QU'EST-CE QUI EST INDÉPENDANT?
Présenté lors de la conférence Folk Alliance au Texas en février et lors du Canadian Music Week à Toronto en mars, le documentaire montréalais What is indie? du réalisateur Dave Cool sera à l'écran pour la première fois à Montréal le samedi 6 mai, à la Sala Rossa (portes à 20 h).
Moyen métrage de 50 minutes, le film contient plusieurs entrevues avec une vingtaine d'artistes d'ici dont Jonathan Cummins (Bionic), Paul Gott (Ripcordz), Annabelle Chvostek, Bloodshot Bill, Tim Rideout et aussi Jean-François Fortier, Kali & Dub, Paul Cargnello et Andrea Revel qui seront sur place lors de la soirée de visionnement pour interpréter quelques pièces.
Dave Cool décrit son oeuvre en posant quelques questions: "Est-ce qu'être indépendant ne veut dire que ne pas être "signé"?, ou est-ce que ça veut dire ne pas être "signé" par une grosse compagnie de disque? Est-ce possible d'être indépendant au sein d'une multinationale du disque? Ce film mettra le feu aux poudres et contribuera à allumer le débat entre les artistes, les professionnels de l'industrie et les fans de musique…"
Si le débat revient fréquemment, il s'envenime aussi facilement, car il touche une corde sensible chez les mélomanes et musiciens. Question crédibilité, personne ne veut se faire traiter de "vendu". Sous contrat avec Audiogram, est-ce que Karkwa demeure un groupe indépendant puisque son album, Les Tremblements s'immobilisent, fut produit par le groupe, sans que l'étiquette n'intervienne vraiment dans le processus d'enregistrement? Et après tout, au sens premier du terme, Audiogram serait une étiquette indépendante puisqu'elle n'a aucune affiliation avec une grosse compagnie comme Warner, Sony, Universal ou EMI. À moins qu'Audiogram ne soit elle-même une grosse compagnie de disques… À ce titre, si l'on compare les chiffres de ventes, Merge et Sub Pop (parfois distribué par Warner) le seraient également. Faudrait-il alors comparer le marché où évoluent ces différentes boîtes, leur écurie respective et leur stratégie de marketing? Sonic Youth, considéré par plusieurs comme un emblème de la musique indépendante, livre ses disques sur Geffen (sous-section d'Universal) où évolue aussi Guns'N'Roses. Pas évident. Et quelle importance occupe le débat s'il faut faire du cas par cas pour désigner un groupe indépendant ou non?
Cette chronique couvre la scène locale / émergente / indépendante. Pour ce faire, j'utilise des balises déterminées par les médias de masse québécois; ceux-là même qu'on critique à outrance. Lorsqu'un groupe obtient du succès sur les ondes des radios commerciales (Dobacaracol, Pierre Lapointe, Les Trois Accords), il sort du cadre, peu importe son éthique de travail. Cette page vise à donner une vitrine aux artistes qui n'en ont pas, à condition qu'ils présentent une certaine richesse musicale ou un registre jugé non commercial. Voilà pourquoi Karkwa se retrouve parfois dans la chronique, contrairement aux Pistolets Roses. C'est aussi pourquoi je vous parle de Vulgaires Machins, bien que le groupe punk vende plus d'albums que Marc Dupré.
Et vous, quels sont vos critères pour juger un groupe local / émergent / indépendant? Laissez vos commentaires sur cette page.
Parlant d'être indie, rendez-vous aussi sur le forum de Dare To Care (www.daretocarerecords.com) pour lire une discussion à propos de Malajube qui a prêté Ton Plat Favori pour une pub de Zellers.
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FINALE LIMM
Les Rouges du capitaine Vincent Montreuil affronteront les Jaunes de Sylvain Pohu lors de la finale de la Ligue d'Improvisation Musicale Montréalaise, le jeudi 11 mai au Petit Campus. Grâce à leur victoire serrée face aux Bleus d'Urbain Desbois, les Rouges atteignent l'étape ultime où l'efficacité du capitaine jouera un rôle décisif. Si les Jaunes présentent une fiche parfaite (3-0), c'est dû en grande partie à leur capitaine Pohu qui a habilement dirigé ses joueurs tout au long de la saison, donnant ainsi une structure à leurs improvisations. Pour obtenir la faveur du public, une impro de trois minutes doit faire preuve de "timing" afin d'éviter la linéarité. En communiquant visuellement avec ses joueurs, Pohu arrive à construire de solides pièces, utilise des crescendo, des decrescendo, des changements d'ambiance et des solos. Lors de la demi-finale, Vincent Montreuil a fait de même, et son équipe s'est sauvée avec la victoire. Voilà qui augure bien pour la finale.
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CONSEILS CONCERTS
-Le Festival Country de St-Henri débute vendredi le 5 mai au Va-et-Vient: Magnolia, Rodéoscopique et Rick Haworth / Mario Légaré seront de la partie.
-L'étiquette Rif célèbre son premier anniversaire: Dany Placard, Urbain Desbois, Deweare et les Frères Cheminaud joueront le 10 au Divan Orange.
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DISQUE LOCAL
Nicolas Huart
Le Visage dans les Mains
(Indépendant / LOCAL)
Comme en fait foi son titre, l'album du jeune Nicolas Huart n'a rien de bien jojo avec ses ambiances country folk mélancoliques auxquelles participent Malcolm Bauld, Louis Valiquette (Yesterday's Ring, Sainte Catherine) et Karine Isabelle (Comme un Homme Libre). La détresse sentie dans la voix de Nicolas rappelle un Conor Oberst (Bright Eyes), tandis que son phrasé s'apparente à celui des nouveaux chanteurs français comme Cali. Un peu linéaire, mais bien fait. En vente le 9 mai. En concert le 7 mai à l'Escogriffe. 3.5/5
Indie, à mon avis c’est un groupe que l’on entend pas à CKOI, CKMF, Cité Rock Détente, Rythme FM. Certains groupe Indie y passent à l’occasion, The Arcade Fire a passé vaguement à CKOI, pourtant je considère ce groupe comme indépendant, vu la vision qu’ils ont de la musique, qui est complètement différente des gros canons de l’industrie tel Simple Plan, qui plafone les palmarès sans toutefois posséder un grand sens de l’originalité.
Côté francophone, je considère des groupes tels Anonymus, Les Chiens, Arseniq 33, Karkwa, Les Martiens, comme étant indépendant. Ce sont des groupes avec plusieurs albums dont ont entend rarement parler dans les médias, qui pourtant rejoignent un grand public.
Du côté Sud, NOFX représente un groupe dont l’indépendance a fondé leur propre maison de disque. Pensez simplement à Bad Religion, qui passa de Epitaph (indie) à Atlantic (major), Offspring a fait la même chose, ce qui a détruit leur son, petit à petit.
Mais, si un groupe est sur un major, il peut toutefois faire de grandes choses : Radiohead, Flaming Lips, Death Cab FOr Cutie, Billy Talent, Tool, Primus, Mr Bungle, en autant que leur principal intérêt c’est la musique et non le capital, qui devient secondaire.
Voyons si j’ai bien compris de quoi il s’agit: l’artiste qui se retrouve avec une petite compagnie indépendante est un artiste authentique tandis que celui qui signe avec une grosse multinationale a ni plus ni moins que vendu son âme au diable. C’est ça, non? Qui au juste prend-on pour un imbécile ici? Le public ou l’artiste? À moins que ce ne soit les deux… Parce que cela suppose presque que ce qui est connu et largement diffusé ne vaut pas vraiment grand-chose, que ça n’obtient du succès qu’en raison de la grosse machine derrière. Et cela suppose aussi que ce qui est vraiment bon se cache chez les indépendants sans budget.
Quelle bêtise! Et, d’ailleurs, quel est le mérite de rester à moisir dans une petite boîte sans moyens, à ne rejoindre qu’une poignée de fans? Pour commencer, ça peut aller mais, avant longtemps, il faut voir à prendre de l’envergure. Et cela passe par de gros moyens. À moins que l’artiste soit un mollasson fini, il verra à relever le nouveau défi, redoublant d’effort pour affiner son art. Pour enfin se révéler vraiment. Alors, si vous vous demandez s’il vaut mieux une petite étiquette indépendante ou une grosse multinationale, voilà ce que moi j’en pense. Et vous?
Le débat que ce film pourrait soulever me ramène une vingtaine d’années plus tôt. Cat Stevens a écrit de bonnes chansons, sauf celles qui étaient populaires. Tel groupe composait de bonnes chansons avant parce que les gens n’achetaient pas leurs albums. Il est vrai que, même si je suis dans la quarantaine, j’aime entendre de nouveaux chanteurs, de nouvelles chanteuses, de nouveaux groupes, alors que d’autres nouveautés me laissent froid. Pourquoi? Parce que ceux que j’aime amènent quelque chose de nouveau: les paroles, la musique, la prestation sur scène. J’aime aussi qu’on ramène un son d’un certain passé. Contrairement aux puristes, je trouve dommage que certains de ces artistes ne soient pas connus, que le « peuple », qu’on considère ignare pour mieux s’élever, ne prenne pas le risque de les écouter et d’éventuellement les aimer.
Il est vrai que j’écoute depuis plusieurs années la Première Chaîne de Radio-Canada et qu’il m’est arrivé, à l’occasion, d’écouter CIBL, pour deux raisons: les émissions parlées et le contenu musical. Je ne suis pas supérieur à la population que certains supposés « connaisseurs » méprisent, j’ai seulement une plus grande ouverture d’esprit qu’eux, probablement, et je souhaite à tous la même ouverture d’esprit que la mienne.
Nous n’aimerons pas tous les mêmes chanteurs, chanteuses et groupes, mais au moins, nous évaluerons selon nos goûts musicaux et non selon les ventes, ni selon notre classe sociale.
Même les artistes ont le droit de vivre décemment, n’en déplaisent aux puristes bourgeois!
Il y a 3 ou 4 ans,on a fait un téléfilm sur le groupe Harmonium,groupe qui a accompagné ma jeunesse et qu’il m’arrive encore d’écouter aujourd’hui.J’y ai appris que la popularité de leur musique était venue aux oreilles de certains géants américains et que le groupe aurait pu étendre sa réputation jusque chez l’oncle Sam.Ils ont refusé,je ne sais plus trop pour quelles raisons et finalement ils se sont dispersés et Harmonium a disparu de paysage.Je me suis souvent demandé par la suite ce qu’il serait advenu d’eux et de leur musique au son si particulier s’ils avaient décidé de pousser leur avantage du côté américain.Auraient-ils gardé leur âme?
Si pour un groupe signer avec une grosse maison et disposer d’un plus gros budget ne signi-fie pas nécessairement vendre son âme au diable,il n’est pas vain de constater qu’il y perd parfois de son originalité et de son unicité.Il y a quelques histoires d’artistes ayant signé de gros contrats qui se sont vus peu à peu sans droit de regard sur le produit final. Or récupé-rer des droits ça coûte cher.
Le problème ne se poserait pas si la musique émergente avait sa place sur nos ondes radio-phoniques.Qu’on ne l’entende pas ou si peu la condamne à un succès d’estime et est cause que les personnes plus âgées comme moi n’y ont pas accès et donc ne peuvent la décou-vrir.Terminé pour moi le temps des bars et des petites boîtes jusqu’à 3hre du mat!Or c’est seulement dans ces endroits qu’on peut prendre contact avec cette musique.Au hasard parfois d’une émission télé,il m’arrive d’entendre une musique nouvelle et je me dis alors: « Tiens voilà un son ou des paroles intéressantes et originales! ».Il ne s’agit donc pas d’un manque d’ouverture d’esprit mais l’occasion crée le larron dit-on et c’est vrai en ce qui concerne la musique indépendante…