Depuis la démocratisation des procédés d'enregistrement, le boulot de chroniqueur scène locale s'est complexifié, en raison du nombre grandissant de parutions. Si le recensement du Gala Mimi 2003 comptait plus de 400 productions québécoises, on risque fort de battre ce record en 2004. Une belle preuve de vivacité et une bonne raison de se réjouir pour notre scène émergente.
Dans une industrie du disque où la grande majorité des radios commerciales ont banalisé la corruption musicale et confinent l'auditeur dans un registre fade, mâché et remâché; dans un marché où les gros disquaires peuvent payer un album 12 $ et le revendre 24,99 $ sans prendre aucun risque (quand un album ne se vend pas, on le retourne tout simplement au distributeur); dans un monde où les subventions vont souvent dans les poches des plus riches (Guy Cloutier Communications a reçu cette année 50 000 $ de Musicaction pour la production du prochain album de Mathieu Gaudet); et dans un univers où MusiquePlus refuse de présenter bon nombre de clips locaux sous prétexte qu'ils ne cadrent pas avec son image, les musiciens ont pleinement réalisé qu'ils ne devaient plus attendre après personne.
L'autoproduction gagne sans cesse en popularité, et 2004 nous a prouvé la solidité des instruments de production, de diffusion et de commercialisation dont la scène locale s'est elle-même dotée. Certains noms ont bien sûr trouvé refuge chez nos majors (Béluga, Balthazar, Ily Morgan, Pierre Lapointe), mais les 52 dernières semaines ont prouvé l'efficacité du réseau scène locale. Le milieu hip-hop québécois compte sur les labels BBT Wreck-Hurdz, HLM et Iro Productions, les punks ont Dare-To-Care, les rockeurs ont Blow the Fuse, les anglos ont Alien8 et Constellation, tandis que plusieurs groupes et chanteurs fondent leur propre étiquette. Et là, je ne vous parle même pas de C4, d'Indica ou de Union 2112 qui dynamisent aussi la relève.
Qui plus est, la qualité de nos productions émergentes a surpris la planète. Les Unicorns, Arcade Fire, les Dears, les Stills et Les Georges Leningrad ont fait jaser l'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord. Qui aurait cru que Montréal risquerait sous peu d'être envahie par des compagnies de disques étrangères à la recherche de nouvelles sensations?
Côté francophone, la cuvée 2004 s'avère beaucoup plus diversifiée et nettement supérieure à celle de 2003. Plus audacieux, les musiciens semblent quitter tranquillement une certaine zone de confort pour innover et se diriger vers de nouvelles contrées. Le dernier Plywood 3/4 et le premier disque de Malajube en sont deux preuves réjouissantes.
Les journalistes musicaux s'entendent tous pour dire qu'il se passe quelque chose à Montréal. La musique bouge. Les idées bouillonnent. Victime de plusieurs cancers, la grosse industrie du disque québécois n'a quasiment rien à voir avec cette éclosion, sinon de générer la débrouillardise des troupes. Le do-it-yourself peut sauver bien des choses. Même Les Trois Accords n'en seraient pas là sans l'autoproduction.
Oui, mon boulot reste compliqué, mais je peux vous jurer qu'être chroniqueur scène locale à Montréal en 2004 est une chance inouïe.
ooo
Dans le désordre, les galettes qui ont le plus tourné dans mon lecteur en 2004:
ALBUMS
-Arcade Fire, Funeral (Merge)
-Malajube, Le Compte complet (Dare-To-Care / Local)
-Didier Boutin, Sans le malheur, le bonheur c'est triste (Le Salon Rouge / Local)
-Loco Locass, Amour oral (Audiogram / Select)
-Champion, Chill'em All (Saboteur / Local)
-Fred Fortin, Planter le décor (C4 / DEP)
-Plywood 3/4, Beauté mécanique (Migratoire / Local)
-Les Breastfeeders, Déjeuner sur l'herbe (Blow the Fuse / Fusion III)
-Gwenwed, Le Retour du bleu métallique (Proxenett / Local)
-Le Nombre, Scénario catastrophe (Blow the Fuse / Fusion III)
-The Couch Addiction, Filthy Hands (Petawawa / Local)
-The Frenetics, Grey Veins to the Parking Lot (Union 2112)
-Pierre Lapointe, Pierre Lapointe (Audiogram / Select)
EP
-The Fallout Project, Architecture Breeds Rust (Dare-To-Care / Local)
-Les Trompe-l'oil, Strob-o-phone (Indépendant)
-Dumas, Ferme la radio (Indépendant)
-The Blue Seeds, The Blue Seeds (Sale Cabot / Local)
-Navet Confit, Ep1 (Indépendant)
ooo
CONSEILS CONCERTS
–Polémil Bazar s'attaque au Club Soda avec Urbain Desbois le vendredi 17 décembre à 20 h. (musique festive / chanson)
-Le No Name Jazz Sextet joue les 17 et 18 au Va-et-Vient à 21 h. (jazz)
–Anonymus célèbre ses 15 ans le 18 au Métropolis avec Kataklysm, Ghoulunatics et Barkode. (métal)
–Les Voisins d'en dessous sont aux Verres Stérilisés le 18. (rock pop)
-Juste après le film d'horreur/série B présenté le 19 au Chaos à 20 h, Navajo Code Talkers montera sur les planches avec Dutch Oven. (rock)
–Sans Pression vous propose de célébrer le temps des Fêtes à la manière hip-hop. Il vous promet une surprise monstre qui fera jaser tout le monde, des artistes invités ainsi que de nombreux cadeaux et prix de présence. Le 20 au Club Soda à 20 h 30.
–Vulgar Deli et Cynical Czardas fêtent aussi Noël le 22 aux Foufounes Électriques à 21 h. (rock hardcore)
Il est très facile aujourd’hui pour un petit groupe d’enregistrer son propre disque. Ça ne coûte pas si cher que ça, c’est devenu très accessible. Ce qui donne bien sur des dizaines de groupes qui sortent des CD avant d’avoir la maturité ou les compositions nécessaires, et plein de groupes qui ne devraient JAMAIS enregistrer qui sortent des albums! Mais bien sûr, ça donne l’occasion à des groupes de styles non-commerciaux la chance de se faire entendre par leur public. Les groupes metal, punk ou hip-hop ne joueront jamais à CKOI, alors enregistrer un CD et le vendre aux shows ou via le web, et en envoyer aux grands labels spécialisés leur offre la chance de rejoindre les gens qui apprécient leur style.
Et tout ça qui se passe dans l’underground, sans que monsieur ou madame tout-le-monde en ait même concsience! C’est incroyable la quantité de gens qui ne savent même pas qu’il se fait autre chose que ce qu’ils voient à la télé ou entendent à la radio! (Je ne parle ici pas de CISM ou CIBL, des postes dont ils ne connaissent même pas l’existence! Mais bon, je m’écarte du sujet…
Il y a aussi les petits labels locaux, qui aident les groupes a sortir leurs albums, à booker des shows, à les «ploguer» avec les majors… Par exemple, dans la scène locale metal, Great white north, Galy records et Neoblast permettent ainsi aux groupes locaux de distribuer et diffuser leur musique. Ce sont encore de petits labels, mais qui sait, pour ceux qui connaissent l’histoire de Relapse records, qui a commencé dans le sous-sol d’un gars pour devenir un des plus gros et meilleurs labels metal de la planète… Il y a toujours de l’espoir! Unexpect, un groupe local sur Galy, a signé un contrat avec The End records, et Despised Icon sortent un split sur Relapse!
Mon top 5 CD metal local de l’année:
Augury – Concealed
The Mass – Towards darkness
Paroxysm – Revelation is denied
Ghoulunatics – Sabacthany
Magister Dixit – Infernal Martyrism
Tout le monde se demande ce qui se passe à Montréal, pourquoi tant de groupes et de musiciens semblent présentement émerger de toute part, de différents courants musicaux dans notre métropole, et ce sans un véritable apport de la part des grosses compagnies de disques de la région. M. Laveaux a fort probablement frappé dans le mille dans son article en prétendant que les nouvelles et nombreuses manières de distribuer la musique a permis à bien des formations pertinentes à se faire entendre par un plus large public. Sans l’autoproduction, les Trois Accords seraient encore aujourd’hui dans l’obscurité de l’ ‘underground’, soyez-en certain. Sans les multiples procédés d’enregistrements et de distributions de la musicale locale, on serait pris à ne rien qu’écouter les maudites chansons plates des académiciens et autres produits que l’industrie du disque essaye continuellement à nous faire avaler de force, avec l’aide presque pathétiques des radios commerciales et de Musique Plus, la ‘sell-out’. À moins donc d’une catastrophe monumentale que je ne peux même pas imaginer, les choses continueront de garder cette trajectoire en 2005; un son inexplicable, inclassable, sortira de Montréal; les commentateurs de la scène musicale continueront probablement à tenter de le cerner, en vain; et les amateurs de musique continueront à la supporter, et ce, en nombre de plus en plus grandissante. On ne peut que sérieusement félicité les artistes d’ici qui ont pris la décision de ne faire que du ‘do-it-yourself’, un exemple définitivement à suivre désormais pour quiconque veut sincèrement construire une carrière musicale intéressante.
Je suis membre de voir.ca depuis 13 mois, et fier de mon classement dans le top 200 et des dizaines de spectacles gagnés aux enchères que j’ai partagés avec mes proches, j’adore la diversité culturelle à l’affiche dans les pages du journal Voir, cependant la rubrique « Scène Locale » m’attire pour esseyer de me tenir au courant de l’émergence, mais je m’y perd un peu, n’ayant aucun repère dans ce monde à part, craignant être trop vieux pour partager toute la richesse de ces nouveaux venus ambitieux d’être reconnus par leur talent et leur fraicheur de jeunesse. Je me suis enfin jeté dans la gueule des jeunes loups, affamés de reconnaissance mais respectueux de l’assistance variée en trois générations. Le 17 décembre, pour la première fois j’ai découvert le Bistro Va-et-Vient, d’abord j’ai mangé divinement, la table d’hôte à 10.95$ taxes incluses est digne des éloges de Monsieur Tastet, et vers 21.30h. grand spectacle dans une petite salle d’une capacité d’environ 100 personnes, avides de découvrir des artistes en ascension et retrouver leurs amis dans une ambience de convivialité étonnante. Et là j’ai vu six jeunes hommes musiciens qui interprètent leurs propres compositions, réunis sous le nom de « No Name Jazz Sextet » et ils m’ont épaté, j’ai acheté leur cd et c’est un vendredi soir que je ne suis pas près d’oublier. Le Va-et-Vient offre fréquemment des billets de promotion aux enchères Voir, ils ont compris eux, et de plus en plus d’autres petites salles font de même, car à deux mètres de la scène, on vibre en lien direct avec les artistes qui se donnent en concert intime, vive les petites salles, c’est tellement plus abordable qu’un gros show au Centre Bell où la bière coûte 8.00$ le verre de carton et le stationnement 15.00$, chose certaine moi j’ai compris.
J’adore ce groupe. J’ai commencé à mieux apprécier ce groupe lors de sa fusion sur un album avec Mononc’ Serge. Ils en ont fait des salles combles! Quel rythme entraînant et quelle énergie débordante! Ils ont aussi un bon sens de l’humour. Voilà qu’il nous offre donc un show métal fort prometteur pour tous les amateurs de ce genre de musique. Les 15 ans d’Anonymus mérite d’être fêté car Anonymus est un groupe très talentueux dont nous espérons voir la carrière continuer lontemps encore.
Je ne suis pas vraiment d’avoir bien compris l’article. En fait j’ai semblé comprendre que les producteurs ne veulent pas toujours prendre de risques ce qui donne comme résultat que les jeunes groupes qui ne veulent pas rester dans l’obscurité produisent eux-mêmes leur album. Qu’est ce qui a de surprenant là-dessus?
Je crois que sa toujours fonctionner comme cela et sa va toujours être comme ça. Que des producteurs de disques étrangers eux recherche de jeune sensation et bien sa peut paraître surprenant mais les cultures sont différentes, donc la façon de penser ce qui donne comme résultat que certains prendront des risquent qui pourraient leur rapporter. Au Québec, on ne fonctionne pas vraiment comme cela, la preuve regarder Musique Plus qui ne désire présenter que des clips qui intéresse les jeunes, c’est-à-dire leur clientèle cible. Comment ces jeunes peuvent ils s’intéresser à autres choses si on ne leur montre pas? Drôle de façon de penser n’est ce pas!
Dans un monde où l’argent prime, on y va avec la simplicité, les choses qui sont déjà reconnu ou connu par un public et qui rapportera. Si vous-même vous aviez le choix entre produire un CD d’Éric Lapointe ou Fred Fortin (avant qu’il soit connu bien évidemment) que choisiriez-vous? Si vous êtes honnêtes, vous auriez choisis Éric Lapointe car vous sauriez que cela vous rapportera, contrairement à la jeune recrue qui n’a encore rien prouver.
La seule chose qui est intéressante dans tout sa, des jeunes croient en eux et prennent l’initiative et les moyens pour atteindre leur but. Il reste maintenant à les aider à percer s’ils ont du talent et à les encourager en achetant leur CD. Quant aux médias il faudrait qu’il commence à nous parler davantage des jeunes groupes en effervescence.
Un petit mot pour encourager tous les mégalomanes de Montréal à tenter l’expérience de la ligue d’improvisation musicale de Montréal. Je ne le répéterai jamais assez.
La ligue d’improvisation musicale de Montréal a tout juste un an et est LA révélation de 2004 pour moi.
Chaque soirée est une surprise.
Des animateurs hilarants où l’absurde règne.
Un arbitre fendant et condescendant juste comme il le faut.
Des thèmes diversifés et intéressants.
Une fois par mois d’excellents musiciens (et je pèse mes mots) nous inventent une quinzaine de pièces complètement originales et uniques. Ces pièces ont ceci d’extraordinaire, elles n’existeront qu’une seule fois.
Des soirées privilégiées où la créativité règne et la magie opère infailliblement.
C’est au Café Campus, certains lundis chaque mois, pour la très modique somme de 10$. Une aubaine!
Allez mégalomanes montréalais! Vous vous devez bien ça!
Ce bilan d’Olivier Robillard Laveaux concernant l’année 2004 m’interpelle (mieux vaut tard que jamais!!!). En effet, je suis d’accord avec ce qu’il écrit au sujet des défis qui se posent aux gens locaux pour réussir à percer, et ce, en raison de la convergence des médias qui ne diffuseront que ce qu’ils jugeront commercialement intéressant, laissant les petits groupes trouver d’autres moyens de diffusion pour survivre.
Mais il est aussi vrai que de plus en plus de petites scènes locales permettent à ces gens d’accéder à leur public. Il est certain que la diffusion est plus complexe que si la radio faisait tourner les chansons moins connues et plus risquées. Mais le contact avec le public est aussi plus chaleureux et cela a son importance.
Ainsi, dans l’article, en parle du groupe Balthazar. J’ai eu la chance d’entendre ce groupe à Montréal en 2004 et j’ai été très impressionné par la qualité du produit offert. Que de tels groupes puissent se produire à Montréal dans des salles de moyennes envergures prouve que le système des petites salles locales a joué correctement. Les talents se font connaitre à petit échelle, puis ils finissent par percer sur des scènes plus importantes.
Tout ça souligne surtout que pour que ces jeunes groupes réussissent, il faut que nous, le public, nous les encouragions en nous rendant souvent dans des petits bars où petites salles comme le « Va-et-vient » à Montréal. À cette condition ces groupes survivront.