Lors du dévoilement de la programmation du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) au Divan Orange le 10 août dernier, nous savions que le petit événement prometteur des dernières années venait d'entrer dans les grandes ligues. Juste à voir les kodaks de Musique Plus ou de Radio-Canada chasser les Champion, Vince Peake, Yann Perreau et Éric Goulet, ça crevait les yeux.
En fin de semaine à Rouyn-Noranda, c'est tout ce cirque montréalais qui a traversé les montagnes par la 117 pour vivre l'expérience FME, événement où la quasi-totalité des concerts affichait complet. Lors du 5 à 7 d'ouverture, où Philippe Bergeron soulignait dans son patelin la sortie de son premier disque solo, le Cabaret de la Dernière Chance -endroit où pisser à côté de Richard Desjardins est presque une banalité – avait les allures d'un Cabaret Music-Hall tellement les visages montréalais étaient nombreux.
Pendant quatre jours, Rouyn-Noranda est devenu le terrain de jeu d'une communauté où Joe, le bassiste des Breastfeeders, sert le petit déjeuner aux gars d'Accrophone, où Ghislain Poirier, Jérémy Mourand, Dany Placard, Vander, Michèle Méthot (Anges Vagabonds), les Moquettes Coquettes, des représentants de la SOPREF, les membres d'Arseniq 33, des Abdigradationnistes et de Malajube et de nombreux bénévoles se rassemblent tous autour d'un même feu de camp.
Outre cet esprit "colonie de vacances", le festival, qui reçoit plus de subventions du Consulat français que du gouvernement du Québec (!!!), mise sur une programmation béton qui branche Rouyn directement à la source du courant alternatif qui alimente la province. C'est simple, de tous les festivals régionaux que compte le Québec, l'événement automnal offre la meilleure programmation émergente. Champion a comblé les oreilles des festivaliers présents lors de la nuit électro qui prit fin vers six heures du matin, Despised Icon (sous contrat avec Century Média) a réjoui les métaleux, Accrophone a soulevé le milieu hip-hop, les surprenants Pawa Up First ont envahi la tête des adeptes de post-rock et l'affiche Hot Springs + Malajube + Fred Fortin a carrément renversé les rockeurs.
Si Kodiak a quitté la région avec le prix Coup de coeur Télé-Québec (accompagné d'une invitation à Belle et Bum), et Plywood 3/4 a remporté le prix Galaxie, Afrodizz s'inscrit sans contredit parmi les formations marquantes du week-end. Lors d'une prestation dépassant les deux heures de musique, la formation funk / afrobeat montréalaise a fait preuve d'ingéniosité, multipliant les solos, les crescendo et les mélodies "groovantes". Cet intense délire, nous aurions pu le vivre dans un de ces réputés bars afrobeat londoniens, mais non, nous étions dans le nord du Québec, à deux pas d'une fonderie de cuivre et du Morasse Poutine… Sur les huit musiciens que compte l'orchestre, nous retiendrons particulièrement le jeu de batterie de Jean-Philippe Goncalves, probablement la grande étoile de FME.
Se produisant avec Afrodizz le vendredi, Plaster le samedi et Dan Thouin le dimanche, le batteur que l'on peut aussi voir avec Dumas et Ariane Moffatt a démontré sa rapidité et son époustouflante polyvalence. À chaque prestation, le nom de "Jean-Phi" circulait sur toutes les lèvres: "Hé, t'as vu le batteur d'Afrodizz? Mongol!", m'interpella un festivalier, alors qu'un autre en profita pour me reprocher mon absence lors de la nuit électro: "T'as manqué Plaster? Merde, t'aurais vraiment dû voir le batteur."
Le chanteur des Prostiputes, Félix Desfossés, derrière la console de CFME, la radio officielle du FME. Photo: Olivier Robillard Laveaux |
Il faut dire que mon enthousiasme face à la nuit électro au Paramount est tombé en apprenant que le concert débuterait beaucoup plus tard que prévu. Programmée pour 2 h du matin, l'ouverture des portes du Paramount a finalement eu lieu à 3 h 30.
Après avoir vu Groovy Aardvark aux dernières Francofolies, le plaisir d'assister à leur concert samedi s'est aussi abaissé d'un cran lorsque nous avons appris que le groupe donnerait finalement deux autres spectacles avant de se dissoudre pour de bon. D'accord, Groovy peut facilement se le permettre, mais le cliché des tournées d'adieux qui s'éternisent reste hérissant.
Côté nouveauté, en plus de son fanzine (L'Oreille Cassée), le FME possédait cette année sa propre radio événementielle diffusée sur la bande FM. D'ailleurs, si j'étais directeur de la programmation de CIBL (maintenant Radio-Montréal) ou de CISM, j'offrirais sur-le-champ une case horaire au Rock'n'Roll show animé par le chanteur des Prostiputes, Félix Desfossés, et son acolyte Jimmy Beaudoin. Répertoriant les formations punk / rock de Rouyn, les deux encyclopédies parlantes se sont aussi permis un cours de deux heures sur les origines du rock and roll. Captivant, agréable et professionnel. Bref, une émission à l'image du FME. Un festival monté par une jeune et brillante équipe qui, sans salaire (on préfère économiser pour payer les groupes), travaille d'arrache-pied pour accoucher d'un événement notoire. Mission réussie.
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CONSEILS CONCERTS
–Yesterday's Ring se paye la traite en ouvrant pour les Vilains Pingouins (eh oui!) le 9 septembre à l'Hémisphère Gauche.
– La Descente du Coude, Dirty Tricks et The Whiskey Trench le 8 au Divan Orange.
– Plywood 3/4 et Elephant Micah (Indiana) à la Casa del Popolo le 10.
Le sol du Club Soda et de ses environs a ondoyé sous les riffs serrés, destructeurs et dérangeants de LOFOFORA qui foula à nouveau le sol du Québec depuis une trop longue absence mardi dernier.
Plusieurs ont cru que ce groupe Hard-Core/métal français avait passé l’arme à gauche…Heureusement, mais pas sans laisser de victimes, LOFOFORA s’est adjoint de deux nouveaux membres (guitariste et drummer) et reviennent en force sur le territoire québécois pour nous présenter un nouvel album plus engagé que jamais «Les choses qui nous dérangent».
La prestation offerte par LOFOFORA (de près 1h30 pour une 2e partie!!!!) était de loin l’une des meilleurs que j’ai vue pendant l’été 2005 pour le moins très chargé!!! Intense, violent, engagé, envoûtant, délirant, rien n’a dégal à ce que le leader du groupe, Reuno peut dégagé sur scène dans une sincérité étonnante.
Si vous les avez manqué, faites-vos prière pour qu’il revienne incessamment!!!
Big Hug à Arseniq 33 toujours aussi bon et que je continuerai à aller voir encore, encore et encore!!!! Le poison fait son effet!
Le compte-rendu d’Olivier Robillard-Laveaux sur le FME est juste et assez complet. Ne manque qu’une petite information qu’il donnait pourtant les années précédentes. En effet, une des après-midi du Festival est consacrée à une course de Go-Kart pour les artistes et autres journalistes et techniciens du FME. Donc, nous savions que Fred Fortin était le gagnant du titre l’an dernier. C’était l’homme à dépasser. Mais voilà, pas d’info cette année sur le grand vainqueur… C’est que notre journaliste dans sa grande humilité a « oublié » de dire à son public que c’est lui le grand gagnant de la course 2005, titre fort envié. Voilà! Maintenant, tout le monde sait tout… Bravo Olivier! C’est Fred qui va te courir après l’an prochain.
Alors là, on a affaire à un musicien de calibre surhumain! Je l’ai vu trois fois avec Plaster dont il constitue vraiment la pièce de résistance (sorry Alex et François!). Il utilise des beats ternaires avec plein de triolets de noires à en mourir. Quelle virtuosité! C’est, même s’il est Français, le batteur le plus hot du Québec. Le disque de Plaster sort dans les prochains mois alors je vous conseille de vous tenir à l’affût si vous êtes des amateurs de jazz et que vous aimez la nouveauté. Vous pouvez télécharger une de leurs pièces pour 1$ à archambault.ca, vous m’en direz des nouvelles.
Plaster est voué à une carrière internationale tout comme à l’époque le bon vieux UZEB. On n’a pas fini d’entendre parler d’eux et de leur batteur-vedette.