LA DUALITÉ DE LA SCÈNE ANGLOPHONE
Mercredi dernier au Café Campus, The Sins remportaient la finale de l'Omnium du Rock avec leurs pièces énergiques aux riffs classiques. Fortement empreinte de l'attitude "sexe, drogue et rock'n'roll", la formation jouait récemment en première partie de Jonas et se produira même lors d'un concert d'Alice Cooper. Pour les avoir vus sur scène, The Sins, c'est une machine de rock bien huilée, ayant tout pigé des clichés du style qui pourraient les mener loin.
Si je ne vous parle pas souvent de cette réalité, il n'empêche que Montréal regorge de groupes à l'approche plus commerciale (Counter Clock, 7th Sense, Jonas, Mobile, Mentake). Le lieu de ralliement de cette scène se situe sur le site montrealmusicscene.com, d'ailleurs remercié durant le concert par Sindy, l'exubérante chanteuse des Sins. Très bien conçu, le portail facilite la vie de ces formations grâce à ses annonces et à son forum de discussion où tous peuvent afficher leurs coordonnées et leurs concerts à venir. Le principe s'avère le même que celui de montrealshows.com. Or, la philosophie des groupes représentés par les deux pages Web diffère du tout au tout.
Voici un mini-portrait comparatif, dessiné à gros traits. Sans dénigrer l'une ou l'autre des mentalités, je généralise un peu, mais tout ça dans l'optique d'illustrer la dualité de notre scène anglo.
Plus "arty", les groupes de montrealshows se rêvent sur des étiquettes indépendantes comme Alien 8, Constellation, Mintaka, Merge, Sub Pop ou, mieux encore, un label DIY qu'ils ont eux-mêmes fondé. Puristes, voire élitistes, les musiciens écoutent CISM, CKUT et préféreront jouer à la Sala Rossa, au Divan Orange ou au Zoobizarre. Souvent rachitiques, ces artistes arboreront un look friperie-délabré-post-grunge et voient d'un mauvais oeil tout ce qui tourne autour des concours.
De leur côté, les membres de la communauté montrealmusicscene espèrent signer avec une multinationale du disque qui leur offrirait un bon contrat (ex: Mobile sur Universal). Prêts à certains compromis artistiques, ces rockeurs sont habitués au son de CHOM, The Buzz ou CKOI. Se produire dans des arénas, tout comme participer à Emergenza ou l'Omnium du Rock, ne rebute aucunement ces musiciens, qui affichent l'image de "bums fashion" flamboyants… au coeur tendre.
Bref, l'un tend à prendre la carrière de Godspeed comme modèle, l'autre, celle de Simple Plan. Qui est supérieur? On s'en balance. C'est une question d'attitude et de goûts musicaux. Et de toute façon, tel qu'aperçu lors de la finale de l'Omnium du Rock, il y a un public pour tout un chacun.
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INSCRIPTIONS ENVOL ET MACADAM
Promettant entre autres aux gagnants 50 heures d'enregistrement au Studio New Rock, une bourse de 500 $ en argent offerte par Envol et Macadam et 500 CD usinés offerts par Duplicactions, le concours Envol et Macadam tient présentement sa période d'inscription. La soirée de compétition organisée pour la région de Montréal se tiendra le 19 avril au Café Campus et aura pour tête d'affiche Les Dales Hawerchuk. Détails au www.envoletmacadam.com.
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ÉCHOS DES LOCAUX
– Cette semaine, un de mes amis critiquait la couverture obtenue par Malajube dans les différents médias du Québec: "Je suis écoeuré. On les voit partout. Trop, c'est trop!" Lundi dernier, la formation occupait le deuxième rang du palmarès des ventes d'albums francophones de la province, juste derrière l'hommage à ti-Joe et devant Kaïn. Malajube tourne même à CKOI, où vous pouvez voter pour Montréal -40 degrés Celsius dans le 6 à 6. Notre scène locale se bat depuis des années pour ce genre de reconnaissance. Vous avez écouté Trompe-l'oeil? Malajube n'est ni vendu, ni moins bon depuis qu'il obtient du succès. Préférez-vous qu'on parle partout de Star Académie ou de Malajube? Come on!
– Les filles de DobaCaracol viennent de terminer le tournage du clip de la pièce Droit devant. Réalisé en sol français où leur album sera lancé le 2 mai, "le vidéo reprend un peu le concept de Cours Lola cours. Nous nous sommes fait filmer alors que nous sprintions à travers les rues bondées de Paris". Doba entamera en avril une tournée européenne entrecoupée d'un séjour en Australie où la troupe participera au festival Blues & Roots (David Gray, Sigur Rós, Martha Wainwright, Amadou & Mariam).
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CONSEILS CONCERTS
– Les Temps Liquides lancent leur album rock grinçant et parfois psychédélique le jeudi 2 mars à l'Escogriffe.
– Les Bleus du capitaine Urbain Desbois affronteront les Rouges de Vincent Montreuil (Arseniq 33) lors du cinquième match de la saison de la Ligue d'Improvisation Musicale de Montréal, le 2 au Petit Campus à 20 h.
– La tournée pancanadienne Bande à part / CBC Radio 3 s'arrête au Club Soda le 2. Comme un Homme Libre, Hexes and Ohs, Pony up! et Alligator Trio monteront sur scène.
– Dans le cadre de la série Révèle la Relève, Alexandre Belliard et Damien Robitaille se produiront le 3 à la Maison de la culture Maisonneuve.
– Afrodizz enflammera le Divan Orange le 4.
– Après cinq semaines d'activités, le palmarès des Francouvertes se lit comme suit: 1- La Galère, 2- Ma Blonde est une Chanteuse, 3- Mathieu Mathieu, 4- Gong Goya, 5- Lue Lebel, 6- Psycoze Poétik, 7- Baptiste, 8- Bombolessé, 9- Robot de la Rime. Le lundi 6, au Lion d'Or, David Marin, Benoit Paradis et Le Duo Impromptu & les Cordes Hallucinantes tenteront d'y faire leur entrée.
Décidément, il y a quelque chose de malsain dans le fait d’obtenir du succès quand on est un groupe alternatif. Soudainement, les critiques qui sautaient de joie crient à l’écoeurement et à la saturation. Les artistes trop cools parce qu’inconnus deviennent des produits fades et insignifiants dès que CKOI osent les faire jouer. C’est ce qui arrive à Malajube, groupe qui selon moi ouvre la voie à de nombreux autres groupes alternatifs mal couverts par les médias. Ces derniers étant fidèles à eux-même, ils s’arranchent la saveur locale du mois et vive la scène underground, jusqu’à ce qu’une académicienne se casse un ongle. Alors là, bye bye les artistes intègres, le peuple veut des pleurs et des chansons prémâchées! L’important dans tout ce cirque médiatique c’est qu’un public plus large puisse découvrir des artistes locaux qui méritent de pouvoir vivre de leur art et espérer rejoindre plus d’amateurs de musique. Je ne suis pas tannée de voir Malajube dans les médias, je suis tannée que les médias se contentent de se coller le nez sur l’arbre et ne voient pas la diversité du paysage musical.
Je viens à peine de découvrir la formation Malajube par son dernier album et je suis déjà conquis. S’il faut absolument comparer, côté musical on dirait quelque chose comme les Strokes, Muse et Hot Hot Heat. Je suis resté très étonné d’entendre par la suite un chanteur francophone sur des mélodies qu’on ne retrouvait que chez les anglophones. En plus, les paroles collent à la musique alors rien à redire.
À mon avis, la couverture médiatique dont ils bénéficient n’est pas si large. Bien sûr à l’intérieur d’un même milieu et en très peu de temps, ils sont passés du statut de parfaits inconnus à celui «d’artistes cool du moment» . Dans la population en général, je ne crois pas qu’ils soient vraiment connus encore. À tout le moins, ils ne feront pas la une de nos chers magazines cette semaine. Il y a fort à parier que durant un court moment, les groupies des chroniqueurs «In» vont mentionner le groupe à toutes les occasions et à toutes les sauces.
C’est toujours plaisant de supporter une formation qui n’est que peu connue et la scène locale permet de le faire. Or, je suis totalement d’accord; le fait de recevoir un peu d’attention de la part du milieu ne signifie pas que l’artiste en question devient invariablement une putain.
Par ailleurs, quelque chose qu’on dit très «underground» n’est pas forcément meilleur qu’autre chose de «populaire». Penser ainsi, c’est justifier les concours d’idoles et de star machins qui veulent faire croire qu’il existe de la musique destinée à des individus, mais pas à d’autres. Il n’existe que deux types de musique et c’est simplement la bonne ou la mauvaise.
Ce groupe, qui présente en vedette deux filles vient de tourner un clip à Paris. Elles couraient dans les rues disent-elles. Hé bien, elles doivent en être ressorties fraîches comme deux roses. Ce sont ni plus ni moins que des athlètes ces deux comparses. Quiconque les a vues sur scène va comprendre ce que je dis. Elles dansent, sautent, jouent de tous les instruments, chantent, bref, ça déménage! J’ai très hâte de voir le clip.
Malajube. Ce groupe semble vraiment avoir la cote auprès des critiques. « Ils ouvrent la voie à des choses nouvelles « . Ça, je l’ai vu partout. Et les spectateurs semblent joyeusement étonnés. Eux aussi, j’ai hâte de les entendre. Ici, au Québec, on a été chanceux avec les bons groupes. Loco Locass, Cowboys fringants et là, Malajube. Continuez de nous étonner les jeunes!. Y’a toujours de la place pour le talent.
Il est très vrai que Malajube est sur toutes les lèvres depuis environ deux semaines. À ceci, je dis temps mieux. Il était plus que temps que le génie de ce quatuor fasse enfin parler de lui. Et si on parle tant de Malajube par les temps qui courent, ce n’est pas parce qu’ils sont appuyés par distribution Select ou tout autre major de l’industrie (ils ont signé avec Dare to Care records), c’est tout simplement parce que c’est bon! Il est donc parfaitement normal que les médias et le public réclament leur nom.
Si l’année 2004 fut celle d’Ariane Mofatt et que 2005 fut celle de Pierre Lapointe, je prédis que 2006 appartiendra à Malajube. Ils ont fait paraître un album qui frôle la perfection et leur spectacle est un des meilleurs qui soit. En effet, ces gars là ont une énergie très particulière si on les compare au reste de la scène québécoise. Alors à tous les détracteurs qui voient en ce groupe seulement un phénomène médiatique et rien de plus, je leurs dirai : « Vive la musique québécoise, vive la musique indépendante et vive Malajube. »
C’est devant un Club Soda plutôt vide, malheureusement, que les groupes Comme un homme libre, Hexes and ohs, Pony Up et Alligator Trio. Il faut avouer que cette tournée à travers le Canada avec des groupes peu connus et qui pourtant gagnent à l’être fait peu de bruit. Elle reste discrète. Dommage puisque le spectacle du 2 mars était très intéressant.
Comme un homme libre propose un rock trash, mené jusqu’au bout par la charismatique chanteuse. Avec une si bonne énergie, le résultat fonctionne à merveille. Hexes and ohs a suivi le groupe. Ce duo donne dans l’electro-pop très douce, axée sur l’évolution de la mélodie et les voix qui l’accompagnent harmonieusement. Bref, la révélation de la soirée. Ensuite, Pony Up, un groupe constitué de quatre femmes, est venu chauffer la place. Le ton ne semblait pas totalement trouvé encore: trop de demi-mesures, à mi-chemin entre un rock de guitares brut et un soft-rock mélodique. Malgré quelques moments plus hésitants, le groupe a su démontrer le potentiel de ce quatuor qui a encore tout le temps nécessaire pour se faire sur scène. Enfin, Alligator Trio est débarqué avec son gros rock sale, chanté en français. Un son très heavy, mais qui rafraichit par l’authenticité du genre.
La mission de faire découvrir des groupes de musique émergente à un public plus large aurait totalement été réussie… si seulement nous avions été plus qu’une soixantaine (?) de mélomanes éparpillés dans le Club Soda.