NOUVEAU JUMEAU POUR DARE TO CARE
Le bruit courait déjà lors du FME: Éli Bissonnette, l'homme derrière Dare to Care records (Malajube, Yesterday's Ring, Avec pas d'Casque, Les Georges Leningrad), lance une nouvelle étiquette exclusivement francophone: Grosse Boîte.
Surprenant début pour le nouveau-né, le numéro de catalogue GB001 sera imprimé sur la pochette de l'édition vinyle du Mexico de Jean Leclerc lancée à la fin octobre. "Il l'a crié haut et fort, Jean ressent un profond dégoût face à l'industrie du disque québécois. C'est pour ça qu'il a lancé le compact Mexico sur son propre label, contrôlant à 100 % la production du disque. Pour être franc, je comprends parfaitement son point de vue", soutient Éli.
"Je suis tanné des labels d'ici qui, entre deux bons disques, lancent trois merdes qui ne mériteraient même pas d'être endisquées. Je veux créer une étiquette qui ne dénaturera pas un artiste en le coulant dans un moule, l'associant avec le réalisateur et les musiciens chouchous de la boîte. Je ne lancerai pas non plus d'albums mauvais, sous prétexte qu'un artiste jouit déjà d'une certaine notoriété. Je veux que l'appellation "maison de disques" prenne tout son sens avec Grosse Boîte. Que les artistes s'y sentent chez eux. Qu'ils puissent débarquer au bureau pour discuter avec moi sans prendre rendez-vous. Une entreprise humaine qui serait au service des visions de l'artiste. Pas l'inverse. L'important ne sera pas la rentabilité d'un projet ou la quantité d'albums lancée dans une année, mais l'authenticité sentie dans une oeuvre. Avec ce qui se passe présentement au Québec, je crois que cette authenticité ne permet pas de devenir riche, mais elle peut être rentable dans certains cas (on pense ici à Malajube). Il suffit de trouver les bons groupes, et c'est ce que fera Grosse Boîte."
Ce n'était pas déjà le rôle de Dare to Care? "Oui, mais DTC travaille aussi à l'international. Un gars comme Jean Leclerc n'a pas besoin d'un label qui a les États-Unis dans sa mire. Des artistes comme lui ont besoin d'une étiquette qui concentrera ses forces sur le Québec et la France. DTC poursuivra son travail, et Grosse Boîte sera plus adaptée au marché francophone."
Outre Jean Leclerc, la nouvelle maison de disques lancera le premier album du Husky au printemps 2007, et si tout va bien, l'effort des Chats de Ruelle (projet francophone des Yesterday's Ring) au cours de la même année.
Le Husky, dont les compositions évoquent un Charlebois des Temps modernes, se produit à 22 h pile le 6 octobre à l'Hémisphère Gauche avec Pony up, Kickers et The Golden Dogs dans le cadre du Pop Montréal.
ooo
CONSEILS POP MONTRÉAL
–Ivaylo, Numéro et Tony Ezzy le 4 au Balattou. Du jazz, du funk et de l'électro pop dans un bar de danse exotique, où vous n'avez probablement jamais mis les pieds… Excitant.
–The Dagons (Los Angeles), Creature, Call Me Poupée et Les Breastfeeders le 5 au Cabaret du Musée Juste Pour Rire.
–Avec pas d'casque et Pawa Up First le 5 au Zoobizarre.
ooo
CRITIQUE LOCALE
Mahjor Bidet
Mahjor Bidet (EP)
(Indépendant)
En temps normal, je devais vous parler la semaine dernière de ce premier maxi de Mahjor Bidet, nom qui revient fréquemment sur le Web ces jours-ci, tant sur le palmarès interactif de Bande à Part où il devance les Caféïne, Breastfeeders et Vulgaires Machins, que sur les blogues et MySpace. Faute d'espace, j'ai dû repousser la critique élogieuse à cette semaine. Car comme le veut la cyber-rumeur, la formation pilotée par le chanteur compositeur Serge-André Amin peaufine bel et bien ses textures sonores avec brio. Influencé par la pop, le rock et la musique plus psychédélique, Mahjor est capable d'ambiances enveloppantes à la Air grâce à ses arrangements de clavier et ses lignes mélodiques planantes, tout en s'avérant efficace lors de passages plus mordants, laissant libre cours à ses tendances noisy. Or, entre-temps, je suis allé voir quelques chansons du concert que donnait Mahjor Bidet vendredi dernier au Bistro de Paris. Loin d'être à la hauteur du maxi, la prestation manquait d'énergie et de cohésion. Une déception? Pas vraiment. Restons réalistes. Avec l'ordinateur qui facilite l'enregistrement sonore de qualité, un jeune groupe aussi débrouillard que débutant peut mettre en boîte ses compositions et les diffuser via Internet. Vu la bonne santé de la scène, un buzz peut alors se créer autour de bonnes chansons, comme ce fut le cas pour Mahjor. Mais dans tout ce processus, le groupe n'aura jamais eu à sortir de son garage. Vendredi, le quintette donnait son quatrième concert à vie. Normal que la formule ne soit pas au point. Devriez-vous assister au spectacle qu'il donnera lors du Pop Montréal le 5 octobre à l'Hémisphère Gauche avec KingKongDingDong et The Bicycles? Si vous aimez les titres prometteurs qui circulent sur la toile, certainement. Car Mahjor Bidet reste à surveiller de près. Même si ça lui prend encore une dizaine de concerts avec de prendre ses aises. 4/5
C’est vrai, il nous manque encore quelques concerts et une formation complète… et aussi, juste et bonne critique sans name-dropping…
Yesseur
Les efforts d’Éli Bissonnette sont primodiaux pour conserver une scène locale qui inspire continuellement une jeunesse désabusée. Les jeunes qui forment des groupes de musique doivent viser des objectifs plus sérieux et plus réalistes que les gars de Simple Plan, par exemple, parce que la musique, à la base, n’est pas une industrie. Je n’ose pas imaginer ce que ce serait sans Dare to Care et Stomp Records.
« La seule radio écoutable du grand Montréal, » soit CISM, la radio de l’Université de Montréal, devrait faire des petits. On devrait s’inspirer de ce type de radio tellement honnête, tellement concret et tellement didactif. Il devrait exister des affiliations entre les labels anti-commerciaux et CISM (et ce genre de radio en général) s’il n’y en a pas déjà afin de faciliter l’accès aux groupes locaux.
On devrait trouver une fenêtre aussi pour les bands locaux afin que ceux qui n’ont pas de labels puissent vendre leurs disques par leurs propres efforts. Car oui, il existe plusieurs bands qui n’ont pas de labels et qui vendent leurs disques eux-mêmes dans leur spectacles ou sur leurs sites Internet et croyez-moi, ce n’est plus des enregistrements bidons qui sonnent comme un calvert.
Vous parents d’ados désabusés, encouragez cette scène et dépluggez vos jeunes de Star Académie, de Loft Story et de toutes ces conneries qui ne leur apprennent rien, mais RIEN dutout et faîtes-les connaître les bienfaits de la scène locale musicale du grand Montréal et de ses environs.
PS. En passant, écouter de la musique de la scène locale ne signifie pas se piquer à l’héroïne dans une ruelle sale de Côte St-Paul, pour ceux qui sont encore subjugués au mythe de musique indépendante = drogue.
Jean Leclerc, le thanatologue de Jean Leloup a tout mon respect. Je peux comprendre que l’industrie du disque québécois le frustre car, en grand original qu’il est, il a besoin de beaucoup de liberté créatrice. En ce sens, la naissance d’une maison de disque audacieuse est une bonne nouvelle pour tous les artistes privés d’un médium qui permet l’authenticité artistique.
Grosse Boîte, si elle livre ses promesses, sera certainement une maison de disque dynamique.
Bonne chance à ses artisans !
Je désire féliciter Eli Bissonnette d’avoir le courage de se lancer dans une aventure
périlleuse par passion,pas pour le « cash », »la visibilité » et autres « émergences » merdiques.
Cependant je veux aussi le mettre en garde,lui et tous les artistes qui viendront par-
tager sa passion dans la Grosse Boite,contre trois dangers.
Premièrement,il ne faut pas confondre musique alternative et marginalité.
Jean Leclerc,Daniel Boucher,Ariane Moffatt,Pierre Lapointe sont ,au départ,des artistes
très originaux qui ont acquis,par la suite ,un très large auditoire.
On est pas un artiste de génie parce qu’on se spécialise dans le fumeux,le verbeux,
le confus songé,entouré d’adorateurs pareillement embrumés.
Deuxièmement,je conseillerais à tous les chanteurs et musiciens en herbe de se
méfier comme la peste de l’art dit « engagé ».
La musique est un art qui vous « engage » déjà suffisamment sans le mettre au service
de quelqu’idéologie que ce soit.Vous voulez faire de la politique,de la religion,
« des affaires ».Parfait,mais ne mêlez pas la musique à ça.
C’est absolument délétère et toujours, ça ratatine l’inspiration.
Et puis,de par sa nature même,la musique est politique,au sens propre,qui fait chanter
la cité.Vous n’avez pas à lui imposer vos « idées »…
Troisième danger:l’arrogance.La prétention,cette maladie du succès,chez beaucoup
d’artistes ici,lorqu’ils sortent de l’ombre,deviennent connus.Le plus grand tueur
de talents que je connaisse.
A peut-être déjà contaminé un des quatres nommés plus haut,à un point tel
qu’il en arrive à confondre manières et style.
Le style c’est l’homme,les manières,sa caricature.
Enfin,je conseille à Eli Bissonnette de pas trop fonder d’espoir,sur les grosses
machines de diffusion.Les petites boites de quartier suffisent.Il y en a partout à
Montréal et un ravissement vécu devant un chanteur ou un musicien inconnu mais
fort talentueux dans un bar obcur,ça n’a pas de prix.Ca ne s’achète pas.
C’est peut-être mieux ainsi.
désolé, je suis un peu en retard dans les nouvelles, je viens de tomber là-dessus…. moi, j’aurais un conseil à donner à jean-claude bourbonnais: ne pas livrer des conseils comme si c’était des vérités absolues à des gens que l’on ne connaît pas.
JC dit: « Enfin,je conseille à Eli Bissonnette de pas trop fonder d’espoir,sur les grosses machines de diffusion.Les petites boites de quartier suffisent.Il y en a partout à Montréal et un ravissement vécu devant un chanteur ou un musicien inconnu mais fort talentueux dans un bar obcur,ça n’a pas de prix.Ca ne s’achète pas.
C’est peut-être mieux ainsi. »
merci du conseil, buddy, mais tu n’as vraisemblablement pas compris qui on est, ce que l’on fait, pourquoi on existe, et surtout, notre nom!