Retour Francos
Musique

Retour Francos

Je me répète en vous disant que la 16e programmation extérieure des FrancoFolies pouvait se comparer à un immense carnaval émergent. Reste que le pari relevait de l’audace.

Chez les plus de 35 ans rencontrés, la réaction en début de festival s’avérait quasi unanime: "J’irai aux Francos, mais je n’ai aucune idée de ce que je vais aller voir." Résultat: en seulement 10 jours, les artistes de la scène locale sont entrés en contact avec plus d’oreilles qu’au cours des deux dernières années. Touristes, curieux, pères, mères et fans de Mathieu Gaudet sont devenus pendant plus d’une semaine des adeptes de la scène locale, s’arrêtant devant le hip-hop de Ruffneck ou la chanson gitane de Cannabistro. Dans des conditions différentes, combien d’entre eux se seraient entassés à L’Escogriffe pour voir Pépé et sa guitare?

Un constat quotidien, mais encore plus frappant lors du concert des Trois Accords, qui ont littéralement fait exploser les clôtures de la Zone Bleue. Si plusieurs fragments de foule semblaient connaître la totalité des textes par cœur, d’autres sections cherchaient encore un sens à toute cette mascarade. Samedi dernier, Safwan demandait même aux habitués d’Akuma de montrer aux curieux ce qu’était un vrai mosh pit hardcore. Bravo d’ailleurs à ce même Safwan, qui a traduit les paroles d’Everything en français pour l’occasion.

Gageons aussi que l’industrie s’est posé des questions en constatant que Polémil Bazar, qui ne jouit absolument pas des avantages associés aux billets verts (pub dans le métro, large diffusion sur les ondes commerciales, postes d’écoute en magasins, affiches en vitrines), a su attirer autant de spectateurs, sinon plus, que Caroline Néron. L’industrie du disque québécois doit être revitalisée à grands coups de sang neuf créatif. Les Francos l’ont bien compris. Chapeau aux programmateurs et chapeau à vous, musiciens, qui avez complètement assuré.

Pour moi, cette abondance s’est transformée en véritable marathon. Ainsi, le mardi 2 août, après d’agréables moments avec Vincent Vallières, j’ai vu Le Nombre souffler ses nouvelles déflagrations rock avec force, y allant même de pointes à saveur écolo et humanitaire: "Tout le monde va bien? Tout le monde a fait son pipi matinal dans de l’eau potable?" s’est exclamé Ludwig Wax.

Clin d’œil particulier à Mara Tremblay, qu’on a pu voir à trois reprises au cours du festival, elle qui ne figurait pourtant nulle part dans la programmation. Ses duos avec Vincent Vallières, Thomas Fersen et Les Chiens (alors qu’elle a entrepris avec Éric Goulet une reprise francophone de Love Hurts de Nazareth) ont à tout coup fait planer un vent de fraîcheur sur les concerts.

Big up! également à Buzzy Bwoy, Ruffneck et Dirty Taz. Le clan BBT, en concert le 3 août, bénéficie visiblement d’une crédibilité capable d’attirer un auditoire aussi participatif que nombreux (1500 spectateurs). Son adaptation québécoise d’influences américaines n’y est certainement pas étrangère.

Les frissons ont aussi gagné l’énorme foule entassée pour observer Groovy Aardvark le samedi 7. Peut-être est-ce parce que le groupe a profité de l’occasion pour annoncer sa séparation officielle, prévue pour 2006? Il n’en demeure pas moins que l’ambiance flottant sur la Zone Bleue nous ramenait à la grande époque de Groovy. Avant d’entreprendre une dernière tournée provinciale qui les occupera en 2005, Vince Peake et sa bande ont joué avec Loco Locass le nouveau tube Libérez-nous des libéraux, en plus d’inviter Marc Vaillancourt pour Le Petit Bonheur. (Parlant de Vaillancourt, soulignons que Blasting All Rotten Fuckers se réunira le 3 septembre, l’instant d’un seul concert. L’événement aura lieu au Spectrum en compagnie des Ghoulunatic, Vulgar Deli et Atheretic.)

J’ai ironiquement terminé mon festival aux OffrancoFolies qui, lors de leurs trois soirées d’activité, ont réussi à convaincre une bonne centaine de jeunes de découvrir les talents encore plus obscurs de la scène montréalaise. Samedi, Stop y livrait une solide prestation punk, et déjà, on rêvait de voir le groupe sur une scène extérieure aux Francos 2005…

ooo

Les vacances mais…
Scène locale fera relâche le 19 août, mais histoire de ne pas vous laisser passer le reste de vos soirées estivales devant le téléviseur, voici quelques suggestions de concerts à voir d’ici septembre:

Volume 10 donne le coup d’envoi de sa tournée québécoise le 14 août au Sergent Recruteur.

The Hooks (rock’n’roll grinçant) lance son album avec Bloodshot Bill le 19 au Petit Café Campus.

-Grosse soirée le 20 août, alors que Floating Widget présentera son stoner rock au Petit Campus avec Redsun, que les Abdigradationnistes seront au Café Chaos et qu’Afrodizz jouera au Swimming.

The Couch Addiction, Young and Lost, Second Twelve et Breathless Scream réjouiront les adeptes de punk et de ska le 21 à l’X.

Atach Tatuq, DTM, L’Assemblée et Papaz coloreront de hip-hop le Festiblues du Parc Ahuntsic le 22 dès 16 h.

– La formation country St-Sipoplette formée de Domlebo Ouellette, Sunny Ouellet et Chantal Ouellette investira l’Escogriffe les 18 et 25 août en compagnie de Stefie Ouellet, Dumas Ouellette, Luc Brien-Du-Pont-Ouelèt (France), la Cantine ainsi que le technicien de son Ti-Jo Ouellette, fraîchement sorti de prison. Prometteur!

-Finalement, le concours Indie Rock du Swimming tiendra sa grande finale le 24.