Retour Francouvertes, Plastic Lite, New Fist, Envol et Macadam, Nitrosonique
RETOUR FRANCOUVERTES
Après sept semaines de préliminaires et trois soirs de demi-finale, la dernière édition des Francouvertes s’est conclue au La Tulipe le jeudi 6 avril. Pour sa dixième édition, le concours qui a vu passer des canons de la scène musicale québécoise comme les Cowboys Fringants, Loco Locass et les Breastfeeders avait fait les choses en grand, décrochant une commandite substantielle de la radio satellite Sirius et accueillant pour la première fois de son histoire 21 participants. Avec ce bassin record et une finale disputée devant la plus grande assistance attirée par les Francouvertes (le La Tulipe affichait presque complet), tous appréhendaient un autre grand moment de découverte.
Or, David Marin, Mathieu Mathieu et la formation gagnante Ma Blonde est une Chanteuse nous ont laissé sur notre faim. Pas qu’ils étaient mauvais, loin de là, mais par le passé, les Francouvertes nous avaient habitué à des finalistes aux univers nettement plus personnels et surprenants. Je pense entre autres à l’année dernière où le gagnant Damien Robitaille s’est décroché un contrat avec l’étiquette Audiogram en nous présentant un personnage frais, complètement disjoncté et fort efficace tant au piano qu’à la guitare. Cette même année, Caniche Hara-Kiri (sous contrat avec DAME) livrait aussi un spectacle hors du commun avec ses influences postrock et théâtrales. Bref, rien à voir avec la cuvée plus conservatrice de cette année.
Arrivé troisième, David Marin (Prix Coup d’coeur Musiqu’en nous et Prix des FrancoFolies de Montréal) témoigne d’une jolie profondeur, parfois touchante, comme lorsqu’il a interprété successivement Pour un dix (pièce sur la prostitution) et Donnes-en (leçon de vie pour l’âme en peine). Marin est mon coup de coeur de la soirée, mais il est vrai que son registre à la Richard Desjardins et parfois à la Daniel Boucher n’a rien de très original. Un artiste prometteur certes, mais qui n’a pas encore l’étoffe d’un gagnant.
Même son de cloche pour Mathieu Mathieu, véritable calque d’un chansonnier français comme Aznavour. Accompagné à la guitare classique par Danny Monzerol, Mathieu fait preuve d’une plume raffinée – il a d’ailleurs remporté le Prix de la chanson primée de La SOCAN pour Les jours de petit change -, mais contrairement à Pierre Lapointe qui infuse une touche plus moderne à son répertoire inspiré des classiques français, Mathieu y reste bien collé. Je sais, on s’en fout, mais même sa coiffure et son costume beige et brun avaient quelque chose de Brassens…
Après ces deux participants axés sur la chanson, Ma Blonde est une Chanteuse avait l’avantage de brasser un peu la foule avec ses pièces rock. Comme constaté lors des tours précédents, la présence scénique et le charisme d’Annie Chartrand s’avèrent les armes principales du groupe. Aussi irrévérencieuse et exubérante que son chum Karlof Galovsky, qui étonnamment joue un rôle plutôt effacé dans la formation, Annie déplace de l’air et aborde avec brio des sujets casse-gueule, comme les menstruations sur Chat-gris-nez. La formule pop du combo n’a rien de bien exceptionnel, mais en cette soirée de finale, Ma Blonde était le plus complet des finalistes. Une douce revanche pour Karlof, arrivé troisième au concours en 2002.
Mais, comme me le faisait remarquer une amie, ce qu’il y a de marquant avec cette dixième édition des Francouvertes, c’est la tangente plus Festival de la chanson de Granby qu’a pris l’événement. La relève rock québécoise, extrêmement active depuis deux ans, n’y était pas vraiment représentée. Depuis leurs débuts, Les Francouvertes ont pourtant servi de tremplin à la scène rock DIY de la province (les Goules, Les Breast, Télémaque, Karkwa, ?Alice!, WD-40, Arseniq 33, Gwenwed). Ce ne fut pas le cas cette année. Dommage, car par leur organisation Les Francous demeurent le concours le plus crédible de la scène émergente.
CONSEILS CONCERTS
–Plastic Lite vient de lancer un DVD qui réunit ses vidéoclips, des courts métrages et des extraits en spectacle. Seul moyen de vous procurer le disque: rendez-vous au concert de la formation le jeudi 13 avril au Petit Café Campus.
-La formation punk New Fist souligne le lancement de son album Metamorphosis le 15 au Café Chaos avec Saveur Marmelade et Yslavid.
–20 Twenty-four, E.V.O. et Q-DSAC participe à la demi-finale montréalaise d’Envol et Macadam le 19 au Café Campus (artiste invité: Les Dales Hawerchuk).
DISQUE LOCAL
Nitrosonique
Le Diable à la Radio (EP)
(Indépendant / LOCAL)
Nous l’attendions depuis longtemps, ce nouveau maxi de Nitrosonique. Primo, en quatre ans d’activité, l’énergique quintette n’avait enregistré que deux autres démos aujourd’hui introuvables. Deuzio, nous avions hâte de voir si la formation rock était pour s’affranchir des comparaisons avec le Nombre qui lui collent au cul. Malgré seulement trois chansons, Nitrosonique prouve qu’il a évolué vers une forme rock mois garage que le Nombre. Un progrès particulièrement évident sur Je n’oserais jamais, qui met à profit le nouveau claviériste du combo Guillaume Turcotte. Les deux autres compositions du CD, Le diable à la radio et À l’envers du veston, prouvent pour leur part l’efficacité mélodique de Nitro. Album complet prévu pour 2007. En concert le jeudi 13 avril au Club Lambi. 3.5/5