SECRET DE BANLIEUE
Le trajet Montréal / Valleyfield s'effectue normalement en 45 minutes. Dans la circulation d'un vendredi soir de novembre, la durée du périple double presque. Assis à droite de Marc-André, guitariste pour Harvee, nous écoulons le temps en discutant de la scène canadienne: Broken Social Scene, Metric, Arcade Fire, Wolf Parade.
Habituellement, le chroniqueur Scène locale passe son vendredi soir au Café Campus, à la Sala Rossa ou au Cabaret. Ce soir-là, il mettra les pieds dans une municipalité reconnue pour sa compétition internationale de régates. Le but: assister à la répétition d'Harvee dans un local grand comme les toilettes du Divan Orange.
Depuis la mi-octobre, le groupe figure en tête des artistes les plus joués de mon iPod, devant Malajube, Le Volume Était Au Maximum et Karkwa. Le démo reçu a beau comprendre quelques fausses notes, l'essentiel est là: une basse précise aux allures de violoncelle, des harmonies vocales poignantes, des pièces aux multiples mouvements et un son orchestral urgent, à la fois somptueux et survolté, rappelant justement Arcade Fire. Bref, le genre de formation qui, si elle évoluait à Montréal, jouirait déjà d'une réputation enviable. Or, Harvee vit à Valleyfield et ne connaît guère les rouages du milieu montréalais.
L'ensemble de sept musiciens répète plutôt dans le sous-sol d'un bar de banlieue, ayant pour voisins une multitude de groupes punk et métal. Pour un jeune rebelle qui aiguise son jeu de batterie sur du NOFX, Harvee sonne comme de la merde. Une couche de peinture fraîche recouvre d'ailleurs la porte du local de la formation. Un "poil" y avait inscrit "pédales" au marqueur noir; l'insulte ultime de la part d'un groupe hardcore qui ne pige rien à la sensibilité d'Harvee.
Au milieu de cette faune grinçante aux odeurs de pot, branchée dans le minuscule local, la troupe enchaîne pourtant les moments de grâce avec ses influences croisant l'esprit soul des Righteous Brothers à la folie de David Bowie. Avec leurs lignes de cuivres, de xylophones et de Fender Rhodes, des compositions comme Space girl, Father was a gambler et No one here font frémir et vous atteignent en plein cœur.
Un peu nerveux de jouer pour des oreilles extérieures, le leader, chanteur et guitariste Philippe sollicite notre avis. Rien à redire. L'intro de Magical mind est peut-être à retravailler, mais l'apport mélodique de la multi-instrumentiste Carine séduit à tout coup, et les rythmes aérés du batteur Nicolas collent parfaitement aux pièces, tout comme les lignes de basse inventives de Mathieu. La beauté, la richesse, les chansons contagieuses, tout y est; ne manque qu'une stratégie pour attaquer Montréal.
Premier pas dans cette direction, Harvee enregistre présentement son disque avec Howard Bilerman à l'Hotel2Tango. L'étape suivante consiste à jouer le plus souvent dans la métropole afin de propager le nom du groupe et de gagner en expérience scénique. Les musiciens se produiront donc le 7 janvier à l'Hémisphère Gauche et monteront sur les planches du Divan Orange et de la Sala Rossa en février.
Est-ce que 2006 verra Harvee émerger sur la scène indépendante montréalaise? Les chances sont bonnes. Si oui, les "métalleux" de Valleyfield auront toute une surprise…
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ÉCHOS DES LOCAUX
-Après Dale Penner qui travailla avec GrimSkunk et les Vulgaires Machins au début des années 2000, Gus Van Go semble être devenu le nouveau réalisateur chouchou d'Indica. L'ex Me Mom & Morgentaler a d'abord enregistré le premier disque de ses amis de Priestess, et voilà que l'étiquette l'a jumelé avec Caféine et les Vulgaires Machins qui sortiront de nouveaux albums en 2006.
-Selon les courriels transmis par Joe King, leader des Queers, à sa liste d'envois, Le Volume Était au Maximum participerait à un éventuel album tribute au célèbre groupe punk. Tout comme Ben Weasel des Sreeching Weasel qui vantait LVEAM sur son blog, il semble que Joe ait apprécié la reprise francophone de Teenage Gluesniffer retrouvée sur le dernier compact des Montréalais, Radio Maximum.
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CONSEILS CONCERTS
La Loi des Cactus sera en concert le 6 janvier au Petit Café Campus avec Marco Calliari. |
-La Ligue d'Improvisation Musicale de Montréal poursuit sa troisième saison ce jeudi 5 janvier au Petit Campus. Les Jaunes de Sylvain Pohu (Iks) affronteront les Rouges de Vincent Montreuil (Arseniq 33).
-Source de chaleur exotique en janvier, La Loi des Cactus se produira avec Marco Calliari le 6 au Petit Café Campus.
-Formation rock aux propos irrévérencieux, Les Truands passeront par l'Escogriffe le 7.
–Half Baked, Sexy Boy et Les Dandys Fauchés seront au Divan Orange le 11.
Après un repos bien mérité, les Vulgaires Machins se préparent à revenir et c’est super ! Dire que leur album «Aimer le Mal» a tourné longtemps dans mon lecteur serait un euphémisme. Avec ce dernier, ils ne se sont pas élevés d’une simple marche, mais d’un palier tout entier.
La qualité des textes s’était enrichie et les sujets étaient devenus beaucoup plus sérieux. «Mourir au bout d’une corde» abordait le suicide d’une des meilleures façons qu’il m’ait été donné d’entendre, cent fois plus efficace que n’importe quelle chanson composée pour une campagne gouvernementale. «Un vote de moins» apportait une vision dure et cynique de notre système politique, à quoi bon voter «pour le moins pire» ? «Anesthésie» était ma préféré, la flèche lancée à l’industrie. Comme si la musique était faite pour être coté à la bourse et suivre les lois du marché.
Vivement un autre album, les sujets ne manquent pas et la place qu’ils occupaient n’a toujours pas été comblée.
Longue Vie à Harvee! Valleyfield Rock ( Sauf les petits cons métalleux spécifiquement au local 22 ) Je suis tout à fait d’accord avec tout ce qui a été dit plus haut ! Vous ne mentionné guère Patrick Caza au piano-Mood, qui est sans contredit mon petit préféré ( ça va lui coûter cher hahaha) Alors que Dieu Bénisse Valleyfield, Que Dieu bénisse Harvee! Amen!
Je suis très content d’apprendre que l’excellent groupe Québécois Les Vulgaires Machins lanceront un nouvel album en 2006. Un groupe que l’ont a pu connaître il y a quelques années avec des succès tels que Le Ciel Est Vide, Dieu Se Pique ou bien La Chasse Est Ouverte. Nottons que leur dernier album Aimer le mal à été passablement populaire. Des textes vrais, qui dénoncent l’ensemble global de la société sous un rythme rock. J’ai bien hâte à la sortie de leur prochain album, et chose sur, je serai l’un des premier à me le procurer dès sa parution.