UN SPÉCIAL CHAMPION
La raclée sonore servie par DJ Champion lors du lancement de son album Chill'em All, en novembre dernier à la SAT, restera longtemps en mémoire. Plusieurs convives connaissaient déjà le concept de son nouveau concert pour l'avoir vu au Festival de Jazz l'été dernier, mais rares sont ceux qui s'attendaient à un tel aplomb. Intitulé Champion et ses G-Strings, le spectacle met en scène le D.J. (connu autrefois sous le nom de Mad Max) armé de son traditionnel portable qui, contrairement à l'habitude, ne contient que des rythmes techno provenant d'un drum machine. Les mélodies et les arrangements sont interprétés live par la chanteuse Betty Bonifassi et les G-Strings (quatre guitaristes et une bassiste) que Champion dirige tel un chef d'orchestre.
Innovatrice, la mixture obtenue tape dans le mille. Les pulsations techno n'offrent aucun répit aux six cordes qui, inspirées par le rock, le country et le funk, crachent un venin aussi énergique qu'une citerne de Guru. Aucun amateur de rock ou de musique électronique ne saurait résister, et tous s'entendent pour louanger l'idée du Montréalais qui a pourtant élaboré le projet il y a trois ans, lors d'une profonde remise en question. Un refus global.
"Au début de la vague, la musique électro se résumait au techno, se remémore Maxime Morin, alias DJ Champion. Par la suite, on s'est mis à tout étiqueter: le goa trance, le house, le drum'n'bass, le minimalisme et blablabla. Les catégories ont amené des différences et, avec le temps, les musiciens drum'n'bass ne parlaient plus aux minimalistes qui ne parlaient plus à la scène house et ainsi de suite." Pour Maxime, cette sectorisation annonçait la fin de la mode techno. "Le punk et le métal ont vécu la même crise. Le beau party initial où tout le monde est invité se détériore, et ça devient ennuyeux."
DJ Champion: «Tout le monde veut devenir D.J. et être le meilleur. J'en ai rien à foutre. Je suis DJ Champion!» Photo: Olivier Robillard Laveaux |
À cette époque, Maxime Morin gagnait pourtant bien sa vie. Il signait avec Benoît Charest des trames sonores et des musiques de pubs. "Puis j'en ai eu marre de toujours devoir livrer la marchandise dans un style prédéfini. Je devais sans cesse m'adapter. Si MUTEK t'engage, tu te dois de respecter un certain son. Idem pour le client qui te commande une pub, il recherche une atmosphère précise. J'avais l'impression d'être devenu un faiseux d'argent inutile et vide de sens."
À la recherche d'une certaine délivrance, le D.J. revisite alors ses premières maîtresses: les six cordes. "Adolescent, j'ai joué de la guitare électrique dans des groupes punk, métal et Top 40. Tout comme pour la musique électro, je m'étais lassé du rock à l'époque. En retouchant à l'instrument, j'ai redécouvert sa simplicité et son efficacité. J'ai donc enregistré quelques riffs que j'ai juxtaposés à des drum machines. Étrangement, ça me faisait du bien. Je me foutais complètement d'être trop rock pour les technos ou trop techno pour les rockeurs. Tel riff avec tel rythme me faisait sourire: parfait! J'enregistrais en me concentrant sur mon propre plaisir."
Ironiquement, c'est cet immense fuck off quasi tatoué au visage qui permit à Champion de repousser les limites et d'accoucher d'un projet frais et extrêmement rassembleur. "Le bonheur très personnel que me procure le concert se propage rapidement au groupe qui le transmet à la foule. Que je sois en France, à Montréal ou au Mont-Tremblant, le public réagit avec la même ardeur… Chill'em all."
En concert le 4 février au Club Soda avec The Mole et les D.J. Leo Cruz et Maüs.
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CONSEILS CONCERTS
Les Voisins d'en dessous, le 4 février aux Conneries (2037, rue Saint-Denis).
Manic Manon and the Guestlist, le 4 aux Foufounes Électriques à 21 h.
Pony Up lance son album avec Donkey Heart, The Smittens, Beaver et Poingly, le 5 au Local (7154, rue Saint-Urbain) à 20 h.
(n=1) et Les Macchabées, le 5 à L'Hémisphère Gauche.
One Night Band et Tassez-vous de d'là (hommage aux Colocs), le 4 au Petit Campus.
Missing Bells, Scarlet Stones, One End Left et One Away se battront pour une place en finale lors de l'Omnium Rock, le 9 au Café Campus.
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DISQUE LOCAL
Les Trompe-l'œil
Strob-o-phone
(Indépendant)
À tous les représentants de maisons de disques à la recherche de nouveaux talents francophones, de grâce, tendez l'oreille aux Trompe-l'œil, projet mené par Alexandre Champigny qui composa le succès Une frite pour ses amis de Télémaque. Strob-o-phone est probablement le démo le plus solide reçu depuis mon arrivée à la barre de Scène locale. Avec ses lignes de Moog, de cuivres, d'orgue et de guitares saccadées, Champigny voyage dans un univers parfois beatlesque-acidulé qui emprunte assez aux courants alternos mondiaux (Air, Radiohead, Nada Surf) pour faire cavalier seul au Québec. Les mélodies planantes envoûteront votre quotidien tout comme les textes raffinés d'Alexandre. Prodigieux. 4.5/5
Pour ceux qui n’ont pas vu Champion vendredi dernier au club soda je vous conseille fortemement de vous présenter la prochaine fois.
L’ambiance était à son comble lors de cette soirée électro-électrique. L’énergie festive à même gagné le blacon du deuxième qui dansait aux rythmes endiablés du Champion, de ses 4 guitaristes, de sa bassiste et de l’envoutante Béatrice Bonifassi.
Derrière son ordinateur le chef d’orchestre semblait prendre son pied et voulait communiqué avec la foule son plaisir à se retrouver là. Appelant les riffs de guitares à coup de beat house, le dj laissait à la belle Béatrice l’espace nécessaire pour nous interpeller. Plus que la technique, c’est l’énerie et le joie qui a transporté une foule prête à être séduite.
Il y a longtemps que je ne m’étais trouvé au centre de pareille euphorie collective.
Nous vivons une époque extraordinaire!
Et le « Voir »de cette semaine le montre bien.
Un exemple:dans la colonne des réactions aux différentes chroniques, »la place des arts à l’école récolte 53 commentaires et la scène locale, un seul
Nous sommes mardi le 8 février 2005,dix heures A.M.
Quasi-unanimité pour l’envahissement de l’école par l’art.
Et les cours de musique,de peinture,de photographie,de théâtre et les ciné-clubs
qui pululent dans les maisons de la culture et les centres communautaires, ou, plus tard, après le CEGEP,dans les universités pour ceux qui persistent?
Pourquoi aller encombrer la tête des enfants dès l’école primaire de ce superflu? Un artiste pourra-t-il se nommer s’il n’a pas d’abord appris à lire et à écrire correctement?
Comment pourra-t-il ensuite déployer son oeuvre,l’étendre dans un espace plus large
et plus profond s’il est nul en mathématique,en histoire,en géographie?
Saura-t-il seulement saisir la nature-même des matériaux qu’il utilise dans son travail et les humeurs qui le travaillent, sil n’entend rien à la chimie,à la biologie?
Il fera quoi, ce jeune homme, diplômé analphabète et ignorant, la tête bourrée d’art mais sans mains solides pour la soutenir quand il déboulera dans la vraie vie,CETTE SCENE LOCALE SANS PITIÉ?
Ira-t-il,comme tant d’autres ,pisser son désarroi en graffitis informes sur les murs du métro,
comme un chien incontinent qui a perdu son maître?
Quand il en aura assez,s’il ne s’est pas déjà suicidé,aboutira-t-il au Club Soda pour y
retrouver son âme,sa vérité,SON SECRET intacts?
Demain,diplômé en géographie et en histoire rock and funk,plein d’une colère électro-
goa-transe trop longtemps retenue,en pleine possession de son génie hip-hop,il maudira,
il fusillera à grands coups de drum machine tous ces prêcheurs de l’art prémâché.
« A mort tous les esthètes
et leurs zarts zartistiques à l’école!!!
Chill’em all!!! »
Avis à tous ceux qui ont raté la transe collective de vendredi dernier, Champion sera en prestation au HMV Mégastore ce samedi 12 février à 14h. Oh Lord! Ne manquez pas ça!
C’est dans la grosse sphère installée sur la rue Ste-Catherine dans le cadre de Montréal en Lumières que j’ai pu assister une nouvelle fois, gratuitement, à une prestation électrisante de DJ Champion qui nous a rapidement fait oublier le froid de l’hiver à l’extérieur. Du vinyle, au portable où les sons puissants et chauds de l’album Chill’em all ont soulevé la foule déjà conquise et le retour au vinyle nous a ramené dans le temps aux couleurs de Mad Max. On a dansé, on a vibré, on a sué!
Et c’était en plus le plaisir communicatif de Champion à être là, à jouer avec nous et à se dire peut-être qu’il avait bien fait d’écouter ses trippes! J’ai rarement vu quelqu’un qui semblait avoir autant de plaisir à être là. Merci pour le show, j’en veux encore et longue vie à Champion.