<b>L'indé des indés</b><p>À gauche, il y a les musiciens qui produisent eux-mêmes leur album et fondent leur propre étiquette de disques en grattant les fonds de tiroir. En bout de ligne, ils n'auront qu'à signer avec un distributeur pour voir leur effort atterrir chez les disquaires. Encore plus à gauche, il y a Akuma, groupe punk comptant dans ses rangs l'ex-Banlieue Rouge Safwan, Sylva (batterie), Yannick (guitares) et Sébastien (basse). La formation a produit son troisième album (…Des cendres et du désespoir, lancé le mois dernier), a fondé son label (Pavillon Noir Productions), mais refuse catégoriquement de s'entendre avec un distributeur, préférant vendre son compact en concert, sur Internet et chez les disquaires indépendants où les musiciens livrent la marchandise en personne.<p>Initiée en 2004 pour la parution du deuxième compact d'Akuma, Subversion, la stratégie terrorock, bien que louable, en surprit plus d'un. Plusieurs (moi le premier) la qualifièrent même de suicidaire, mais trois ans plus tard, les résultats incitent la troupe à poursuivre dans sa démarche. "Ce n'est pas parce qu'Akuma est incapable de se trouver un distributeur, explique Safwan. C'est que pour nous, l'industrie du disque compte deux maillons essentiels: les musiciens et le public. Les intermédiaires qui se sont immiscés entre les deux n'ont rien d'indispensable. En vendant nous-mêmes notre album, nous contrôlons son prix de vente (12 $ via le Web) et nous conservons un contact direct avec nos fans."<p>En trois ans, la troupe a écoulé environ 4 000 exemplaires de Subversion, un joli succès qui lui a permis de réinvestir dans la production de …Des cendres et du désespoir. "En court-circuitant les distributeurs et les disquaires, qui ont souvent rien à foutre d'un groupe punk au succès limité, nous maximisons nos recettes. Lorsque Archambault ou HMV vend un disque 18,99 $, l'artiste reçoit entre 3 et 6 $, dépendant de son degré d'autoproduction. De notre côté, le 12 $ va directement dans nos poches. Faites le calcul: en vendant 4 000 copies, nous recevons plus de sous que si nos albums étaient en magasin. Le punk est de toute façon une musique moins accessible. Grâce à la force d'Internet et des médias, les gens qui veulent se procurer notre disque savent comment faire. Mais au-delà de la question monétaire, notre démarche est une question de respect. Respect de notre intégrité, et respect de nos fans qui n'auront jamais à payer 20 $ pour un cd d'Akuma."<p>Plus récemment, l'auteur-compositeur-interprète Adam Chaki, anciennement chez Audiogram, faisait de même en lançant l'album Snowcité, disponible sur le Web (<a href="http://www.adamchaki.com" target="_blank">www.adamchaki.com</a>). Adam a toutefois consenti à vendre ses albums aux magasins Archambault du centre-ville. Une nouvelle tendance?<p>Akuma sera en concert le 24 février au Métropolis avec Vulgaires Machins et Subb.<p>*Disponible au <a href="http://www.akuma.ca" target="_blank">www.akuma.ca</a>, …Des cendres et du désespoir est également en vente chez X20, Soundcentral et Subalterne.<p>ooo<p><b>Concert-bénéfice pour la SOPREF/LOCAL</b><p>Si certains artistes préfèrent éviter les distributeurs, plusieurs groupes indés profitent largement de Local Distribution qui leur permet de vendre leurs autoproductions à travers les disquaires de la province. Dans une situation financière précaire, l'organisme devait d'ailleurs recevoir une réponse cette semaine de la ministre de la Culture et des Communications Line Beauchamp à propos d'une subvention qui assurerait sa survie. SOPREF/LOCAL organise un concert-bénéfice le vendredi 23 février au Club Soda. Les Chiens, Harvee, Carl-Éric Hudon et Les Frères Goyette seront de la soirée.<p>ooo<p><b>MUSIQUE GRATIS</b><p>Les Ékorchés (<a href="http://www.myspace.com/lesekorches" target="_blank">www.myspace.com/lesekorches</a>) <p>Formés du "screamer" Mark Vaillankourt (B.A.R.F.), du batteur Michel "Away" Langevin (Voivod), du guitariste Pat Gordon (Ghoulunatics) et du violoncelliste Philippe Mius d'Entremont (Maruka), Les Ékorchés comptent quatre piliers de la scène hardcore montréalaise. Le résultat décape et peut être entendu sur le premier disque éponyme du groupe lancé par Indica le 27 février.<p>ooo<p><b>CONSEILS CONCERTS</b><p>-Ève Cournoyer, Peppertree, Smir et Travelling Head Case se produiront le 22 février au Main Hall.<p>-Linso Gabbo, le gars d'Omnikrom qui veut être riche (pléonasme?), animera la troisième soirée Sharp à l'os le 23 février au Zoobizarre. Il accueillera Numéro # et les DJs Figure8 et L'Étiquette. Il fait aussi dire que les filles seront admises gratuitement jusqu'à 23h.<p>-Les groupes intéressés à jouer au Off Festival de Jazz ont jusqu'au 1er mars pour envoyer leur proposition musicale (<a href="http://www.lofffestivaldejazz.com" target="_blank">www.lofffestivaldejazz.com</a>). Parlant jazz, Alex Bellegarde, Antoine Berthiaume, Rémi Leclerc, Gabi Macaluso, Maryse Poulin, Andrée Préfontaine, Benjamin Proulx Mathers et Rachel Therrien participeront à la soirée Jazzamérique le 25 au Divan Orange.<p>ooo<p><b>DISQUE LOCAL</b><p>Maxime Robin<br />Maxime Robin Is a Town Tempo Kind of Guy<br />(Indépendant/Local)<p><img src="http://media.voir.ca/_images/montreal/2108/texte/mu_loc_maximerobin_2108.jpg" align="left" alt="" />Maxime Robin a fait le tour des Colisées du Livre pour y dénicher des vinyles à 1 $ d'où il a extrait les échantillons entendus sur son disque confectionné devant son ordinateur à Trois-Rivières. Parfois trip hop, tantôt hip-hop instrumental, le résultat dépayse avec ses sons de cuivres, de xylophones et d'instruments à cordes témoins de diverses époques et de styles. Un joli travail groovy, accessible et ambiant. L'album comprend également le vidéoclip d'animation art déco réalisé par Maxime (aussi cinéaste) et Pascal Blanchet pour la pièce Carlos (my name is not). En concert le 1er mars au Zoobizarre avec Ghislain Poirier lors de la soirée Relaxe le gros v. 2. 4/5<p>
Un ramassis de musiciens qui évoluaient avec des groupes qui n’ont pas pogné, voilà comment je percois le groupe Ekorchés. Y a-t-il encore un public pour de la musique comme ca? Je ne connais pas encore beaucoup myspace mais j’en entends parler. C’est vraiment bénéfique pour les groupes qui veulent partir et se faire entendre.
La philosophie de mise en marché du groupe punk Akuma, que je ne connais absolument pas, par ailleurs, me fait beaucoup penser aux façons de faire de deux dépanneurs situés à quelques pas de chez moi. Le plus gros est généralement bondé et les produits y sont souvent vendus au même prix que chez Métro ou IGA, et parfois moins. Le plus petit est beaucoup moins achalandé, offre un choix beaucoup plus restreint de produits, et tout coûte de 30% à 40% plus cher.
Il va sans dire que le plus petit dépanneur écoule beaucoup moins de marchandise que l’autre. Et c’est probablement ce qui se produit avec Akuma. Pour chaque disque vendu, il leur revient davantage dans leurs poches – mais ils en vendent possiblement dix fois moins. Bien sûr, à la différence de mon petit dépanneur, Akuma accorde un meilleur prix aux fans mais il est à noter que des fans, en raison de ce mode primitif et limité de distribution, il s’en trouve vraisemblablement beaucoup moins que si une bonne mise en marché était en place.
Dans son article ci-haut, Olivier Robillard Laveaux me fait bien rire quand il écrit: « En trois ans, la troupe a écoulé 4000 exemplaires de Subversion, un joli succès qui lui a permis de réinvestir (…) ». Il n’y a pas à dire, c’est vraiment impressionnant! Qu’est-ce qu’on a dû lancer avec insouciance l’argent par les fenêtres avec une telle fortune! Mais, trève de rigolade, il me semble que la formation aurait sérieusement intérêt à revoir son mode de distribution. Quitte à ce que les (plus nombreux) fans paient quelques dollars de plus pour leurs CD. À moins, bien sûr, qu’on ne préfère l’invisibilité et l’inaccessibilité.
Sans obligations à rencontrer, les musiciens peuvent maintenant se débrouiller par eux-mêmes, en produisant et en mettant en marché leurs oeuvres. Finis les contrats et la publicité, ceux qui les aiment les suivront. Quand on pense que Normand L’Amour a produits une soixantaine d’albums en cinq ans, on peut croire que le comble n’est pas atteint.
Il y aussi le web, qui permet de rejoindre les mélomanes aisément et de vendre ses réalisations directement. Puisque tout pousse maintenant comme de la mauvaise herbe, on peut s’atendre à une modification du monde de la production et de la mise en marché. Déjà, on crie dans les brancards au piratage et cherche à reprendre le contrôle sur les ventes en baisse.
Et sur la scène locale, il y aura Police à Montréal cet été. Un de mes amis a déjà acheté ses billets à 100$ chacun. Et semble-t-il, il y en a jusqu’à 200$. Déjà vu au Stade olympique, il y a longtemps, j’en garde un bon souvenir.
Je ne suis pas un amateur de musique punk, mais je ne crois pas que ce soient seulement les groupes et interprètes de ce style musical qui vendent leurs disques eux-mêmes. Cela m’amène à poser certaines questions. Parmi les artistes musicaux qui commencent leur carrière, très rares sont ceux qui ont de très gros moyens financiers. Des groupes comme Akuma ont-ils les moyens de se promener dans toute la province afin de distribuer leurs CD chez tous les disquaires indépendants du Québec? Désolé, mais j’en doute. Comment puis-je faire pour savoir si j’aimerais le groupe Akuma si je n’entends aucune de leurs chansons? Est-ce à dire que seuls les montréalais ont le droit de connaître Akuma, en supposant qu’il soit un groupe Montréalais?
On chiale que les distributeurs se remplissent les poches, mais il ne faudrait pas oublier que plusieurs personnes travaillent dans les magasins et ont droit d’avoir un salaire décent. Je ne crois pas qu’ils soient nombreux à gagner un salaire élevé. De plus, ils font rarement carrière dans la vente de disques, surtout si ce n’est qu’un emploi à temps partiel. Je suis un peu rabat-joie, mais il y a aussi d’autres frais à rencontrer: électricité, téléphone, TPS, TVQ, taxes foncières et sûrement d’autres que j’oublie.
La première fois que j’ai entendu la musique du groupe jazz Ovo, c’est en allant magasiner dans un de ces méchants grands magasins. Je ne dis pas qu’il faut se tourner nécessairement vers les gros distributeurs qui font peut-être trop de profits par CD, mais j’ai l’impression qu’un distributeur comme Local semble être plus équitable. À moins qu’on me prouve le contraire.
Je ne connaissais pas le groupe Les Ékorchés mais disons que ces membres sont assez connus sur la scène de la musique au Québec. Je pense qu’ils seront populaires, je suis allé consulter leur page MySpace et les chansons sont bonnes. Je ne pensais pas que c’était francophone en plus ! Une bonne nouvelle pour ce nouveau groupe est la signature d’un contrat de disques avec Indica Records qui sont très réputé. Ce groupe a récemment signé la formation australienne The Cat Empire pour assurer la distribution de leurs albums au Canada, ils avaient aussi découvert Prietess avant que ceux-ci signent avec RCA Records. Ils ont aussi dans leurs rangs, Les Trois Accords, Dobacaracol et Psychotic 4. L’avenir est donc prometteur pour Les Ékorchés !