Montréal ville ouverte, Les Prostiputes, Despised Icon, Kobayashi, Hommage à la Masturbation
MONTRÉAL, VILLE OUVERTE
Depuis l’émergence d’un engouement pour la scène indépendante montréalaise, la rubrique Scène locale est restée plutôt discrète sur le sujet, évitant de commenter les différents articles parus dans les médias américains. Pourquoi perdre des lignes à critiquer le phénomène alors que l’espace éditorial peut servir à soutenir les groupes qui, semaine après semaine, créent ledit phénomène?
Or, la chronique fait cette fois exception pour laisser la parole à trois acteurs majeurs de notre scène locale anglophone: Mauro Pezzente, Brian Neuman et Meyer Billurcu. Trois types quasi ignorés par le Spin et le New York Times, mais qui, par leur implication dans la communauté, ont alimenté la scène jusqu’à ce qu’elle atteigne ce point d’ébullition. Explications.
En ouvrant la Casa del Popolo, la Sala Rossa et le El Salon en l’espace de quatre ans, Mauro (membre de Godspeed You! Black Emperor) a doté Montréal de trois salles de concert qui sont rapidement devenues le cœur même de la nouvelle scène alternative anglophone. Une ascension rendue possible grâce au travail de la compagnie de production Blue Skies Turn Black, qui célébrait il y a deux semaines son cinquième anniversaire.
Dirigée par Brian et Meyer, Blue Skies a permis aux musiciens locaux de s’imprégner de la culture musicale underground en amenant plusieurs groupes à Montréal (Pinback, Modest Mouse, Devendra Banhart, British Sea Power, Sebadoh). "Lorsqu’on a fondé Blue Skies, Greenland, qui se spécialise aussi dans la production de concerts alternatifs, avait cessé d’organiser des événements dans des salles de 100 personnes, explique Brian. Ce n’était probablement plus assez rentable. Plusieurs bons groupes allaient donc jouer à Boston et à Toronto en ignorant Montréal. Il faut dire aussi qu’à part le Jupiter Room et le Barfly, il n’y avait pas vraiment de petites salles à l’ouest de la rue Saint-Denis."
"C’est dans cette optique que j’ai créé la Casa, poursuit Mauro. À la base, je souhaitais ouvrir un restaurant végétarien, mais je me suis rendu compte que beaucoup de formations ne venaient pas jouer à Montréal, faute de contacts et de salles mises à leur disposition."
"Le contexte était parfait, poursuit Brian. Après l’explosion de Godspeed et de l’étiquette Constellation, une nouvelle scène s’est organisée. Efrim Menuck (autre membre de Godspeed) et Howard Billerman ont fondé le studio Hôtel 2 Tango, le label Alien 8 a pris du poil de la bête et de nombreux groupes stimulants pour la scène débarquaient à Montréal grâce à Blue Skies et aux productions 2HQD, qui offraient des concerts plus avant-gardistes. Les groupes qui émergent aujourd’hui (Arcade Fire, The Dears, Les Georges Leningrad) en sont le résultat. Il y avait une jeune structure efficace pour les soutenir."
La synergie créée par Blue Skies et le réseau Casa/Sala/Salon est devenue si importante que Greenland s’est remis à prendre des risques en produisant de plus petits concerts au Green Room et au Main Hall, deux nouvelles salles de capacité moyenne ironiquement situées à quelques coins de rue de la Casa, sur Saint-Laurent. "Plus il y aura de salles à Montréal, mieux la scène alternative se portera", affirme Mauro qui n’y voit aucune compétition.
Si le New York Times affirmait que la vitalité de notre scène était attribuable au faible coût des loyers montréalais, cette hypothèse explique seulement pourquoi la nouvelle vague de groupes s’est majoritairement développée autour du Mile-End. Autrement, il faut remonter à ces efforts investis dans le paysage musical pour trouver une véritable explication à ce bouillonnement indépendant. "Pour moi, toute cette notion d’engouement entourant nos groupes est une pure fabrication qui sert l’intérêt de quelques personnes, dénonce Mauro. Il y a toujours eu de bonnes formations à Montréal. Il n’y a rien de nouveau là-dedans."
Même son de cloche de la part de Blue Skies "L’article dans le Spin aidera sans doute les groupes québécois à attirer plus de spectateurs lorsqu’ils joueront aux États-Unis, mais ici, ça fait cinq ans qu’on se débrouille sans le buzz médiatique, commente Meyer. La vitalité d’une scène passe par son organisation (salles de concert, étiquettes de disques, studios d’enregistrement, producteurs de spectacles), non par les articles éphémères qui tentent de la décortiquer."
Montréal en est la preuve même.
CONSEILS CONCERTS
Sous contrat avec l’étiquette Century Media, Dispised Icon lance son album le 1er avril au Café Inconditionnel. Photo: Mariève Blanchette |
-Les Prostiputes participeront à la série Live dans le garage le 1er avril aux Foufounes Électriques. (punk-rock)
-Finaliste dans la catégorie Étoile montante au dernier gala MIMI, Despised Icon lancera The Healing Process (disque paru sur Century Media) le 1er au Café Inconditionnel (4584, avenue Papineau) avec Tears From the Sky, Beneath the Massacre, Ion Dissonance et Premonitions of War. (métal)
-Kobayashi, qui lancera son nouveau compact en mai, présentera plusieurs nouvelles chansons le 1er au Cabaret avec Ark of Infinity et The Quartertones. (jazz, R&B)
–Les Abdigradationnistes, Mononc’ Serge, Nathalie Derome, Marie-Claude Lamoureux, Urbain Desbois et plusieurs autres artistes participeront au cabaret Hommage à la Masturbation le 1er au Lion d’Or.