Gus Van Go, One Night Band, L’Assemblée, Le Husky
HISTOIRE D’UN IMMIGRANT ILLÉGAL
En réalisant les albums des Stills, le premier effort de Priestess et le dernier Vulgaires Machins (en plus de mixer Gisèle de Xavier Caféïne), l’ex-Me Mom & Morgentaler Gus Van Go est redevenu une figure importante de la scène indie montréalaise. Un retour en force, bien qu’il se soit exilé du pays il y a dix ans pour vivre à New York.
Assis dans un café de l’avenue Duluth, à plus de 630 km de son appartement du quartier Williamsburg à Brooklyn (niche des artistes new-yorkais depuis la hausse des loyers du Lower East Side), le guitariste explique comment il est parti à l’assaut de la Grosse Pomme en 1996, peu de temps après la fin de Me Mom. "Je voulais un changement radical. Du temps de Me Mom, j’adorais déjà NY et je voulais toujours y jouer. Après la séparation du groupe, j’ai formé The Smitty’s avec trois autres musiciens (dont Adam Bix, aussi du légendaire groupe ska). Notre but était clair: vivre à NY. Ça nous a pris un an pour organiser le déménagement. Nous avons trouvé un logement à Williamsburg où nous pouvions vivre à quatre, et nous sommes partis sans papiers légaux pour vivre aux États-Unis, sans même avoir vu l’appartement. Nous étions vraiment naïfs… Nous avions 26 ans, pas de job, aucun contact à NY et juste assez d’argent pour y vivre trois mois."
Déménageur, livreur de journaux et chauffeur pour différents groupes, Gus vécut sans carte verte en exploitant la camionnette des Smitty’s. À la fin des années 90, le groupe se produisait régulièrement à New York. Il s’était trouvé un gérant et passa à deux doigts de signer avec Atlantic Records, pour finalement se séparer, faute de réels débouchés. "À l’époque, la vie n’était pas facile pour les groupes rock. Les gens écoutaient de la musique techno et du rap. Les rockeurs qui obtenaient du succès étaient des gars comme ceux de Sugar Ray et leur I Just Want to Fly…" Mais Gus s’était fait de nombreux contacts new-yorkais sans pour autant perdre de vue la scène montréalaise, réalisant des albums pour les Kingpins et les Undercovers, groupe qui deviendra les Stills.
"C’est lorsque les Stills nous ont envoyé leur démo qu’Adam et moi avons décidé de nous servir de notre expérience new-yorkaise pour nous lancer dans la gérance. Nous sommes aussi devenus les gérants de Priestess, groupe que nous avions rencontré par l’entremise des Stills."
Depuis 1996, le contexte musical montréalais a grandement changé. Est-ce que Gus s’exilerait de Montréal en 2006? "Il y a dix ans, je crois que c’était la meilleure chose à faire. Il était impossible pour un groupe indie montréalais de percer sur la scène internationale", soutient Gus, citoyen américain depuis qu’il a épousé une New-Yorkaise. "Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée, et je l’ai ressenti en enregistrant Priestess et les Vulgaires Machins. Les groupes ont l’espoir d’une reconnaissance tant au Québec que sur la scène mondiale. Ça motive les troupes. En travaillant avec les Vulgaires, je me disais que Compter les corps se vendrait à 100 000 exemplaires. Combien d’American Idiot Green Day a-t-il vendus au Québec? Je ne vois pas pourquoi les Vulgaires ne pourraient pas en vendre autant."
Comme me le faisait remarquer mon collègue journaliste Nicolas Tittley de MusiquePlus, nous pouvons dire la même chose du nouveau disque de Xavier Caféïne: "Toute personne qui a aimé les Franz Ferdinand se doit d’écouter Gisèle."
MUSIQUE GRATIS
One Night Band (www.myspace.com/theonenightband)
Sous contrat avec l’étiquette Stomp, le One Night Band se produit le 2 septembre au Petit Campus. |
Fondé il y a trois ans, le One Night Band a peaufiné sa fusion ska-soul-reggae pour accoucher cette année de son premier disque, Way Back Home, paru sous étiquette Stomp. La formation se lance cet automne dans une tournée nord-américaine de trois mois qui s’arrêtera au Café Campus le samedi 2 septembre avec General Rudie et The Expos.
CONSEILS CONCERTS
L’Assemblée foulera les planches de l’Hexagone en octobre lors du Festival Rocktambules, dans la région de Grenoble. Pour amasser des fonds lui permettant le périple, la formation rap derrière le succès estival Turn Your Head Around organise un tournoi de billard et de baby-foot le 4 septembre au El Jumelgi (1673, avenue du Mont-Royal Est) dès 17 h.
DISQUE LOCAL
Le Husky
Le Husky
(Indépendant)
À l’instar de jeunes formations telles que Malajube, Navet Confit et Le Nom, Le Husky botte le derrière de la pop francophone et propose un premier maxi de six morceaux à la facture musicale contemporaine. Distillant un profond mal de vivre, Yannick Duguay et sa bande conjuguent habilement une authenticité poignante, un goût marqué pour l’expérimentation et une certaine vision romantique. Empreinte d’une douce mélancolie, la collection propose des climats variés qui entraînent notre cabot dans des territoires électro (Mourir comme un chien), new wave à la Cure (Une araignée) ou plus psyché (la touchante Dans l’bois). Pas très joyeux, certes, mais force est d’admettre que ce condensé "fait maison" de mélodies recherchées frappe, plus souvent qu’autrement, dans le mille. En concert le 5 septembre avec Télémaque au Playhouse. 3.5/5 (Stéphane Martel)