeff Waye, anciennement chez Ninja Tunes.
Le trio de Schmidt, Nanobot Auxiliary Ballet, ouvrait donc la soirée avec ses compositions plus expérimentales que mélodiques à base de synthétiseur. Certes, entendre et surtout voir l’animatrice en action suscitait un certain étonnement, mais voilà toute l’excitation qu’a procurée le groupe. Autrement, la performance s’est avérée redondante, parfois approximative et extrêmement statique.
Tout le contraire de World Provider, l’homme qui lançait ce soir-là son album Enabler. Sur des ambiances synthé pop éclatées, le très expressif Montréalais d’origine torontoise sautait dans tous les sens. Il s’est empiffré de poulet frit sous nos yeux et a même chanté sous une pluie de farine. Une vraie bête de scène, contrairement à Patti, cent fois plus à l’aise dans son studio que sur les planches.
En vrac
– Les rappeurs montréalais Sans Pression, Vai et Bad News Brown réchaufferont les Foufounes électriques pour le concert de Psy4 de la rime (France) ce soir 27 mai.
– Le Printemps des Bretelles, qui présente la 6e édition des Rencontres de l’accordéon de Montréal au Va-et-Vient, se termine en fin de semaine par un concert de la Fanfare Pourpour et du duo Ironico Orchestra le samedi 29. Autrement, l’événement mettra en vedette, Sandulé Bobaru, Bernard Cimon et Sonia Painchaud ce jeudi 27 ainsi que Yves Lambert, Sylvie Genest et Francis Covan le 28.
– L’homme-orchestre Jimi Hunt qui figurait il y a quelques semaines parmi nos nouveaux visages à surveiller ouvrira pour Gwenwed le vendredi 28 mai à L’Esco.
– Le rock rétro de Chapeau Melon et des Séquelles s’emparera du Café Chaos le 28 mai.
– La formation rock de Québec Surcharge lance son album (voir critique en page Disques) le 29 mai avec Les Pugilists à l’Hémisphère Gauche.
– La Sala Rossa vibrera des rythmes folkloriques des quatre coins du globe le mercredi 2 juin alors que Syncop et Perdu L’Nord s’y produiront.
Disque local
Issue 16
The Ghosts are Bleeding
(New Romance For Kids)
Beaucoup plus apocalyptique, Issue 16 mise sur une cérébralité déployée par de lourds passages atmosphériques. Un peu comme si on alimentait la détresse des cris punk de Thursday aux complaintes mélodramatiques de Godspeed You Black Emperor, le groupe fusionne son punk emo à des influences post-rock. Évidemment, The Ghosts Are Bleeding porte bien son nom, mais la mélancolie qu’il transporte a de quoi écraser les plus optimistes de ce monde. Ce qui ne rend malheureusement pas justice à toute la rage qui habite les concerts explosifs de la formation. À voir ce soir lors de l’Attaque Locale au Balafré avec Hot Springs, Mia Verko et Autumn Picture. 3/5