EN FRANCE AVEC SUNNY LE COWBOY
Certains diront peut-être que Scène Locale consacre beaucoup d'espace au guitariste / chanteur Sunny Duval. Mais, voyez-vous, au cours de la dernière année et demie, en plus d'avoir joué avec les Breastfeeders, avec Fred Fortin, avec les St-Sipoplette, le musicien poursuit désormais une carrière solo (il lançait cet automne Achigan). Sunny a même trouvé le temps de tenir une chronique dans un quotidien pendant huit mois. Et preuve que la vie de Duval roule toujours à 100 km/h, il revient tout juste d'un périple en France où il accompagnait sur scène les Cowboys Fringants.
Sunny l'a donc constaté de ses propres yeux. Aussi Québécois pure laine qu'ils peuvent l'être, les Cowboys Fringants soulèvent les foules en France comme ils le faisaient ici peu de temps après le lancement de Break Syndical. Des dix concerts donnés lors de la tournée, tous ont eu lieu à guichet fermé. Même le mythique Grand Rex de Paris affichait complet. Une preuve tangible que, malgré son discours nationaliste et québécois, un groupe peut être exporté vers l'hexagone – Go! Les Loco Locass! "Non, les Cowboys ne modifient pas leurs pièces, explique Sunny. Il peut arriver que le chanteur Karl Tremblay improvise ou change un mot pour appuyer sa pensée à partir d'une référence française, mais en général, l'accent et le vocabulaire demeurent les mêmes. D'ailleurs, nous avons joué devant des foules de 1 100 personnes qui connaissaient les paroles par cœur."
Comment alors expliquer le succès remporté par la troupe en sol français? Disons qu'Internet y est pour beaucoup. Il faut aussi croire que les Français sont plus ouverts qu'on l'imagine; l'énergie et la sincérité des Fringants les rejoignent. En entrevue au magazine français linternaute.com, le batteur Dominique Lebeau décrivait les pièces de la formation comme une musique québécoise qui se danse, et prenant souche dans le folklore des guitares, des violons et des mandolines. En ce sens, il est clair qu'un bassin d'auditeurs français peut adhérer aux Cowboys Fringants, bien qu'il ne pige pas les paroles à 100 %.
Sur son site Internet (achigan.ca), Sunny a tenu un journal de la tournée où il décrit parfaitement l'ambiance des concerts. Extrait du retour sur un spectacle à Rennes: "J'ai pas battu mon record de cordes pétées! Juste deux ce soir-là. J'ai poussé Dom dans la foule à la fin, pour qu'il surfe un peu. C'était drôle. Je donne toujours des objets aux gens, avant qu'on débarque de scène: la liste des tounes, des serviettes (eurk!), des bouteilles, une baguette de drum, un drummer. On était serrés, ce soir, mais on a réussi à sauter partout quand même. Séance d'autographes après le concert, photos avec des fans, signatures de drapeaux! J'sais pas trop où me situer dans les allégeances politiques du groupe, l'environnement passe avant tout pour moi, faque la politique, on verra.
Mais dans le Tour Bar (l'autobus), les préoccupations sont seulement d'ordre liquide."
Accompagné de Gourmet à la basse et de Lydia à la batterie, Sunny présentera les pièces d'Achigan le 4 décembre au Zoobizarre (le Cavern Club du Québec). Lors de l'événement, on soulignera le lancement du premier numéro de Bang Bang, un nouveau magazine culturel, notamment dirigé par Pat K du fanzine Motel/Bazooka et Nelson Roberge du Rien à Déclarer. Notez que le RAD devient maintenant semestriel. Espérons que la communauté punk n'y perde pas au change…
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MUSIQUE GRATIS
Elektrip (www.elektrip.ca)
N'ayant rien à voir avec la légendaire formation canadienne Eric's Trip, Elektrip donne dans un funk jazz anglophone teinté de rock et d'électro. Menée par le tandem Eugene Brotto et Simon Estérez, la formation faisait paraître son premier disque en septembre dernier et se produira le 7 décembre à 21 h au Quai des Brumes.
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CONSEILS CONCERTS
Ève Cournoyer présente les pièces de son nouveau disque, L'Écho, le 3 décembre au Va-et-Vient Photo: Sylvain Dumais |
-Les Dales Hawerchuk au Va-et-Vient le 2 décembre.
–Bleu et Les Chimères à l'Hémisphère Gauche le 2.
–Feedback Cowboys (musique actuelle) lance l'album Wooden Bullets au Green Room le 2.
–Ève Cournoyer au Va-et-Vient le 3.
–Prototypes (France) au Zoobizarre le 3 à 23 h.
–Karkwa au Divan Orange le 3.
–Les Prostiputes et Jenny et Les Pin-ups à l'Escogriffe le 3.
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DISQUE LOCAL
Dutch Oven
Electric Last Minute
(Gaia / F.A.B.)
Le trio montréalais Dutch Oven ne donne pas dans la dentelle. Cuits à point, ses riffs stoner rock, dirt blues, métal et grunge décapent et vous sont livrés avec une agressivité égalée par les voix criardes des chanteurs C.B. et D. Si certaines pièces demeurent encore trop agressives pour rejoindre un public plus récalcitrant aux attaques rageuses, d'autres titres comme Joliette, Transmit from skin et Pharmacy présentent un certain équilibre entre les passages destructeurs et les moments plus atmosphériques. Un effort de composition indéniable qui, une fois transposé sur scène, vous explosera les tympans. En concert le 2 décembre avec Top Brass au Café Chaos à 21 h. 3/5
À ce qu’il semble, le mois de décembre démarre sur les chapeaux de roues! Les amateurs de concerts vont être occupés. Si cela peut faire oublier qu’il reste encore quelque cinq mois pénibles de froid avant qu’une petite pointe de temps plus doux ne revienne, alors tant mieux. Mais faites bien attention à séparer le bon grain de l’ivraie…
Ainsi, la formation Karkwa au Divan Orange samedi le 3, voilà qui me semble une bonne idée. Il n’y a pas longtemps encore, je vous en disais le plus grand bien, et vous avez été nombreux à approuver. Alors, va pour Karkwa. Et puis il y a Sunny Duval dont je vous parlais également favorablement cela doit faire environ deux mois. En voilà un qui ne tient pas en place et qui vous refilera peut-être un peu de son énergie. Va pour Sunny.
Mais en ce qui concerne les Dales Hawerchuk le 2 décembre, à votre place je consulterais plutôt l’horaire cinéma ou le programme télé. Vous vous rappelez possiblement à quel point j’avais trouvé déplorable le massacre de la langue française dont se réjouit si tristement cette formation – et vous aviez massivement approuvé mon indignation. Le 2, bonne soirée pour rester en pantoufles, donc.
Je trouve déplorable de voir que des bands de bars trouvent encore des gens pour leur donner des contrats de disques. Un groupe comme les Dales H. n’apporte rien à la musique. C’est du déjà vu, il y a des centaines de bands qui font le même genre de chansons au Québec. Pour moi, c’est de la musique à l’état primitif.
Il me semble qu’en 2005, les musiciens devraient évoluer au-delà du stade « bar » ou « festival », comme par exemple Daniel Boucher et Daniel Bélanger qui pousse leur musique beaucoup plus loin que ce que l’on pourrait s’attendre d’eux. Des groupes comme The Arcade Fire et Simple Plan ont repoussé les limites artistiques et géographiques de leur musique pour s’ouvrir au monde et faire connaître leur musique. Il me semble que les artistes d’ici devraient suivre ces exemples au lieu de rester dans le « moule » de tout ce qui a été fait auparavant.
Les artistes québécois ont beaucoup plus de potentiel et de possibilités aujourd’hui qu’en 1990. La scène musicale du Québec commence à s’éveiller à la modernité et malheureusement, Les Dales Hawerchuck ne font que tirer la musique vers le bas et à ralentir l’évolution musicale du Québec. Finalement, si vous aimez autant le hockey que les Dales H., allez voir Maurice Richard au cinéma, ce sera mieux investir votre temps et votre argent.
Absurde comme nom? Peut-être, mais faut avouer qu’il pique ma curiosité d’amateur de hockey et de nostalgique de rock.
Après une première écoute je peux dire que ces deux facettes sont comblés. Ce groupe n’est surement pas l’invention du siècle mais comme on dit, ils font la job. Comme divertissement c’est un plaisir assuré.
Que les Cowboys réussissent à s’exporter en France ne me surprend absoluement pas. Sur le plan musical le groupe a énormément progresser depuis Motel Capri, et ils offrent de solides performances sur scène. Au niveau des textes il y a beaucoup plus de profondeurs, et les sujets abordés sont moins « terroirs » qu’au début. L’énergie, la joie de vivre, le son, et l’humanisme des membres du groupe se transmettent très bien, et n’ont pu que charmé les Français.
Par contre que certains s’en étonnent ici au Québec, là je trouve que ça démontre une étroitesse d’esprit. Les Français qui vivent au Québec apprécient énormément les CF, donc c’est une évidence qu’ils vont trouver un public de l’autre côté de l’atlantique. Ensuite, lorsque l’on s’étonne de l’ouverture des Français, il faut se rendre à l’évidence que ces dernières années de nombreux artistes se sont essayés en Hexagone, avec des fortunes diverses.
En utilisant une métaphore, si on vous propose 15 fois du paté de foie, il est possible que vous lassiez du dit paté, mais quand on revient avec du foie gras il est possible que vous en remandiez. C’est exactement ce qu’il se passe, les CF apportent un son nouveau, « raffiné », et une communique leur énergie, une véritable bouffée d’oxygène. Peut-être que les futurs artistes qui voudront tenter leur chance en France devraient se demander s’ils peuvent eux-aussi apporter de changement par rapport à leurs prédécesseurs, et si non, qu’ils n’aillent pas se faire frustrer…..un peu de clairvoyance